La Crinière Blonde, blog de réflexions équestres.
©La Crinière Blonde. Fourni par Blogger.
  • Articles
  • Dossiers
  • Qui suis-je
  • Publications
Oui, je sais. Je suis très en retard sur les Easy Stories mais je suis justement entrain de préparer les articles pour nous ramener à l'époque présente (car on s'était quittés en mars 2018, ahem). En attendant, j'avais très envie de vous parler d'un évènement précis dans notre parcours : le recours au nose band. Car c'est un outil qui fait polémique, car je l'ai beaucoup décrié aussi, car ça peut sembler contraire à ma recherche de respect, de douceur et de communication dans mon équitation et que pour toutes ces raisons, il me semble d'autant plus intéressant de partager mon expérience. Encore plus dans ce contexte de montée en puissance du bien-être équin (#jaimetendrelebatonpourmefairebattre).



Un rapport au mors très difficile


Pour replanter le décor, je rappelle qu'Easy est un trotteur français réformé des courses qui non seulement a fait l'entrainement, mais aussi a été utilisé à l'AFASEC (l'école de formation des jockeys) pour apprendre aux apprentis à monter. Donc dès 3 ans, à peine débourré, il était monté par de jeunes jockeys avec une main qu'on peut imaginer pas toujours juste ni stable. Cela couplé à l'utilisation des mors de course qui peuvent être assez durs et au fait qu'on laisse les chevaux s'appuyer sur la main pour trouver leur équilibre à grande vitesse : on partait avec un début de relation au mors et à la main pas très reluisant !

Tout de suite après l'achat d'Easy en octobre 2017, j'ai programmé un rendez-vous avec le dentiste pour faire un check up et car j'avais déjà remarqué lors de son essai et de mes premières montes à la maison qu'il était très lourd sur la main et avait une bouche à la fois dure et sensible. Bonne surprise : sa bouche est saine. Mauvaise surprise : le dentiste trouve une petite dent de loup mais n'est pas sûre qu'elle gênera et comme je prévois de passer mes premiers mois à pied, on décide de ne pas y toucher pour le moment.

Après une période de repos, je décide de faire un re-débourrage qui me donne l'occasion de vérifier que filet (avec muserolle française) comme mors (double brisure à gros canons tout simple, sélectionné après plusieurs essais de mors) sont bien acceptés. Easy ne semble pas gêné, il prend son mors facilement et je fais en sorte de l'associer à des choses positives : mettre le mors pour aller en balade à pied, mettre le mors pour aller brouter, mettre le mors et avoir un bonbon... Tout semble aller comme sur des roulettes jusqu'au retour en selle en avril 2018 : je découvre un cheval qui ouvre GRAND la bouche, même sans contact sur les rênes, pour échapper à toute communication. Il secoue la tête à la moindre action de main, se montre extrêmement sensible aux demandes (réactives très vives et disproportionnées) mais en même temps, n'hésites pas à peser sur la main et à tracter. Il est très compliqué évidemment de travailler dans ces conditions (en plus de sa raideur, de sa méconnaissance des aides et de tout le reste !), sa bouche n'est vraiment pas bonne et je ne sais déterminer si c'est la dent de loup ou son passé qui est en cause. On poursuit le travail quelques temps avec une timide amélioration du contact, mais c'est lent, trop lent : je rappelle le dentiste. Au final ce n'est pas une mais deux dents de loup, dont une cassée, qui seront extraites ! Comme quoi, il faut toujours explorer finement la piste "médicale" avant toute chose : le pauvre devait être vraiment gêné... Par sécurité, je laisse donc largement passer la période de cicatrisation recommandée et en profite pour faire venir l'ostéopathe qui ne trouve rien "d'inhabituel pour un cheval de cet âge sorti des courses".

Nous revoilà repartis plus confiants et effectivement, avec la poursuite du travail, je constate de vrais progrès ! On trouve de la stabilité dans le contact au pas mais Easy continue de se braquer facilement bouche ouverte et langue dehors pour échapper à la main aux allures supérieures ou quand un exercice lui semble trop contraignant (sachant que nous ne demandions à cette époque rien de plus que de l'incurvation et des transitions, choses physiquement possibles pour lui). Et moi qui manque déjà de tact et de fixité dans mes mains ; mes défauts sont accentués par ses défenses, ce qui l'amène à tenter de s'échapper encore plus fort, ce qui me déstabilise encore plus et ainsi de suite dans un terrible cercle vicieux... Ajoutons à cela que les défenses d'Easy m'amènent parfois à une perte de contrôle un peu périlleuse quand on travaille le galop, qui est déjà un exercice très compliqué en soi pour mon petit réformé et moi qui ai encore tant à apprendre. Bref, au bout d'1 an de travail monté, il faut se rendre à l'évidence que nous commençons à stagner à cause de cette mauvaise relation au mors et de mes soucis de main. J'ai tenté la carte des soins, du travail et de la patience, mais cela ne semble pas suffisant. La mort dans l'âme, je fini par accepter de tester une solution proposée à plusieurs reprises par Coach : essayer un nose band. 

Cheval qui se défend contre le mors et refuse le contact.
De l'ouverture de la bouche malgré un contact léger à la défense franche car j'ose y toucher...




Comment le nose band a rétabli la communication


On ne va pas se mentir : j'ai vécu le recours au nose band comme un échec. Moi qui voulait prôner la douceur et la communication avec mon cheval, je me retrouvais à utiliser un outil coercitif et cache misère. J'avais l'impression d'avoir échoué dans mon travail, de trahir mes principes et de "forcer la main" à Easy. J'avais honte aussi, car c'est un outil très décrié et j'avais peur de ce qu'on pourrait penser de moi, notamment sur les réseaux sociaux où les jugements sont promptes et où les gens se construisent une image de vous parfois "idéalisée". J'allais retomber bas dans leur estime, comme j'étais retombée dans la mienne. 
Mais j'ai confiance en Coach et, bien que je sois très têtue et que j'ai parfois besoin de réfléchir longtemps aux solutions qu'elle me propose, s'il y a bien quelqu'un à qui je suis prête à laisser le bénéfice du doute en matière d'équitation, c'est elle ! On pourrait également penser que j'aurai pu persévérer plus longtemps en espérant qu'Easy ait un déclic, mais j'estime qu'1 an d'attente est une durée honorable pour tester une méthode et je reconnais sans honte avoir envie de progresser avant les 10 ans de mon cheval.

En avril 2019, me voilà donc pas très à l'aise dans mes baskets en train d'ajouter un nose band à ma muserolle. Ce n'est pas un miracle mais en quelques séances, les premiers résultats sont là : le cercle vicieux est devenu un cercle vertueux ! Easy ne peux plus ouvrir grand la bouche et sortir la langue pour échapper à mes actions de mains, il se défend alors beaucoup moins (même si ça n'empêche pas dans un premier temps qu'il soit toujours tendu des naseaux à la queue, le nose band ne réglant que le problème de surface), ce qui me permet de mieux gérer mes mains et d'avoir plus de stabilité, de précision et de douceur dans mes actions, ce qui l'incite à se poser et à écouter et ainsi de suite, nous apportant au final du confort à tous les deux ! Le nose band lui apprend aussi indirectement qu'il est plus "confortable" de céder aux demandes que d'y résister. Cela l'oblige également à m'écouter et à rétablir la communication, en attendant qu'il ai envie de prendre part à la conversation.

Malgré tout, je ne renonce pas en parallèle à trouver d'autres solutions ! C'est ainsi que je fais venir une bit fitteuse qui, malgré une consultation catastrophique qui devra se faire en 2 fois car Easy ne supporte pas qu'on lui manipule trop longuement la tête, va nous trouver un mors qui nous convient bien mieux (spoiler : le Neue Schule Team Up double brisure, anneaux coulissants et alliage décontractant) ! Je tente aussi à pied de travailler les cessions à la mâchoire/nuque pour être sûre qu'il ai bien compris l'utilisation du mors, comment il est censé y réagir et pas simplement comment le supporter (la nuance est importante !). Enfin, je fais un véritable retour en arrière sur l'acceptation de l'équipement (synonyme pour Easy de travail monté) car j'ai remarqué qu'il est tout de suite moins décontracté quand il est harnaché : je me remets à le longer avec le filet sous le licol et même à travailler à pied et en liberté en ajoutant la selle, pour lui montrer encore et toujours qu'on peut faire des choses amusantes et en restant décontracté avec le mors !

