Easy Story : Octobre 2017 - Novembre 2017

Comme proposé sur Facebook, je me lance enfin dans la publication d'articles qui suivront dans les grandes lignes mon évolution avec Easy. Bien évidemment, ces articles n'auront vocation qu'à partager mon expérience, mes essais, erreurs et progrès. En aucun cas ils ne doivent être interprétés comme étant LA marche à suivre avec un jeune ou un trotteur. Je ne suis pas une professionnelle et c'est là le récit de mes aventures avec mon premier cheval, premier jeune, et premier réformé (!) alors bien évidemment, la tâtonnement est de mise...



Le début d'une nouvelle vie


Comme vous le savez (puisque bien évidemment, vous avez suivi toute mon histoire jusque-là, hein), Easy est arrivé à mes côtés le 19 octobre 2017. L'excitation était à son comble, j'avais tellement attendu mon cheval que j'avais envie de tout faire avec lui pour le découvrir et enfin profiter à fond : du plat, de la balade, de l'obstacle, du travail à pied, de la longe, de la liberté, des tours de cirque...! J'étais carrément fébrile et en même temps je n'osais rien faire car je me disais toujours qu'il faudrait d'abord que je vois avec Coach ou qu'elle me donne l'autorisation : j'ai eu du mal à surmonter mon manque de confiance en moi et à intégrer que ce cheval était bien le mien et que c'était à moi maintenant de prendre les décisions, sans avoir besoin d'attendre une validation extérieure.

Bref, revenons à la première semaine où ma préoccupation a été de bien installer mon cheval dans sa nouvelle maison son nouveau pré. Il est toujours conseillé de faire une mise à l'herbe en douceur pour éviter tout risque de colique ou de fourbure. Easy vivant jusqu'alors en box, je l'ai sortit au pré 1h le premier jour, 2h les deux jours suivants, la demi-journée les 5 jours d'après dans un paddock attenant à celui de ses futurs colocs (pour qu'ils puissent déjà s'habituer à la proximité les uns des autres) puis enfin, il les a rejoint pour passer la journée dehors et nuit en box. Et tout a été comme sur des roulettes !







Premiers pas montés


Une fois Easy installé, je suis remontée dessus, impatiente de juger ses réactions dans son nouvel environnement. Pas de mauvaise surprise, il s'est comporté exactement comme à l'essai : gigote sans cesse au montoir (même avec une personne qui le tient), ne tient pas à l'arrêt, bouche très dure, manque de direction, trotte vite et galope ventre à terre sans aucun équilibre, se déplace constamment tête à l'extérieur avec le poids sur l'épaule intérieur. Bref, il y a beaucoup de boulot, mais au moins il est toujours aussi gentil !

Mon premier vrai travail avec Easy a donc été le montoir. Comme je voulais continuer à le monter, il fallait régler ce problème rapidement sans passer par de longues séances à pied pour refaire les bases de l'éducation. J'ai choisi une méthode qui avait déjà fait ses preuves : le faire tourner sur lui-même rapidement chaque fois qu'il bouge pour créer un inconfort et que le confort devienne l'immobilité pendant que je monte. J'aime assez cette méthode car elle est sans violence ou énervement et fait appel à la compréhension du cheval : il est vite ennuyé de faire des petits cercles et comprend rapidement que c'est bien plus simple d'attendre ! J'ai commencé juste en me tenant auprès d'Easy et en rassemblant les rênes. Par anticipation, il commençait déjà à avancer. Cercle, on recommence. Une fois l'immobilité acquise, on passe à l'étape suivante : rassembler les rênes et lever la jambe. Puis mettre le pied à l'étrier. Puis se hisser en sac à patate. Et enfin se mettre en selle normalement. En une seule séance, j'ai pu me mettre en selle sans qu'il bouge. Une deuxième petite pour confirmer, et le montoir depuis le sol était réglé.

Suite à ça, j'ai commencé à le monter 2 fois par semaine pendant 10 à 20 min. Mes premières séances n'ont été que marcher et s'arrêter dans le but d'obtenir un pas plus calme et des arrêts sans lui arracher trois dents : j'ai dû me concentrer pour bien les demander en décomposant "je m'alourdie dans ma selle - je redresse mon dos - je le raidis - je monte les mains - je résiste avec les doigts - j'effectue une pression - je tire franchement" afin qu'il comprenne l'échelle de progression et finisse par réagir avant la dernière étape désagréable (et malheureusement obligatoire au début, car il ne comprenait pas).

Quand son pas est devenu détendu et les arrêts pas trop mal, on est passé à l'incurvation : ça a été dur ! On lui demandait de faire tout le contraire de ce dont il avait l'habitude et ses épaules étaient un vrai bloc de pierre impossible à bouger ! Pas de mystère : j'ai mis en place mes aides et j'ai attendu, résisté pour que les épaules ne s'échappent pas, pour que la tête reste tournée dans la bonne direction... en luttant contre moi même pour ne pas m'agacer et ne pas faire de faute comme passer les mains du même côté. La moindre cession, le moindre pas dans la bonne direction était chaudement récompensé à la voix, par des caresses et une pause. À force de faire des cercles encore et encore, le principe de l'incurvation a finalement été acquis et la lutte pour tourner a cessé !

