Équitation et écologie : comment devenir un cavalier minimaliste et respectueux de l'environnement.

Depuis que je suis enfant, j'entends parler du réchauffement climatique au journal télé. Un truc qui ressemble au Grand Méchant Loup : tout le monde en parle, mais peu le prennent au sérieux, ça ressemble à une histoire inventée simplement pour nous faire peur et nous encourager à mieux nous comporter. Mais c'est fini, on y est. L'urgence climatique est une réalité : hausse des températures, disparition d'espèces animales et végétales, catastrophes naturelles, incendies... Nous n'avons plus le choix que d'agir, et vite, pour ralentir notre folle consommation et pollution qui détruit la planète. Et nous pouvons le faire à tous les niveaux, même (et surtout !) en équitation, ce sport par essence proche de la nature ! La pollution vient majoritairement de la production, moins de la consommation, mais nous pouvons entamer un cercler vertueux :  consommer moins, consommer mieux, réutiliser plus et ainsi produire moins.




Réduire ses déchets équestres


La première étape en matière d'écologie, c'est de consommer moins afin de réduire ses déchets et moins exploiter les ressources de la Terre. Puis, tenter de consommer mieux en achetant des produits réparables/réutilisables et/ou recyclables afin d'entrer dans un schéma de consommation circulaire plutôt que linéaire, qui permet de diminuer nos besoins en production et de rendre à la Terre ce que nous lui avons pris.


Zéro Déchet et équitation.

Développement durable et équitation.
Crédit : zerowastefrance.org 


Pourquoi c'est important ? Car en réalité, une minorité seulement de nos déchets est recyclable (le verre, le carton, le papier) du fait de l'omniprésence du plastique qui, lui, ne l'est pas : malgré ce que l'on raconte, il peut seulement être réutiliser quelques fois sous une autre forme avant de se dégrader et finir en déchet polluant ! De plus, de nos jours, nous consommons en l'espace de 7 mois seulement autant de ressources naturelles que la Terre peut renouveler dans la même année (cela s'appelle le jour de dépassement, qui était le 29 juillet en 2019). Cela veut dire qu'il nous faudrait 1,75 planète Terre pour assouvir notre consommation actuelle !

Je ne vais pas aller plus loin dans les explications théoriques, mais je pense qu'il est important de savoir tout cela car nous sommes davantage prêts à l'action quand nous comprenons pourquoi nous devons agir et que nous sommes convaincus de l'utilité de notre action. Passons maintenant à ce que nous pouvons, chacun, entreprendre de manière concrète à notre niveau :