Nous faisons d'énormes progrès au travail, si marqués que je tente une première fois au bout d'environ 6 mois d'enlever le nose band : c'est mieux, beaucoup mieux qu'avant mais Easy est immédiatement plus lourd sur la main et dès que quelque chose ne lui convient pas, il coupe court à tout discussion main/bouche en retrouvant ses vieilles défenses. Je remets le nose band et nous continuons à travailler. Je change également d'ostéopathe pendant cette période et celui-ci trouve des blocages dans la mâchoire d'Easy et l'oreille droite complètement verrouillée, choses que le précédent n'avait jamais relevé en plusieurs visites ! Il constate que la manipulation de la tête est délicate (ce que j'avais déjà noté) et me fait part de ses sentiments : le rapport difficile avec le mors d'Easy provient certainement de mauvais souvenirs (mors durs dans les courses, mauvaises mains qui les utilisent, douleurs des dents de loup) mais aussi de nombreux blocages profonds sur la tête qui nécessiteront un travail de fond sur le long terme pour s'en débarrasser complètement. Mais nous avançons dans le bon sens : à chaque visite, l'ostéo arrive à aller plus loin dans ses manipulations, Easy les accepte mieux et les blocages sont moins nombreux !

Effet du nose band sur un cheval qui ne supporte pas le mors.
Les défenses ne disparaissent pas miraculeusement mais pouvoir les limiter me permettent de me poser... et lui aussi.


Enfin, après 1 an d'utilisation du nose band, je le retire en mai 2020 et cette fois-ci, cela semble être la bonne ! Easy a une bouche bavarde : il mâchonne son mors, claque des lèvres, ouvre parfois franchement la bouche pour dire quand il n'est pas d'accord ou quand j'agis mal (et il a raison !) mais tout a changé car désormais, il ne fait que s'exprimer au lieu de tout refuser en bloc ! Il est à mon écoute et moi à la sienne, nous avons un vrai échange entre mes mains et sa bouche. J'avais l'impression auparavant d'être face à quelqu'un qui hurle et ne pouvait donc pas m'entendre : le nose band m'a permis de le faire taire le temps de lui expliquer ce que je souhaite et de le raisonner. Désormais, nous parlons en selle, constamment. Ce n'est pas parfait bien évidemment, mais j'ai progressé dans l'utilisation de mes mains et lui a évolué dans sa façon de communiquer qui ne se résume plus à dire non par principe. Aussi étrange que cela puisse paraitre, c'est bien en fermant la bouche de mon cheval que j'ai pu lui redonner la parole.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Ce parcours atypique, qui ne correspond qu'à notre expérience et ne serait pas valable pour n'importe quel couple cavalier/cheval, m'a amenée à reconsidérer le nose band. Je ne l'idéalise pas : les résultats d'aujourd'hui ne sont pas que de son seul fait mais une association avec les soins réalisés, le matériel adapté, la progression de ma monte, les exercices à pied et l'effet du temps. C'est un outil dont l'utilisation doit rester temporaire et qui ne règle que les problèmes de surface. Mais je ne diabolise plus non plus le nose band. Il reste une aide dont l'effet dépend des mains qui l'utilisent et de l'intention derrière.

Je ne culpabilise plus non plus de l'avoir utilisé car il nous a beaucoup apporté, autant à moi qu'à Easy. Je me suis rendue compte qu'il y a malheureusement un écart entre ce qu'on voudrait faire et ce que l'on peut faire réellement. Je n'avais tout simplement pas le niveau pour m'en sortir sans une aide artificielle, et il faut savoir humblement le reconnaitre. Pourquoi m'acharner à faire des fautes de mains très désagréables pour mon cheval quand au final un nose band peut le stabiliser et donc me stabiliser indirectement et me permettre de laisser sa bouche tranquille ? Parfois, certaines aides sont un véritable accélérateur et un soulagement pour le cavalier comme le cheval. Ai-je été une tortionnaire ? Peut-être aux yeux de certains, toujours est-il que nous sommes deux dans cette histoire a avoir finalement trouvé du confort et que je ne suis pas sûre que cela aurait été possible sans cette étape un peu désagréable. C'est en tout cas la leçon que je tire à ce jour de mon expérience mais comme le prouve cet article, mon avis n'a pas fini d'évoluer !





"C'est une pisseuse", "un vrai caractère de jument !", "il faut la vouvoyer" : qui n'a jamais entendu ces commentaires dépréciant les juments et les dépeignant comme caractérielles et lunatiques ? Les stéréotypes sur elles sont si nombreux et répandus ! Mais sont-ils vraiment fondés ou sont-elles victimes d'une forme de misogynie équine ? Les juments ont-elles réellement tendance à avoir plus mauvais caractère que leurs homologues mâles ? Une étude scientifique a tenté d'y répondre.



Le bon caractère, critère déterminant de l'avenir des juments


Avant d'entrer dans le vif du sujet, prenons un instant pour définir ce que nous appelons par "caractère" ; dans l'étude "Reported Behavioural Differences between Geldings and Mares Challenge Sex-Driven Stereotypes in Ridden Equine Behaviour" ("Différences de comportements relevées entre les hongres et les juments remettant en question les stéréotypes de sexe dans le comportement des chevaux montés") qui va nous servir de support, la différence est bien faite entre tempérament et comportement, qui peuvent être considérés comme les deux composants du caractère. Le tempérament désigne les réponses innées du système nerveux du cheval et, a contrario, le comportement est l'ensemble des traits de personnalités acquis tout au long de la vie au fil des expériences.

Pourquoi cette question du caractère est si importante ? Car avec le développement de l'équitation de loisir et "grand public", on recherche de plus en plus des chevaux gentils, faciles, patients, sociables qui pourront s'adapter à tout public et à toute situation. Le "bon caractère" devient un critère de sélection très important, et c'est d'ailleurs pourquoi des qualifications loisir ont été mises en place. Ce label qualité permet de distinguer les chevaux destinés au loisir ou sport amateur qui correspondent le mieux à une recherche d'équitation "plaisir, confort et sécurité". La personnalité du cheval influe donc sur la perception que l'on a de lui et de sa valeur en tant que compagnon. Cela va avoir un impact direct sur nos choix en matière de gestion, d'entrainement, de carrière et de reproduction et ce, encore plus chez les juments !

En effet, celles-ci sont réputées pour être plus délicates que les hongres (les entiers et les étalons étant écartés de l'étude car moins représentés dans les écuries). Les juments seraient difficiles, caractérielles et lunatiques. Et les chercheurs de l'école de Sciences Vétérinaires de Sydney (& co), auteurs de l'étude cités ci-dessus, ont effectivement été amenés à constater que les juments sont plus rapidement écartées de la compétition que les hongres lorsqu'on les juge difficiles, alors même qu'on prendra ce temps pour remettre sur pied et ramener au haut niveau un cheval qui a été blessé, par exemple. Les cavaliers vont également les entrainer en utilisant des méthodes de dressages plus dures et minimiser les signes de gênes ou de douleur qu'elles peuvent exprimer, en interprétant ça comme du cinéma ou comme un composant normal de leur caractère, au lieu de rechercher un problème physique ou d'éducation.
L'effet inverse peut également se produire : certains se montrent plus tolérants envers les juments, quoiqu'elles fassent, car celles-ci ne perdent jamais leur valeur puisqu'elles peuvent être converties en poulinières. Tandis que la qualité d'un hongre réside uniquement dans ses capacités sportives et son bon caractère : cela expliquerait pourquoi on s'acharnerait plus à corriger les soucis de comportements ou à entrainer les hongres pour ne pas les "gâcher".
Jument menaçante.
Kaline, seule jument de mon cœur, surnommée Morue
à cause de son amabilité au box... simple expression de son
mal-être de vivre en box fermé totalement par des barreaux.



Une vaste enquête pour comparer hongres et juments


En résumé, il y a clairement un biais dans l'approche des juments à cause de stéréotypes de genre. Leur potentiel sportif est souvent non exploité puisqu'on s'arrête à la première difficulté rencontrée en se disant qu'elle est due au fait que "ce sont des juments", ou bien parce qu'on préfère ne pas perdre de temps à essayer de les comprendre quand on peut se rabattre sur la "solution de facilité" qu'est la mise à la reproduction.

C'est sur la base de ce constat que l'étude "Reported Behavioural Differences between Geldings and Mares Challenge Sex-Driven Stereotypes in Ridden Equine Behaviour" est née et a voulu répondre à la question : y a-t-il réellement une différence notable de comportement entre hongres et juments et si oui, les juments sont-elles plus difficiles ? Les chercheurs ont donc mené l'enquête auprès de 1233 cavaliers (dont 75% pratiquent l'équitation depuis plus de 8 ans) et leurs chevaux de toutes races (de l'andalou au poney welsh, en passant par le pur sang arabe et le hanovrien). Ceux-ci ont répondu à un questionnaire en ligne composé de 151 questions (développées à l'aide d'experts tels que des vétérinaires, entraineurs, cavaliers de compétitions et chercheurs) portant sur les comportements observés chez leurs chevaux à pied et en selle pendant les 6 derniers mois. Exemples : comportement à l'attache, au moment d'être sellé, quand le cheval est face à un stimuli nouveau, quand il est séparé des autres, quand il est au box ou au paddock, quand on met ses jambes pour lui demander de galoper... Les chercheurs ont ensuite analysé les résultats en lien avec le sexe des chevaux.