Enfin, vers la fin du mois, j'ai commencé à le monter au pas en carrière et/ou avec d'autres chevaux pour l'habituer à travailler malgré les distractions autour. J'ai commencé également le travail du trot pour qu'il cesse littéralement de courir. Pour ça : des transitions pas-trot-pas encore et encore et parfois des cercles pour l'obliger (ou du moins essayer) à se tenir. Le mois s'est fini avec quelques longueurs au petit trot réussites ! Mais la partie est encore loin d'être gagnée pour maîtriser cette allure.







Cavalière mais piétonne avant tout


Durant ce premier mois ensemble, c'est le travail monté qui a le plus été à l'honneur et où Easy a fait les progrès les plus fulgurants. Mais pour autant, avec deux séances de 20 min, c'est bien au sol que j'ai passé le plus de temps. En parfait petit poulain qu'il est, Easy tenait déjà très bien à l'attache (bien que toujours entrain de farfouiller à droite à gauche), marchait parfaitement en main et se laissait manipuler des pieds aux oreilles. J'ai donc commencé tout de suite avec le travail des cessions aux pressions : tenir la longe sous son menton et tirer vers le bas, relâcher dès qu'il baisse la tête et féliciter. Se placer à ses hanches, faire des mouvements pour le chasser avec les bras jusqu'à venir au contact s'il ne bouge pas, féliciter quand il décale les postérieurs. Bref, vous connaissez le principe. Il a fallut que je tâtonne un peu pour trouver le bon dosage de pression et la bonne position pour qu'il donne la bonne réponse. Ses épaules, la partie la plus verrouillée de son corps m'ont donné le plus de fil à retordre : il a fallut que je vienne le pousser franchement plusieurs fois pour qu'il accepte de les bouger et ce, sans d'échapper vers l'avant ou l'arrière. Je pense que regagner en mobilité et légèreté de l'avant main au sol m'a aidé dans l'acquisition de l'incurvation et du report de poids vers l'extérieur.

J'ai commencé également la longe en licol, 2 ou 3 séances, avec la bonne surprise qu'il comprenne très vite les ordres vocaux ! Par contre son caractère pot de colle fait qu'il peine à rester sur son cercle et profite de la moindre opportunité pour venir se rapprocher de moi. Dans un premier temps, j'ai choisi de laisser ça de côté pour me concentrer sur la réponse aux changements d'allure, la taille et la forme du cercle viendront plus tard. La longe a aussi été l'occasion de coder le galop (eh oui, faut pas oublier que j'ai affaire à un trotteur !).

Enfin, je me suis beaucoup baladée en main avec Easy. D'abord dans l'écurie pour lui montrer tous les airs de travail, les autres chevaux, les chiens, les objets, l'habituer au passage, au bruits, aux mouvements. Puis ensuite en extérieur, pour changer d'air et commencer à affronter le monde, le vrai ! C'est vraiment là que son statut de gentil cheval s'est confirmé : il peut-être regardant dehors (bonjour les bug de 5 min pour contempler un fantôme au loin), même si je préfère le terme de réfléchi, mais il saute très rarement en l'air (il faut vraiment le surprendre), il est très serein et très respectueux ! Bon, c'est aussi un petit malin car les premières fois qu'il s'est arrêté pour observer les environs, je l'ai ensuite laissé brouter pour qu'il imprime que tout va bien. Monsieur a vite compris que "je m'arrête = je peux brouter" et a commencé à en abuser. J'ai vite rectifié le tir : une caresse plutôt que de l'herbe et le cinéma a été terminé ! C'est bien là que je me suis souvenue que les jeunes sont de vraies éponges qui enregistrent TOUT.







Le dernier mot Jean-Pierre...


L'article est déjà bien long et pourtant ce n'est qu'un résumé de ce premier mois qui a été extrêmement rempli. Peut-être trop ? Il a fait ma fierté par sa vitesse d'apprentissage mais l'excitation retombant, j'ai commencé à me dire qu'après un si beau démarrage il méritait bien des vacances. Car après tout, il n'a que 3 ans et demi et sa carrière a commencé bien tôt à cause des courses. Quand a-t-il eu le temps de profiter de sa vie de jeune cheval ? Est-il pas trop jeune pour commencer pour de bon son apprentissage ? Et si c'était risquer de l'éprouver trop physiquement ? Sait-on jamais, s'il avait quelques faiblesses laissées par l'entrainement des courses ? 

Il est tellement génial ce cheval que je ne veux pas prendre le risque de casser sa bonne volonté. Décision prise, il aura un mois total de vacances qui me permettra également de réfléchir à la suite du programme sans plus m'emballer comme je l'ai fait. Car j'ai remarqué certaines choses - comme son incapacité à tenir arrêté en selle, le fait que je ne puisse pas manipuler les étriers ou ressangler sans l’inquiéter - qui me font dire que quelques étapes ont peut-être été sautées lors de son débourrage. Notre dernière séance montée aura été la première mauvaise avec un Easy qui refuse de s'incurver, de répondre aux jambes, lève un petit postérieur (notez la violence de poulain ahah) et ne pense qu'à trotter : j'y vois là le signe que la pause arrive à point nommé et qu'il faut revoir mon planning. Il a de l'énergie à revendre et à force de ne pas vouloir le brusquer, peut-être s'ennuie-t-il...? Réponse prochainement à tête reposée !







Share:

0 Cavaliers ont dit