  • Avoir une sellerie minimaliste : sérieusement, quand on a un seul cheval, voire deux, a-t-on réellement besoin de 15 tapis de toutes les couleurs ? De 5 licols avec ou sans moumoute ? D'un pantalon d'équitation assorti à chaque ensemble de son cheval ? Oui, on peut se faire plaisir, je suis la première à le faire, mais dans la limite du raisonnable ! Quand je vois les vidéos "sellerie tour" sur Youtube où les nanas présentent leurs 15 mille paires de cloches et tapis dans toutes les nuances de l'arc-en-ciel, qu'elles avouent ne même pas utiliser la moitié, j'ai mal... Le minimalisme, c'est se demander avant d'acheter si on a besoin de l'article, s'il est réellement utile et ne pas s'encombrer du superflu. 
  • Acheter en seconde main et revendre ce qu'on utilise plus : si vraiment vous avez la fièvre acheteuse, pensez à acheter en seconde main ! Une bonne façon de se faire plaisir tout en faisant fonctionner l'économie circulaire ! Ainsi vous ne produisez pas de nouveaux déchets et n'encouragez pas la production de nouveaux produits. À l'inverse, si vous êtes addict aux produits neufs, faites un deal avec vous-même : pour chaque nouvel article acheté, vendez-en un pour lui donner une seconde vie et faire un heureux. Mieux, pensez à donner aux associations qui sont toujours en manque de matériel.
  • Privilégier des vêtements utilisables pour plusieurs sports : la bombe, les bottes et le pantalon d'équitation sont des produits incontournables pour la pratique de notre sport. Mais pour ce qui est des hauts (t-shirts, pulls, manteaux), nous n'avons pas besoin de vêtements estampillés "pour la pratique de l'équitation". Nous ne faisons pas de grands mouvements comme une gymnaste ou ne transpirons pas comme un coureur : on peut donc facilement ré-utiliser les vêtements que nous ne portons pas à la ville ou acheter des pièces conçues pour un autre sport, qui nous servirons alors doublement ! Personnellement, je me fournis dans les rayons randonnée et course à pied, qui sont d'ailleurs souvent moins coûteux.
  • Privilégier les matières naturelles pour l'équipement : coton bio, lin, chanvre, cuir végétal, lyocell ou encore laine non traitée, soie, cachemire (matières bonnes pour la planète, un peu moins pour l'exploitation animale) pour les textiles, bois et métal (attention à l'extraction qui est polluante) pour les accessoires. Ces matières sont biodégradables et recyclables, non dangereuses pour la santé et l'environnement, parfois moins coûteuses en énergie lors de la production, plus respirantes et thermorégulatrices que le synthétique : elles sont donc à privilégier ! À l'opposé, on évite le polyester, le polyamide (nylon), la viscose (rayonne), l'acrylique, l'acetate et l'elasthane, toutes ces fibres synthétiques qui rejettent à chaque lavage des microparticules de plastique dans l'environnement. Celles-ci sont trop fines pour être filtrées par les centrales d'épuration et sont donc évacuées dans les cours d'eau. Résultat : chaque année, 500 000 tonnes de micro-plastiques finissent leur course dans les océans, soit l'équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique !
  • Passer aux friandises naturelles : les carottes ou pommes coupées en quartier font de très bonnes friandises à distribuer aux chevaux, faciles à transporter dans une poche et bonnes pour la santé. Arrêtons avec les friandises industrielles bourrées de sucre et autre cochonneries, vendues en seaux ou sachets en plastique, qui sont pour nos chevaux comme des sucreries pour les enfants. Si vous aimez les friandises un peu appétentes, il existe une multitude de recettes sur le net pour régaler votre monture.
  • Gérer son cheval au naturel : sans fers, sans couverture, nourri quasi exclusivement à l'herbe ou au foin, soigné en premier lieu avec des produits naturels (thym pour la toux, miel pour les plaies, argile verte pour les gonflements, vinaigre de cidre pour l'arthrose, aloe vera pour les ulcères...) : le cheval géré de la façon la plus simple et naturelle possible aide à réduire notre consommation et notre pollution ! À adapter bien évidemment à chaque équidé.
  • Recycler la ficelle à ballots : la majorité des cavaliers le savent, mais il est bon de le rappeler : la ficelle à ballots est extrêmement résistante et peut être utilisée pour tout et n'importe quoi ! Personnellement, elle m'a servie pour suspendre de la lavande à faire sécher ou pour ficeler des objets encombrants que je transportais dans ma voiture, coffre ouvert. 
  • Se servir du fumier comme engrais : le fumier de cheval est prisé par les jardiniers et se vend assez cher dans le commerce. Les écuries peuvent donc l'utiliser pour entretenir leurs propres espaces vert de manière écolo, le vendre ou le laisser à qui veut se servir pour son propre jardin. Certains ont même poussé plus loin, comme les organisateurs d'un CSI à Helsinki qui ont généré toute l'électricité du concours grâce au fumier de cheval !
  • Trier ses déchets à l'écurie : la plupart des écuries mettent à disposition des poubelles normales et des poubelles à crottins. Il est important de respecter la fonction de chacune : le crottin va être transformer en fumier qui ne doit pas être pollué par d'autres déchets ! On peut également inciter le gérant à se lancer dans le tri sélectif en installant les poubelles adéquates ou prendre soi-même la responsabilité de ramener ses déchets chez soi pour les trier à la maison (perso, je ramène tout ce qui est en verre pour les jeter dans la benne prévue à cet effet !).
  • Influenceurs équestres, cessez d'inciter à la consommation ! Difficile de résister à la tentation quand les réseaux sociaux sont pleins de jeux concours, codes promos et publicités à gogo relayés par les influenceurs ! L’appât du gain fait que certains se vendent au plus offrant, sans réfléchir aux conséquences. S'il vous plait, utilisez votre image pour diffuser des messages intelligents et utiles, arrêtez de faire croire que le Likit est LE complément à avoir pour faire plaisir à son cheval et que si, acheter une énième paire de guêtres, est primordial !