Cette étude a donc l'avantage de présenter un large panel de cavaliers et de chevaux, mais présente beaucoup de variables qui peuvent fausser les conclusions : l'âge des équidés, l'âge du répondant, la race du cheval, le pays, le temps que passe chaque cavalier avec sa monture... Il faut aussi prendre en compte que jusqu'ici, peu d'études ont été menées sur ce sujet et que les résultats divergent. Il n'y a donc pas de vrai consensus scientifique autour de la question du caractère des juments, mais je trouve que cette étude mérite d'être partagée pour les pistes de réflexion très intéressantes qu'elle dégage.
A priori sur les juments caractérielles
"Les différents visages d'une jument : en colère, heureuse,
ennuyée, triste, affamée, joueuse, stressée, caline, endormie"



Caractérielles, les juments ? Qu'en dit la science ?


Je ne vous fait pas languir plus longtemps : le bilan de l'étude dénote des différences de comportement imputables au sexe du cheval dans 2 situations uniquement !
  • À l'attache : les hongres ont plus tendance à mâchouiller leur couverture et leur longe.
  • En liberté : les juments ont plus tendance à fuir lorsqu'on essaye de les attraper.
En dehors de cela, aucune différence notable entre juments et hongres n'a été rapportée dans leur comportement sous la selle ou au sol. Ou en tout cas, aucune différence suffisamment récurrente ou marquée pour être relevée. D'après cette enquête, rien ne justifie donc la réputation des juments puisqu'elles ne semblent pas manifester plus de comportements belliqueux ou être plus difficiles au travail que les hongres.

Alors, d'où vient cette croyance populaire ? Deux hypothèses sont avancées :  de la perception déformée des cavaliers ou d'une mauvaise éducation. En effet, la misogynie encore constatée dans notre société pourrait avoir été reportée dans le monde équestre : de même qu'on attend des femmes qu'elles soient toujours douces et souriantes, les juments devraient se montrer dociles et faciles sous peine d'être qualifiées de pisseuses car elles ne répondent pas aux stéréotypes de genre dominants. Il serait mal vu pour le sexe féminin, quelque soit l'espèce, de montrer du caractère et de la détermination, traits de personnalités considérés (et mieux acceptés quand ils sont) masculins. La mauvaise éducation et le renforcement involontaire de comportements jugés comme indésirables pourraient également expliquer les soucis rencontrés avec certaines juments... comportements que l'on aurait laissés passer "parce que ce sont des juments" ? Ou repris trop violemment sans chercher à réellement les corriger, jusqu'à créer de la rétivité, "parce que ce sont des juments" ?

Cependant, il y a bel et bien des différences de comportement entre hongres et jument qui s'expliquent biologiquement ! Par exemple, la fuite serait plus marquée chez les juments car c'est dans leur tempérament, c'est-à-dire inné. En effet, en troupeau, les juments ont l'habitude de se soumettre à l'étalon qui va les menacer et les mordre. Elles ont donc naturellement le réflexe de se pousser et de fuir les attitudes qu'elles jugent indésirables (attention aux cavaliers qui pourraient être perçus de la sorte !). Les hongres eux, ont plus tendance à jouer avec leur bouche : serait-ce une réminiscence des habitudes des entiers qui utilisent facilement leurs dents ? Ou des tentatives de grooming, puisque des étude ont déjà démontré que les hongres sont plus affectueux et joueurs que les juments ? Enfin, la recherche scientifique n'en parle pas, mais il me semble évident en tant que femme que les juments sont soumises aux mêmes effets secondaire que nous, liés à leur nature cyclique. Suivant la phase de leur cycle ovarien, elles peuvent subir des modifications physiologiques : changements d'humeur, douleurs physiques, gênes, baisse d'énergie... Pour preuve, nombre de propriétaires traitent leurs juments pour calmer leurs chaleurs ou soulager leurs douleurs ovariennes. Tout ceci cela a forcément un impact sur leur humeur et leurs capacités sportives, désagréments que n'ont pas à subir les hongres et indirectement leurs cavaliers.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Le cheval a évolué et adapté son comportement en fonction des besoins de son sexe (jument ou entier). Mais l'équitation ne fait pas partie de ses besoins primaires : il n'y a donc pas de raison qu'un sexe se soit mieux adapté que l'autre à la monte et au contact humain. En plus de cet état de fait, l'étude conclue à la suite de l'analyse de son panel que rien ne prouve scientifiquement que les juments seraient plus compliquées que les hongres. Mais différentes, parfois incomprises et traitées de façon injuste, certainement ! 

L'éducation est tout de même fortement remise en cause pour expliquer la mauvaise image des juments. Ne devraient-elles pas au final être traitées comme le sont les entiers ? En leur posant le même cadre clair et constant, en prenant les mêmes précautions et en leur manifestant autant de respect ? Car la comparaison avec les hongres fausse la donne. Hongre n'est pas un "vrai sexe". L'étude évoque rapidement les effets de la castration qui modifie le tempérament et le comportement des chevaux sans s'étendre plus. Mais il semble évident qu'il est faux de comparer un cheval castré, dont l'humeur est lissée par la réduction de ses variations hormonales, à une jument qui subit ses cycles et peut donc avoir une humeur variable qui lui donne ce caractère... entier. C'est bien cela : les juments sont plus proches du fonctionnement des entiers, ce qu'oublient la majorité des cavaliers qui sont alors trop laxistes ou trop durs envers elles. Hongres, juments ou entiers : tous ont leurs particularités et doivent être traités sans a priori mais en tenant compte de leurs spécificités propres.

Enfin, il est bon de rappeler qu'une jument réellement difficile n'est pas une fatalité car le caractère n'est pas quelque chose de figé : il peut évoluer en fonction des expériences positives ou négatives auxquels le cheval est confronté, il peut être modifié par différents facteurs (mal être à cause de mauvaises conditions de vie par exemple) et il continue de se modifier avec l'âge (les chercheurs ont ainsi découvert que les jeunes juments sont moins agressives que les hongres mais que leur agressivité augmente avec l'âge tandis que celle des hongres reste la même). Il y a donc beaucoup trop de variables qui entrent en ligne de compte pour estimer que le mauvais caractère est un trait  de personnalité inné et commun à toutes les juments.













Pour aller plus loin

  • L'étude complète : "Reported Behavioural Differences between Geldings and Mares Challenge Sex-Driven Stereotypes in Ridden Equine Behaviour"
  • L'article de TheHorse qui en résume le contenu : "Study: Mares Not “More Difficult” Than Geldings"

À lire aussi sur le blog

  • Croyance ou véritable théorie : la robe d'un cheval détermine son caractère ?

Plus le temps passe et plus l'équitation semble devenir un univers sans contraste. Tout est noir ou blanc, sans nuances. On est soit pour les pieds nus, soit on ferre. On est soit pour la vie en extérieur, soit on assume son cheval au box H24. On est soit pour le mors, soit pour les ennasures. Les entre-deux semblent vus comme de la lâcheté, un refus de prendre position. Mais au milieu de toutes ces guerres de clochers, n'aurait-on pas oublié que l'équitation est justement une histoire de nuances et de finesse ? Le diable est dans les détails ! C'est la finesse des actions, la finesse des ressentis, la mesure dans les décisions qui vont distinguer un bon homme de cheval d'un mauvais cavalier. Qui vont faire la différence entre celui qui demande et celui qui exige. Entre la victoire par démission de sa monture et la victoire par adhésion.


Les extrêmes n'ont rien de bon car ils amputent d'une partie de l'horizon. Ils reviennent souvent à choisir une voie au détriment, voir au rejet, d'une autre. Or en équitation, s'il y a bien une chose que l'on apprend rapidement, c'est qu'il n'y a pas de mode d'emploi. Chaque cheval, chaque cavalier, chaque histoire est différente, unique. À partir de ce constat, il devient difficile de décider à l'avance de se fermer des portes quand on ne sait quel chemin on va devoir emprunter. On peut être pour les pieds nus et finir par ferrer son cheval. Car ce n'est pas la même chose de ferrer son cheval par automatisme ou de réfléchir à chaque option et décider de ferrer car on ne peut offrir les bonnes conditions de vie nécessaires au développement correct du pied nu. C'est cette nuance dans la prise de décision qui est importante. Car la nuance s'accompagne de réflexion, puisqu'elle correspond au choix d'un degré dans une action. La nuance s'accompagne d'adaptabilité, puisqu'elle renvoie à toute une palette de possibilités de ce nuancier.


Les nuances et la finesse en équitation ; la marque des grands cavaliers.


Si l'on veut illustrer, on peut s'attarder sur la nuance entre persévérer et s'obstiner. La ténacité induite dans la persévérance est une qualité. C'est une forme de courage qui permet de travailler sur le long terme, sans s'essouffler, pour atteindre un objectif précis. L'obstination, elle, revient à être buté. Foncer même lorsque l'on sait qu'il y a un mur en face, s'entêter dans une action alors que l'on obtient pas le bon résultat. Pourtant, il faut savoir parfois lâcher prise, abandonner une idée momentanément ou définitivement. Accepter de reculer pour mieux sauter. Si ça ne marche pas, faut-il corriger ou punir ? Deux termes qui sont souvent employés et très connotés ! Corriger veut dire supprimer erreurs et défauts en remaniant, perfectionnant quelque chose. Une manière d'accompagner et de rediriger. C'est une action positive qui vise l'amélioration et n'implique en aucun cas une forme de violence. Alors que la punition peut parfois s'y rapporter. Elle implique une sanction, une action désagréable pour celui qui la reçoit. C'est la réponse (indésirable pour celui qui est puni) à une action (indésirable pour celui qui donne la punition). L'approche est plus négative (dans tous les sens du terme). Enfin, pour éviter de recourir à cet extrême, on peut se demander si on peut empêcher ou obliger le cheval à quelque chose. Dans les deux cas, on limite les possibilités d'action. Mais quand "empêcher" se contente de rayer une seule proposition de la liste, "obliger" la roule en boule et la jette pour imposer une unique solution. Cette distinction est particulièrement importante dans l'utilisation des enrênements, qui sont si décriés. Pourtant, réfléchissons : si on saisi toujours un couteau par la lame, on finira par dire qu'il est impossible de l'utiliser sans se couper. Mais est-ce réellement l'objet ou son utilisation qu'il faut remettre en cause ? C'est la même chose avec une grande partie des aides artificielles. Les rênes allemandes par exemple, sont là pour empêcher le cheval de sortir des aides, pas pour l'obliger à se mettre sur la main. Et c'est cette petite nuance qui fait la distinction entre leur bonne ou mauvaise utilisation (la question de leur efficacité est encore autre chose). La muserolle ou le noseband sont là pour empêcher d'ouvrir grand la bouche, pas pour obliger à la garder fermée.


Ces questions peuvent sembler triviales pour certains et n'être que de simples jeux de sémantique. Mais les mots ont un pouvoir : leur connotation, parfois inconsciente, a un impact fort sur l'esprit. Ce n'est pas pour rien que la libération de la parole soigne les êtres meurtris. Les mots sont les véhicules des idées, ils structurent notre pensée. Ainsi, plus notre vocabulaire est riche, plus nous en sommes en mesure de nommer, et ainsi identifier précisément, ce qui nous traverse (émotions) et traverse le monde. Plus nous sommes capables de parler de façon nuancée, plus notre pensée l'est. Et plus le nuancier de notre esprit est large, plus nous sommes en mesure de changer de gamme pour trouver celle qui correspond à chaque cheval. Car ils ont beau tous utiliser le même vocabulaire, ils ont chacun leurs verbes irréguliers qui nous obligent à tout réapprendre et à mettre de côté nos règles si chères.



La surprotection des chevaux et ses effets néfastes, on en a déjà parlé sur ce blog. Mais voilà que des études viennent questionner l'usage de simples protections basiques que l'on a tous dans nos placards ! Même Julien Epaillard, cavalier de saut d'obstacle au niveau international, a été vu sur ses tours sans guêtres pour protéger sa jument qui enchaîne quand même des obstacles d'1m50... Pourquoi ? Ferions-nous courir des risques à nos chevaux en protégeant leurs membres ?



Les protections, facteurs d'inflammation des tendons ?


Les études scientifiques menées ces dernières années dans le milieu hippique s'accordent sur le constat suivant : les atteintes aux tendons sont le type de blessure les plus fréquentes chez les chevaux de sport (courses hippiques, saut d'obstacle, cross...) et entraînent dans la majorité des cas soit l'arrêt de leur carrière, soit une réduction définitive de leurs capacités sportives (ou tout du moins, une baisse de leur niveau de compétition). Si de nombreux facteurs - tels que la qualité des sols, la fréquence d'entrainement, le type d'entrainement, l'intensité d'exercice... - peuvent expliquer cette recrudescence de tendinites et compagnie, il en est un en particulier qui a été étudié : l'utilisation de protections pour les membres. Car en effet, quel est le point commun à la quasi totalité des chevaux de compétition ? Ils portent des bandes ou des guêtres dès qu'ils font un pas hors de leur box.

L'étude de Westermann "Effect of a bandage or tendon boot on skin temperature of the metacarpus at rest and after exercise in horses" a comparé la température des tendons de 10 chevaux sur une jambe nue, sous une bande et sous un protège tendon et ce, au repos et après 20 min de longe. Si aucune différence notable n'a été relevée au repos, une grosse élévation de température a été enregistrée au travail, particulièrement sous les bandes et de manière un peu moindre sous les protèges tendons. L'étude concluait que les protections des membres provoquent une hyperthermie, c'est-à-dire qu'elles augmentent la température et la vitesse d'échauffement des tendons à l'effort.

Sauter sans protections pour le cheval
Si Julien Epaillard et Toupie de la Roque peuvent évoluer sans fers ni guêtres aux antérieurs,
nous, cavaliers de loisirs, devrions bien pouvoir nous passer totalement de protections !
Crédit : reitsportal.com 



Or, une autre étude menée 1 an plus tôt, "The influence of boot design on exercise associated surface temperature of tendons in horses", avait mesuré que la température des tendons lors d'un effort intense peut atteindre 45°... température à partir de laquelle une dégénération des tissus est constatée à cause de la chaleur. Il suffirait de 10 min entre 45° et 48° pour que les cellules meurent. Et ces températures sont atteinte assez facilement avec des protections aux membres, puisqu'elles accélèrent et augmentent la diffusion de la chaleur produite dans les tendons par l'effort physique. Ces températures paraissent si élevées que l'ont peut se dire que seul un effort violent permettra de les atteindre, nous protégeant de ces risques avec notre équitation de niveau loisir-petite compétition. Mais la même étude a enregistré, après récupération, des températures des tendons entre 21° et 23° pour les chevaux jambes nues, entre 26° et 33° pour les chevaux avec des guêtres perforées et entre 29° et 37° pour les chevaux portant des guêtres classiques. 37° après récupération, suite à une simple séance de pas-trot-galop. Seulement 7° en-dessous des températures limites : vous imaginez donc à quelle vitesse elles peuvent être atteintes à l'effort...



Les protections sont-elles à bannir ? Lesquelles choisir ?


Une étude de 2017, "Changes in temperature of the equine skin surface under boots after exercise", s'est concentrée sur l'analyse et la comparaison de plusieurs types de protections des membres. La température des tendons a été enregistrée à froid puis directement après une détente (10 min de pas, 5 min de trot, 2,5 min de galop, 5 min de pas). Voici les variations de températures enregistrés après l'effort :

On a donc jusqu'à 13° de différence entre une jambe nue et une protégée ! Les différentes études sont unanimes : les bandes sont le type de protection provoquant la plus grande hyperthermie ! À contrario, le néoprène est la matière qui semble obtenir les meilleurs résultats en matière de dispersion de la chaleur, à condition de le choisir le plus fin possible. Les guêtres perforées obtiennent également des résultats intéressants dans les différentes études grâce à leurs aérations qui permettent une meilleure dispersion de la chaleur. Étrangement, le fait que les guêtres soient ouvertes à l'avant ne semble pas avoir compté dans la balance. 

L'étude conclut que ce qu'il faut retenir, c'est que tous les types de protection, sans exception, limitent l'évacuation de la chaleur et provoquent un échauffement des tendons. Cette hyperthermie répétée provoque sur le long terme des dommages tels que l'altération ou la mort des cellules du tendon. L'effet néfaste n'est donc pas visible immédiatement, mais est insidieux, en plus d'être vicieux. Car en constatant une faiblesse des tendons, la majorité des cavaliers va alors avoir tendance à... protéger encore plus. Il faut donc encore une fois revenir à une utilisation raisonnée des protections et non plus systématique (si Toupie de la Roque peut sauter 1m50 sans protections, Pompom du Pré Rond peut bien faire une balade ou une séance de plat jambes nues !) et les choisir en tenant compte de leur design : matériaux respirants (type néoprène), idéalement perforés et les plus fins possibles afin de permettre à la fois l'aération des tendons et l'évaporation de la chaleur.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Les différentes études n'ont pas pu démontrer de manière catégorique que les protections SONT la cause d'atteintes aux tendons mais bien qu'elles provoquent un échauffement plus rapide des tendons, ce qui les endommage sur le long terme... ou de manière plus rapide, si cette hyperthermie est combinée à d'autres facteurs (mauvais terrains, efforts trop intenses, mouvements trop répétés). Des études complémentaires seraient nécessaires pour appuyer et étayer ces premières conclusions mais en attendant, une attention particulière doit être portée au type de protections que nous mettons à nos chevaux.