Cheval au pré.
Avoir son cheval dans un pré verdoyant : un futur utopisme si nous ne
ralentissons pas le changement climatique !



Protéger l'environnement de nos chevaux


En plus de consommer moins et mieux afin d'épargner notre environnement, nous pouvons également le protéger en changeant certaines de nos habitudes qui le polluent ou le dégradent.

  • Co-voiturer pour aller à l'écurie : je l'ai fait pendant quelques années durant mon adolescence. Nous nous étions aperçues avec une fille de mon cours que nous habitions à 10 min l'une de l'autre. Comme nous nous entendions bien, les parents de l'une nous emmenaient à l'écurie, les parents de l'autre venaient nous chercher ! Moins de voitures en circulation, économies d'essence et plus de temps libres pour les chauffeurs : nos parents étaient ravis ! Cela peut aussi être fait pour des événements particuliers : un concours ? Plutôt que chacun prenne sa voiture, fixez-vous un point de rendez-vous et allez-y tous ensemble ! Plus convivial, plus économique, plus écologique !
  • Co-voiturer en van : eh oui, c'est possible aussi ! Louer un van à plusieurs, se renseigner dans les écuries alentours si d'autres personnes se déplacent sur l'évènement où vous allez, proposer lors de longs trajets de récupérer d'autres chevaux au passage...
  • Gérer ses terrains de manière raisonnée : pour des prés en bonne santé sans utiliser d'engrais chimiques, il faut bannir le surpaturage et faire tourner les parcelles ! Ça demande un peu d'organisation en amont pour déterminer quand et combien de chevaux vont aller dans quel paddock, mais ça évite d'appauvrir les sols et de se retrouver sur de la moquette ! Les sols ont une portance maximale et la végétation (broutée ou piétinée) a besoin d'un certains temps de repos pour se renouveler après le passage des chevaux.
  • Préférer l'huile de coude aux désherbants : arracher les plantes toxiques ou les mauvaises herbes, c'est long et fatiguant, mais c'est souvent la méthode la plus efficace sur le long terme (testé et approuvé sur un début d'invasion de sénéçon : des brouettes entières arrachées mais plus rien l'année suivante !), la moins couteuse et la plus saine pour la faune et la flore... dont votre cheval fait partie ! Tout ce qui est injecté dans le sol passe dans les plantes et sera donc consommé par votre équidé : prudence sur les produits utilisés !
  • Faire des coproscopies avant de vermifuger : on le dit et on le repète : il faut arrêter de vermifuger à l'aveugle ! On vermifuge trop, mal, les vers deviennent résistants aux molécules et surtout ce produit capable de tuer des parasites peut aussi détruire la flore intestinale des chevaux et contaminer l'environnement dans lequel il est rejeté au travers des crottins ! Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire mon article sur les vermifuges en cliquant ici.
  • Ne pas marcher hors des sentiers de forêt ou de champs : si on vous demande de rester dans les allées, ce n'est pas pour rien. En sortant des chemins, vous risquez de déranger la faune sauvage, d'accélérer l'érosion des terrains fragiles ou d'abimer la végétation et les jeunes pousses ! Sans compter que, hors des sentiers, on ne voit pas toujours bien où on met les pieds, ce qui peut être dangereux pour nos chevaux.