De mon côté, ces études appuient certaines de mes convictions : je n'aimais déjà pas les bandes (sauf utilisées au repos) et les protections en moumoute (aucune aération et matière pouvant irriter et chauffer ++ au moindre frottement, véritable éponge qui devient lourde en prenant l'eau, salissant), il est désormais certain que je ne serai pas cliente de ce genre de produits ! Jusqu'ici, je ne protégeais qu'à la longe et à l'obstacle. J'estime qu'un cheval équilibré et bien dans son corps est capable de poser ses pieds sans se marcher dessus, ou doit l'apprendre en développant sa proprioception... ce qui ne risque pas d'arriver s'il est dans du papier bulle à partir du genou. Ce principe est encore plus vrai avec les chevaux pieds nus qui risquent moins de blessures en se touchant que les chevaux ferrés (est-ce qu'on ouvre la porte à la discussion "s'il y avait moins de chevaux ferrés, on pourrait moins protéger ?"). J'ai récemment arrêté de protéger à la longe, n'y voyant plus d'intérêt : je ne mets que des cloches car après tout, s'il se touche, ce sera en couronne ou sur les glomes. Et suite à la rédaction de cet article, je vais me mettre à la recherche de guêtres perforées souples et légères car des années de conditionnement + un instinct mère poule ne me permettent pas de laisser mon cheval jambes nues à l'obstacle pour le moment, d'autant que nous sommes encore en apprentissage sur les barres.








Pour aller plus loin
  • L'article de Podologie équine libre, encore plus complet et qui m'a permis de trouver mes sources
  • Effect of a bandage or tendon boot on skin temperature of the metacarpus at rest and after exercise in horses par Westermann (ou le résumé de cette étude par le magazine The Horse)
  • The influence of boot design on exercise associated surface temperature of tendons in horses par Hopegood
  • Changes in temperature of the equine skin surface under boots after exercise par Solheim
  • The effect of exercise-induced localised hyperthermia on tendon cell survival par Birch

À lire aussi sur le blog
  • La surprotection des chevaux, nouvelle mode des cavaliers

Les restaurants ont rouverts, l'école redevient obligatoire, Disneyland Paris va rouvrir : bref, la vie reprend petit à petit son cours depuis le 22 juin et nous pouvons dire que le confinement et le déconfinement sont bels et bien terminés ! (Mais on n'oublie tout de même pas les gestes barrières et le port du masque en public !)
Maintenant que cela est derrière nous et que nous avons tous retrouvés nos moitiés équines, nous pouvons enfin rire de cette période avec un petit bingo des cavaliers confinés puis déconfinés ! À vos captures d'écran pour entourer vos réponses/barrer ce qui ne vous concerne pas : ne mentez pas, on l'a tous fait ! (Et si vous êtes sages, je vous partage mon propre bingo)






Alors, combien de cases sur les 12 vous concernent ? Partagez-les ou proposez vos meilleurs anecdotes de confinement/déconfinement en commentaires ! (Oui, j'ai fini par faire des parcours d'obstacles à ma chienne pendant le confinement et je me suis remise à Equideow, j'avoue tout !)


Aujourd'hui, je vous propose un article qui change un peu car il aborde un sujet dont je ne connaissais presque rien et qui sort des sentiers battus des connaissances équestres, puisqu'on entre vraiment dans un niveau de "détail". Même si nous savons que la majorité des êtres vivants réagissent à la lumière (vitamine D apportée par le soleil, rythme de vie calé sur la distinction jour/nuit...), nous ne réalisons pas toujours l'importance de la lumière naturelle sur le cycle de vie de nos chevaux, et les conséquences quand ils sont détenus enfermés, à la lumière artificielle (aka le box en intérieur). Cet article se base en très grande partie sur la traduction de l'article "Comment la lumière affecte votre cheval" publié dans la revue The Horse.



Comment la lumière est perçue par le corps du cheval


L'article ne peut débuter sans quelques connaissances basiques sur la lumière et quelles informations elle apporte au cheval. Tout d'abord, il faut savoir qu'il y a plusieurs types de lumière selon leur longueur d'onde et qu'elles ne sont pas toutes égales au niveau des effets sur le corps. Les deux qui vont nous intéresser sont la lumière bleue, très présente dans la lumière du jour naturelle, et la lumière rouge, proche de la lumière de la nuit. 

La lumière entre dans l’œil du cheval, est captée par les photorécepteurs (des cellules) de la rétine qui envoient alors un message au cerveau pour que celui-ci indique à tout le corps à quel moment de la journée/année il se trouve en fonction de la luminosité (en bref). La lumière va donc réguler le rythme circadien (= tous les processus biologiques cycliques sur une journée, comme dormir) et le rythme circannuel (= tous les processus biologiques cycliques sur une année, comme la production de poils l'hiver) du cheval. La lumière bleue (qui est la lumière du jour, si vous avez suivi) est celle qui stimule le plus les photorécepteurs des yeux et donc qui va réguler le rythme circadien. Les lumières artificielles (fluorescentes et incandescentes) que l'on utilise le plus souvent dans les écuries n'ont que peu d'effets biologiques car elles contiennent très peu, voire pas du tout, de cette fameuse lumière bleue.

Lorsque les photorécepteurs de la rétine captent de la lumière, ils envoient leur message au cerveau via des transmetteurs. La mélatonine est l'un d'eux. C'est une hormone produite dans le noir et donc très sensible à la lumière. Elle sert en quelques sortes d'horloge biologique aux animaux : lorsque son taux augmente avec la baisse de la luminosité, elle provoque l'endormissement. Lorsque son taux baisse avec le rallongement des journées au printemps, elle indique le bon moment pour se reproduire.

Retenez donc : la variation de lumière et l'alternance de cycles jour/nuit a un effet journalier (circadien) ou annuel (circannuel) sur la physiologie et le comportement du cheval. La lumière du jour (lumière bleue) est celle ayant le plus d'impact, via l'augmentation ou la baisse de mélatonine dans le corps du cheval. 

Utilisation de lumière rouge pour les chevaux
Utilisation de lumière rouge dans les écuries la nuit
(comme dans les sous-marins !) - Crédit : Equilume.com



Les effets de la lumière sur le cheval


Barbara Murphy, professeur assistante à l'Université d'Agriculture et de Science de l'Alimentation de Dublin (Irlande) a étudié la manière dont les cycles circadiens et circannuels de la lumière affectent les chevaux. Elle a ainsi montré que l'activité physique, la température, la cadence des battements de cœur, la pression artérielle, le taux d'hormone, la qualité du sommeil (rien que ça !) sont modifiés selon l'exposition à la lumière qui règle l'horloge interne des chevaux. Pour mieux se représenter ces effets, voici quelques exemples concrets.


  • La lumière a un effet sur le cycle de reproduction des chevaux
Les variations de luminosité au cours de l'année changent la libido des entiers, leur concentration de sperme et leur niveau de testostérone, qui connaissent un pic pendant les longues journées d'été. La lumière bleue du jour, la lumière rouge de la nuit et l'obscurcissement ou l'illumination graduelle au crépuscule ou à l'aube peuvent améliorer les niveaux de testostérone pendant toute la saison de reproduction.

Du côté des juments, leurs cycles reproductifs sont dictés par leur rythme circannuel, lui-même lié aux changements de luminosités. En général, la "saison des amours" se trouve entre avril et octobre, là où les journées sont les plus longues et le taux de mélatonine le moins élevé (celle-ci ayant pour effet de supprimer d'autres hormones impliqués dans le processus de reproduction).

Mais les éleveurs, notamment de Pur-Sang Anglais de course, cherchent de plus en plus à faire naître des poulains en début d'année afin de correspondre au calcul d'âge officiel (on considère chez les chevaux de sport qu'ils prennent tous 1 an au 1er janvier). Pour permettre cet acte en contradiction avec le cycle naturel de reproduction des chevaux, les éleveurs ont pendant longtemps utilisé des systèmes d'éclairage d'écurie à la lumière bleue pour simuler la luminosité plus intense et longue des journées de printemps et ainsi faire baisser le taux de mélatonine des juments et déclencher leur ovulation. L'utilisation d'une lampe de 100 Watts dès début décembre peut ainsi faire avancer le cycle de reproduction de 3 mois ! Mais ce système est contraignant et coûteux : l'éclairage doit être allumée de longues heures et les juments doivent être gardées au box pour être exposées suffisamment.
C'est pourquoi des masques projetant de la lumière bleu dans un œil ont été inventés pour produire le même effet, tout en permettant aux juments de rester au paddock où elles sont plus détendues et donc plus fertiles...! En moyenne, au bout de 70 jours de port du masque, les juments ovulent.
Cependant, ces manipulations d'apprentis sorciers ne sont pas sans conséquences : ces grossesses tardives s'accompagnent de temps de gestation plus longs, ce qui décale au fur et à mesure les naissances, et de poulains avec un poids de naissance plus léger que les poulains nés pendant la saison de reproduction.

Utilisation de la lumière pour faire ovuler les juments
Masque Equilume de "thérapie par lumière bleue" faisant
ovuler les juments - Crédit : Equilume.com


  • La lumière peut augmenter les performances sportives
Les recherches de Murphy ont également montré une corrélation entre les performances physiques et le rythme circadien. Si un cheval est entraîné chaque jour à la même heure, les gènes de ses muscles vont "apprendre" à donner le meilleur de leurs capacités à ce moment précis de la journée (repéré grâce à la luminosité) ! Le cheval sera donc plus performant chaque jour sur la même "plage horaire". Les muscles semblent donc être également soumis à un rythme circadien de 24h.

  • La lumière affecte la production de poils d'hiver
La pousse du poil d'hiver se fait en réaction aux jours qui raccourcissent et à la luminosité plus faible en journée, et non pas en réaction aux chutes de températures comme on le pense souvent ! C'est pourquoi les chevaux vivant au box en écurie fermée (sous une lumière artificielle donc) ne produisent que peu ou mal leur poil d'hiver puisque leur rythme circadien n'est pas stimulé en l'absence de lumière naturelle dite lumière bleue.

  • Les chevaux peuvent aussi souffrir de décalage horaire
Les chevaux calent leur journée et leur rythme biologique sur la course du soleil. Les chevaux de sport qui voyagent à l'autre bout du monde sont donc aussi surpris que nous du décalage horaire : sommeil perturbé, troubles gastro-intestinaux, difficultés de concentration... Le rythme de leur corps n'est plus en phase avec le rythme de la journée. Il leur faut environ 11 jours pour pouvoir s'adapter à ce changement. L'installation et l'utilisation de lampes à lumière bleue pour simuler la lumière du jour ou de lampes à lumière rouge pour simuler la nuit peut donc les aider à faire une transition en douceur et à réduire les effets du décalage horaire.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Cet article ne révolutionnera pas la gestion de mon cheval au quotidien (notamment car je ne fais ni élevage, ni concours et que mon cheval sort en extérieur chaque jour), mais je l'ai trouvé particulièrement intéressant pour la compréhension de la physiologie du cheval. Et puis je suis tout simplement curieuse et assoiffée de connaissances concernant les chevaux !

Se caler sur le rythme de la nature, de la luminosité propre à chaque saison, permet tout simplement au cheval d'optimiser son fonctionnement (se reproduire aux périodes les plus propices pour la mise à bas, faire son poil quand il faut) et assurer sa survie. Les rythmes circadiens et circannuels affectent les chevaux physiologiquement, métaboliquement et au niveau du comportement. La mélatonine n'est pas la seule hormone en jeu et elle impacte de nombreux phénomènes physiques : l'immunité, la fatigue, les chaleurs, la libido sont influencés par sa production (qui dépend de la lumière).

Encore une fois, cette connaissance apporte une pierre de plus au plaidoyer contre la vie en box ferme, privée de lumière naturelle. Mais plutôt que de revenir à une gestion des chevaux raisonnée et respectant leurs besoins fondamentaux, l'humain préfère se servir de la technologie pour pallier les carences qu'il créé lui-même. Pire, c'est à mon goût un pas de plus vers la déshumanisation ou "désanimalisation" des chevaux : on peut lire sur le site d'Equilum, marque commercialisant des masques à lumière bleue, qu'ils sont "leader en recherche et développement de luminothérapie pour soutenir l'industrie des chevaux et maximiser l'efficience et la performance de la reproduction". L'emploi de tous ces termes techniques, en rapport avec l'accroissement et le marketing, me dérange lorsque l'on parle d'êtres vivants qui ne peuvent être réduits à un chiffre de rendement. Mais l'utilisation de nos connaissances à bon ou mauvais escient est un autre débat... qui sera peut-être abordé dans un prochain article.











Pour aller plus loin

  • L'article The Horse "How does light impact horses"
  • Le rapport spécial sur l'étude menée par Marphy par The Horse

De nombreux cavaliers mettent à profit le temps donné par ce confinement pour faire le point sur leurs pratiques équestres ou pour se former, principalement via des MOOC et des vidéos en ligne. Même s'ils sont parfois boudés face aux nouvelles technologies, les livres sont également un excellent moyen d'apprendre et d'élargir son horizon. Et ils ont l'avantage de ne pas être écrits par M. Tout le Monde, au contraire du net qui regorge de pseudos génies et oublie parfois ses sources. C'est donc bien d'un livre que je vais vous parler aujourd'hui, qui est à mon sens idéal pour le confinement car court, facile à lire (oui oui, bien qu'Instagram essaye de nous faire croire que tout le monde fait 3h de sport et 4 baguettes par jour, on sait que la motivation de certains est aussi confinée et que toute tâche plus exigeante que faire le trajet frigo-canapé est difficile en ce moment) et en même temps bourré d'apprentissages empiriques et scientifiques. 



Un mot sur l'auteur 


L'auteure du jour n'est nulle autre que Hélène Roche. Est-il encore utile de la présenter ? Titulaire d'une maîtrise de Biologie et d'un DESS (équivalent désormais d'un master) d'éthologie appliquée, cette éthologue prolifique s'est fait connaitre principalement grâce à son travail de vulgarisation des connaissances scientifiques sur les chevaux, au travers d'articles de magazines ou encore de conférences. Ce statut très particulier de passeuse d'informations, à la croisée du monde scientifique et du monde équestre grand public, l'a notamment amenée à travailler avec la plateforme en ligne Blooming Riders et avec La Cense pour leur MOOC Cheval. 

Forte de son expérience en éthologie très variée, de l'observation des chevaux de Przewalski au laboratoire d'éthologie de l'Université de Rennes 1, Hélène Roche a en parallèle commencé à écrire ses propres livres. "Les chevaux nous parlent... si on les écoute" est donc son 4ème ouvrage et le dernier en date. Publié en 2018, il a été lauréat la même année du Prix Pégase qui récompense chaque année un livre ayant contribué à la diffusion de la culture équestre.
Éthologue équin française.
Hélène Roche - Crédit : iena.ch




Pourquoi ce livre 


Ce livre détonne des précédents écrits d'Hélène Roche tout simplement car la toile de fond du récit est son expérience personnelle avec son propre cheval, Kako, trotteur français réformé des courses. J'ai aimé qu'elle délaisse quelque peu sa casquette de scientifique pour se confier sur ses propres ressentis et observations, qui parlent sans aucun doute à de nombreux cavaliers. Et encore plus aux propriétaires de réformés comme moi : je me suis tout à fait vue à sa place quand elle parle de la difficulté d'apprendre à un trotteur à trotter sans foncer et de la nécessité de ne pas toujours le laisser galoper sur les mêmes pistes sous peine de le voir filer ventre à terre dès qu'il reconnait le terrain ! 

Mais plus que le fait de me sentir proche de son vécu, j'ai beaucoup apprécié qu'elle se confie sur ses convictions qui n'ont parfois jamais été confirmées scientifiquement, sur ses expériences qu'elle ne sait pas toujours expliquer (son cheval qui a soudain acquis un apprentissage après beaucoup d'essais infructueux selon diverses méthodes) et qu'en creux, elle réhabilite l'importance de l'observation et du feeling de tout propriétaire (ou gardien = toute personne proche et qui prend soin) d'un cheval. Car c'est bien ça que j'ai retenu de ma lecture : que le savoir technique, les connaissances scientifiques sont importantes mais n'expliquent pas tout ! Que l'on peut parfois les outrepasser pour faire confiance à son instinct, notamment lorsque l'on sent que quelque chose cloche et que les explications les plus évidentes ne sont satisfaisantes. L'équitation n'est pas une forme de mathématiques où une même formule répondra à tous les problèmes. Nous sommes plus proches de la langue française dont la grammaire (les connaissances scientifiques) est incontournable pour la comprendre, mais où les exceptions (nos convictions profondes qui échappent à la logique première) sont nombreuses. L'équitation met en équilibre sentiments, feeling, sciences équines et discipline sportive.

Bref, c'est la leçon que j'ai tiré de ma lecture, qui est une interprétation tout à fait personnelle. Mais ceux qui sont à la recherche de connaissances éthologiques et scientifiques pures et dures ne seront pas déçus de ce livre non plus ! En effet, presque toutes les anecdotes sont accompagnées d'un encadré rapportant les résultats d'une recherche scientifique liée ! Ces rapports de recherches sont succincts mais complets et donnent à voir un sacré éventail d'études liées au cheval !

Prix Pégase 2018.
"Les chevaux nous parlent... si on les écoute !"



Le dernier mot Jean-Pierre...


Vous l'aurez peut-être ressenti à travers la lecture de cet article, mais j'aime beaucoup le travail d'Hélène Roche. C'est le 2ème de ses livres que je lis (après l'avoir rencontrée et lu d'autres de ses publications) et je ne suis jamais déçue ! Elle réussi à la perfection son travail de transmission de connaissances et le ratio entre expériences personnelles et exposés de recherches est très bien équilibré dans "Les chevaux nous parlent... si on les écoute !". L'écriture est simple et claire, le livre fait 149 grandes pages, le propos est passionnant : bref, il se lit quasiment d'une traite ! Un livre à avoir sur sa table de chevet avant le 11 mai ! 