Le dernier mot Jean-Pierre


L'idée de cet article n'est pas d'être alarmiste, moralisateur ou de mettre une pression pour devenir parfait. Moi-même je n'applique pas toutes les solutions listées dans cet article. Mais il y a une vraie urgence à prendre conscience des enjeux climatiques et à faire de notre mieux, en changeant progressivement quelques habitudes. L'IFCE et la FFE sont toutes deux engagées dans cette démarche et un label a été créé pour distinguer les écuries impliquées dans le respect de l'environnement et du bien-être du cheval : le label EquuRES. Le développement durable devient l'affaire de tous !

À nous, cavaliers, de jouer désormais ! Donnons l'exemple des pratiques que nous voulons voir adoptées par tous, impulsons le changement qui contraindra les entreprises à nous suivre, devenons des consomm-acteurs plutôt que des cons-sommateurs ! C'est pour ces raisons que j'ai souhaité lister des idées d'améliorations que chacun peut s'approprier. Avec celles-ci, il faut bien évidemment appliquer les éco-gestes du quotidien : éteindre les lumières quand on quitte un endroit (même 5 min), bien fermer les portes et volets (dont ceux des box) pour conserver la chaleur en hiver, ne pas doucher les chevaux trop longtemps pour économiser l'eau (utilisez un seau dans lequel mouiller une éponge), prendre soin de son équipement pour le faire durer, préférer les circuits courts pour ses achats afin d'éviter la pollution des transports et faire fonctionner l'économie de proximité, faire appel à des artisans pour des produits de qualité, dans des matières nobles, qui durent dans le temps (et les artisans-selliers français ne manquent pas !)...

Pour vous aider dans vos nouvelles pratiques, vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustives de liens utiles. N'hésitez pas à partager vos conseils et vos marques françaises ou ethiques favorites en commentaires !













Marques Made In France et/ou écolo

Forestier (sellier français qui contribue à l'objectif d'un milliard d'arbres plantés de Planète Urgence)
Aulion Sellier (selles de dressage sur mesure réalisées en France à partir de matières premières françaises)
Devoucoux (sellier français engagé dans le développement durable : tannage végétal, selle en liège, emballages optimisés...)
CWD (sellier engagé dans le développement durable : tannage végétal, pochons fabriqués à partir de baches publicitaires, emballages en carton...)
Tacante (marque d'équipement française & écolo)
Azhary (marque d'équipement française)
Horse and Ropes (marque d'équipement éthologique française & propose un licol zéro déchet)
Autour du cheval (marque d'équipement éthologique et bijoux française)
Optitro (marque de vêtements française en coton bio)
Horses & Leaves (marque de vêtements belge mais écolo)
Racer (marque de gants française)
Distri'Horse33 (marque de produits de soins française)
Equibao (marque de produits de soins française)

Vendre/acheter en seconde main

Preppy Sport, vide sellerie
Equi Vintage, vide sellerie
Triple Galop, vide sellerie
Catégorie vide sellerie d'Equirodi
Catégorie équipement d'Equitroc
Catégorie selle ou matériel équestre sur Cheval Annonce
Penser aux trocs à Padd et Decathlon !

Liens utiles

Horsicar (location de vans et camions)
QuelCosmétic (application mobile pour vérifier la compo des produits de soin)
Yuka (application mobile pour vérifier la compo des aliments)

Pour aller plus loin


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2 Cavaliers ont dit

  1. Wahou merci pour cet article, c'est un sujet dont j'entends très peu parler dans la sphère équestre et je trouve que c'est extrêmement dommage !
    Je ne connaissais aucune des marques que tu cites en plus, donc merci pour toutes ces chouettes recommandations :)

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    1. Avec plaisir, je suis contente que ça ait pû t'être utile ! J'ai moi-même découvert la majorité de ces marques en rédigeant cet article ahah.

      Je pense qu'assez largement dans le milieu du sport, on ne parle pas du e l'écologie. Et pourtant, c'est un sujet qui (selon moi) doit dépasser la simple sphère privée (les questions de comment faire ses courses ect). Mais les choses vont bouger, j'ai bon espoir !

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