Pour aller plus loin

  • Le site d'Hélène Roche

Depuis décembre 2019, un nouveau coronavirus est apparu en Chine, virus provoquant des complications respiratoires de bénignes à mortelles. Nommé Covid-19 et extrêmement contagieux, il n'a malheureusement pas tardé à se rependre à travers le monde et à atteindre le territoire français. Face à l'actuelle absence de vaccin et à sa vitesse de propagation, le confinement (17 mars) puis l'état d'urgence sanitaire (24 mars) ont été déclarés en France. Ces mesures restrictives mais protectrices impactent bien évidemment la gestion de nos chevaux. 



Les règles du confinement aka l'arrêt de l'équitation


Le terme même de confinement devrait éclairer sur l'attitude à adopter face au Covid-19. Se confiner : s'enfermer ou être enfermé dans un lieu. Le message est donc clair, il ne faut plus sortir de chez soi, toute pratique de l'équitation ou visite à son cheval est exclue. Mais comme les règles édictées semblent être sujettes à interprétations ou aménagements pour certains, revenons sur les points clés à retenir.

  • Toutes les écuries (centres équestres ou écuries de propriétaires) sont fermées au public depuis le 17 mars et ce, jusqu'à nouvel ordre. L'arrêté du 15 mars 2020 précise en effet que tous les établissements recevant du public (établissements sportifs couverts ou de plein air compris) ne peuvent plus en accueillir jusqu'à décision contraire. Les écuries qui continuent à laisser un accès à leurs propriétaires pourront être poursuivies pour concurrence déloyale et illicite, risquer un retrait d'agrément par la Fédération Française d'équitation et écoper d'une amende de 15 000€. Cette décision est indiscutable : elle n'émane pas de la FFE mais du Gouvernement et les propriétaires ne peuvent la contester juridiquement puisque la crise sanitaire que nous vivons et considérée comme un cas de force majeure. De plus, cette règle vise à protéger le personnel des écuries qui, rappelons-le, est indispensable au bien-être de nos chevaux : que ce passerait-il s'ils tombaient malades et ne pouvaient plus nourrir et sortir nos chers compagnons ?
  • Le cheval n'est pas un animal de compagnie mais un animal de rente, il n'est donc pas concerné par l'attestation de déplacement dérogatoire. Cette attestation, indispensable pour sortir, mentionne la possibilité d'un "Déplacement bref, à proximité du domicile, pour faire du sport individuellement (marche, course) et pour les besoins des animaux de compagnie". Le cheval n'entrant pas dans cette catégorie, il est donc interdit de se déplacer pour aller le voir, où qu'il se situe.


  • Il est toléré de se déplacer pour aller nourrir/abreuver son cheval s'il est sous notre seule et unique responsabilité. Si vous louez un pré situé en dehors de votre lieu de vie et que votre cheval dépend uniquement de vous (s'il est chez un agriculteur qui ne fait que l'héberger habituellement, la charge de le nourrir revient revient tout de même à l'agriculteur !), il est évident que vous devez continuer à lui rendre visite pour vérifier son état de santé, son eau et sa nourriture. Cependant, ce cas n'est pas prévu par l'attestation dérogatoire et en cas de contrôle, tout dépendra du discernement dont fera preuve le représentant des forces de l'ordre auquel vous aurez à faire. Il est conseillé dans cette situation de remplir par défaut l'attestation en cochant la case sur les animaux de compagnie et de vous munir de papiers prouvant la dépendance de votre cheval vis-à-vis de vous : le papier de déclaration de votre lieu de détention auprès de l'IFCE ou un mail de votre mairie/préfecture confirmant vos dires. Vous pouvez également téléphoner à la police ou la gendarmerie la plus proche pour demander conseil.
  • L'équitation ne fait pas partie des sports individuels autorisés. Si vous faites partie des chanceux ayant leurs chevaux à domicile, sachez tout de même qu'il vous est interdit de vous balader en extérieur, monté ou à pied. L'équitation ne fait pas partie des pratiques sportives autorisées durant le confinement, d'autant que les sorties "loisir" doivent se faire à 1km maximum autour du domicile. Si vous êtes contrôlés en balade, vous risquez une amende de 135€, 1500€ en cas de récidive. Vous êtes libres de pratiquer les activités qui vous plaisent tant que vous restez sur vos infrastructures, en restant prudent : les organismes équestres officiels appellent à ne plus monter pour ne pas risquer une chute et solliciter pompiers, médecins et hôpitaux déjà surchargés en cette période de crise.
  • Il est interdit de déplacer son cheval pendant le confinement. Le confinement vise à limiter nos déplacements : seuls les transporteurs professionnels sont autorisés à circuler mais quoiqu'il en soit, le transport de chevaux n'entre dans aucun cas prévu par l'attestation de déplacement (sauf dans le cas d'une urgence vétérinaire vitale). De même, les écuries n'ont plus le droit d'accueillir de nouveaux équidés : inutile de chercher une place au vert pour Pompom le temps du confinement.




Cavaliers confinés, est-il nécessaire de s'inquiéter ?


C'est donc clair, 90% des cavaliers ne peuvent plus voir leurs chevaux... et s'en inquiètent. Certains motifs sont légitimes et d'autres sont complètement déconnectés des réalités (et du contexte !).

  • "Je DOIS aller voir mon cheval, je n'ai pas confiance dans ma pension" : ce n'est malheureusement pas une excuse suffisante pour se déplacer au regard de la loi et surtout, il est un peu tard pour s'en inquiéter... Une pension ne se choisie pas uniquement au regard des conditions de vie qu'elle offre aux chevaux, mais aussi pour son sérieux et la qualité de ses prestations. Que se passerait-il si vous vous cassiez une jambe ? Une bonne pension doit vous permettre de dormir sur vos deux oreilles en cas d'absence et assurer les soins en "bon père de famille". Ce confinement est l'occasion de faire le point et de remettre en question vos choix d'écurie comme de conditions de vie (pour les commentaires du type "mon cheval vit en box et ne va sortir que pour travailler" : ça ne semble pas être dérangeant pour le propriétaire le reste du temps alors pourquoi s'en offusquer maintenant ?). Lachez-prise, vous n'avez pas le choix que de faire confiance aux gérants.
  • "Mon cheval ne va plus être travaillé !" : pour les chevaux comme les humains, des vacances font souvent plus de bien que de mal. Car il faut se rappeler que si les sorties quotidiennes sont indispensables pour le bien-être physique et moral des équidés, le travail ne l'est pas (à moins d'une pathologie particulière qui ne peut être soulagée que par la musculation ou le mouvement). De plus, tous les événements équestres sont annulés jusqu'à nouvel ordre (même les JO !), il n'est donc plus nécessaire de vous inquiéter pour votre saison de concours. Enfin, si vous tenez vraiment à garder votre cheval en condition, vous pouvez toujours demander à ce qu'il soit pris en pension travail. Attention : dans ce contexte particulier, certaines écuries en profitent pour imposer des services et les facturer (sorties du cheval au paddock par ex) et certains cavaliers essayent de négocier au rabais les formules du fait de leur absence. La réponse de la FFE face à ces problématiques est... de discuter pour trouver un terrain d'entente. La situation est difficile pour tout le monde.
  • "J'ai peur du changement de rythme pour mon cheval" : effectivement, cela peut être déroutant, surtout pour les chevaux qui ont été passés du jour au lendemain au pré par leurs propriétaires pensant bien faire (leur offrir une place au vert pendant leur absence). La mise à l'herbe de printemps subite peut notamment provoquer ballonnements, voire fourbures et coliques ! Et le changement de cadre de vie peut provoquer du stress, renforcé par l'absence du seul point de repère : le propriétaire. Le mieux est de laisser le cheval dans son environnement habituel et de prendre quelques mesures simples face à sa baisse d'activité : réduire la ration, augmenter la dose de foin et/ou augmenter le temps passé en extérieur, fournir un petit complément pour le transit type huile de carron...

Crédit : Cheval Ta Race

  • "Les pieds de mon cheval ne vont pas être faits !" : si on parle de passer un coup de graisse, votre cheval devrait s'en remettre (tout comme il pourra se passer de pansages). Si on parle de fers, il peut être bon de demander à la pension de déferrer votre cheval si la date de la dernière ferrure est déjà lointaine (une pince coupante et le tour est joué). La plupart des maréchaux ont en effet stoppé leur activité : toutes les activités de soin  non urgentes sont reportées jusqu'à nouvel ordre (maréchalerie, ostéopathie, dentisterie, vétérinaire... Liste complète ici). Il va donc falloir se débrouiller sans. Une fois pieds nus, la corne va pousser, devenir trop longue et certainement casser. Mais c'est un processus tout à fait normal, plus impressionnant visuellement que gênant physiquement, et qui devrait être bien supporté par votre cheval qui est de toute façon au repos. Il faudra simplement penser à programmer une visite du maréchal  à l'issue du confinement et avant de remettre votre équidé au travail.
  • "Je suis gérant d'écurie ou moniteur indépendant, j'ai peur pour mes revenus" : une crainte tout à fait légitime et qui, pour être apaisée, demande des connaissances que je n'ai pas. Néanmoins, l'Etat a prévu pour les entreprises le recours au chômage partiel et un soutien financier sous diverses formes : délais supplémentaire de paiement des échéances sociales/fiscales, report des factures, déblocage de fonds... Un tour d'horizon des aides possibles est disponible en cliquant ici.




Quelques pistes pour bien vivre son confinement équestre


Le temps est long loin de notre moitié équine... Mais bien vivre cet éloignement tient d'abord de la volonté ! Il revient à chacun de choisir de voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. L'équitation est une activité chronophage, nous en sommes libérés bien malgré nous, autant profiter d'avoir autant de temps libre pour se consacrer à d'autres activités (qui parfois nous manquent !). Reposez-vous, faites du sport à domicile, lisez, dessinez, peignez, écrivez, dansez, regardez des séries, appelez vos proches, jardinez, jouez à des jeux, cuisinez : faites. comme. vous. le. sentez ! Utilisez votre temps pour être hyper productifs ou au contraire pour ralentir le rythme. Savourez ce confinement qui vous donne du temps pour vous recentrer afin d'en sortir reposés et prêts à dévorer le monde ! Et rappelez-vous, si vous êtes propriétaires, que vous avez la chance d'avoir cette certitude que votre cheval vous attend.

Cependant, pour ceux qui auraient du mal à s'occuper et voudraient profiter de cette période pour se cultiver, je vous recommande (à lire, à regarder, à écouter ou à appliquer) :

  • Le blog d'Isa Danne, enseignante que vous pouvez retrouver également sur DemiVolteFace.
  • Le blog Techniques d'Elevage pour tout savoir sur la nutrition des chevaux et leur gestion.
  • La référence française en matière de saddle fitting, le blog éponyme Saddle Fitting.
  • Son équivalent pour les mors, le blog Bit Fitting.
  • Le blog Equi-Midi qui reprend les doctrines du passionnant Jean d'Orgeix.
  • Le blog D'Un Cheval l'Autre dont j'aime particulièrement la philosophie et l'approche de l'équitation, complété par la plateforme d'enseignement en ligne Blooming Riders.
  • La chaine Youtube "Pas de pieds, pas de cheval" de Gwennael Cadet, "maréchal déferrant", pour tout savoir des pieds de nos équidés.
  • La page Facebook de Pierre Beaupère qu'on ne présente plus tellement il est excellent, complétée par les vidéos Youtube gratuites de son projet The Evolution Project.
  • Découvert récemment, le très intéressant Ludovic Fournet, qui pratique le Horsemanship.
  • De même, les poadcats à écouter en télétravaillant de I am en Equestrian.
  • Les vidéos sur la préparation physique du cavalier par l'IFCE, celle par la FFE et le reportage sur la préparation physique de Gregory Wathelet et Domique Joassin pour vous convaincre de vous mettre au sport pour être plus performant à cheval (vive le gainage et le cardio !).
  • Les vidéos sur la préparation mentale du cavalier par la FFE, celle par l'IFCE et même une conférence proposée par la MSA. Le mental est une des clés de la réussite à cheval mais plus que de la simple préparation, cela passe par du développement personnel. Je vous incite vivement à vous intéresser à ce sujet, sur lequel je reviendrai un jour.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Le Covid-19 a signé l'arrêt de toutes pratiques équestres, et au delà de ça, de tout le pays avec le recours au confinement. Si celui-ci est difficile à vivre, il est néanmoins vital. Sans minimiser la peine que ressentent certains en étant séparés de leurs chevaux, il ne faut pas oublier que le coronavirus tue, que certaines personnes continuent de travailler la peur au ventre pour nous permettre de vivre décemment (caissières, transporteurs, personnels soignants...) et que d'autres sont non seulement confinées, mais aussi malades ou en deuil. Il faut replacer notre frustration équestre dans le contexte et faire preuve d'un peu de décence.

Cette période, comme je le disais est propice, à l'introspection. Mais au delà du développement personnel, elle permet de s'interroger sur l'égoïsme et l'individualisme galopants de notre société (on en parle de la pétition qui a été lancée pour laisser les propriétaires aller voir leurs chevaux coûte que coûte ? Peu importe les risques qu'ils feraient encourir aux autres en étant peut-être porteurs sains ?). Elle permet de s'interroger sur notre société consumériste et notre rapport à la nature : suite à l'arrêt de la majorité des activités humaines, la faune et la flore revivent ! Avec le dérèglement climatique, n'est-ce pas là une preuve supplémentaire qu'il est temps de changer de façon de vivre et retrouver une harmonie avec la nature ?

Bref, ce temps de confinement, mettons-le à profit pour devenir des êtres humains plus dignes des belles âmes que sont nos chevaux : faisons preuve de patience, de positivisme, de discipline, d'humanité et de solidarité pour traverser ensemble et plus rapidement cette crise. Cette crise sanitaire, sortons-en grandis.












Pour aller plus loin

  • Toutes les informations sur le Covid-19 par le Gouvernement
  • L'attestation de déplacement dérogatoire
  • Toutes les informations sur la situation équestre face au Covid-19 par la FFE
  • Les conseils pour gérer cette crise par l'IFCE
  • Toutes les informations sur la continuité de service des vétérinaires (et activités associées) par l'Ordre National des Vétérinaires
  • Questions/réponses face à la crise sanitaire par l'Institut du Droit Equin
  • Un tour d'horizon des aides à disposition des entreprises équestres par la Fédération des Conseils des Chevaux
  • Un article de l'Eperon sur les aides mises en placce pour les professionnels du monde équestre


Articles plus récents Articles plus anciens Accueil

Archives du blog

  • ►  2021 (1)
    • ►  septembre (1)
  • ▼  2020 (11)
    • ▼  décembre (1)
      • Easy Story : l'affaire du nose band (avril 2019 - ...
    • ►  novembre (1)
      • Les juments sont-elles vraiment plus compliquées q...
    • ►  octobre (1)
      • L'équitation, un monde de nuances.
    • ►  septembre (1)
      • Guêtres, bandes, protèges-tendons... : un danger p...
    • ►  juin (1)
      • Le bingo des cavaliers confinés/déconfinés !
    • ►  mai (1)
      • L'impact de la lumière sur les chevaux.
    • ►  avril (1)
      • ''Les chevaux nous parlent... si on les écoute !''...
    • ►  mars (2)
      • Le monde équestre face à la crise sanitaire du Cov...
    • ►  février (1)
    • ►  janvier (1)
  • ►  2019 (7)
    • ►  décembre (1)
    • ►  octobre (1)
    • ►  septembre (1)
    • ►  août (1)
    • ►  juillet (1)
    • ►  avril (1)
    • ►  janvier (1)
  • ►  2018 (7)
    • ►  décembre (1)
    • ►  août (1)
    • ►  juin (1)
    • ►  mai (1)
    • ►  mars (1)
    • ►  février (1)
    • ►  janvier (1)
  • ►  2017 (10)
    • ►  décembre (2)
    • ►  novembre (1)
    • ►  octobre (1)
    • ►  juillet (1)
    • ►  mai (2)
    • ►  avril (1)
    • ►  février (1)
    • ►  janvier (1)
  • ►  2016 (15)
    • ►  novembre (1)
    • ►  octobre (1)
    • ►  septembre (1)
    • ►  juillet (1)
    • ►  juin (1)
    • ►  mai (2)
    • ►  avril (2)
    • ►  mars (2)
    • ►  février (2)
    • ►  janvier (2)
  • ►  2015 (31)
    • ►  décembre (1)
    • ►  novembre (2)
    • ►  octobre (2)
    • ►  septembre (2)
    • ►  juillet (1)
    • ►  juin (3)
    • ►  mai (2)
    • ►  avril (4)
    • ►  mars (5)
    • ►  février (4)
    • ►  janvier (5)
  • ►  2014 (13)
    • ►  décembre (5)
    • ►  novembre (8)

Categories

  • Billets d'humeur
  • Culture
  • Easy Story
  • Equipement
  • Équitation
  • Hippologie
  • Réflexion
  • Santé & Soins

Mes partenaires


BLOG FERMÉ EN 2021 !


Retrouvez moi sur @Instagram



lacriniereblonde@gmail.com




- Mentions légales -

Suivez-nous sur les réseaux





Copyright © 2016 La Crinière Blonde, blog de réflexions équestres.. Created by OddThemes