La Crinière Blonde, blog de réflexions équestres.
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Dernièrement, j'ai encore lu sur Instagram un débat sur le mors/sans mors. Pour moi, ce débat n'a même pas lieu d'être puisqu'on parle de deux outils complètements différents et qui ne s'excluent pas l'un l'autre. Ce qui m'a finalement poussée à prendre mon clavier, c'est qu'encore une fois, le mors était diabolisé et le sans mors mis en avant comme étant TOUJOURS la meilleure solution pour le cheval.  



Le sans mors est-il forcément mieux que le mors ?


Pour moi, la réponse est évidente : bien sûr que non ! Beaucoup de cavaliers partent du principe que ne pas avoir de mors est forcément plus confortable pour le cheval et signe d'une meilleure équitation. Même si je suis d'accord avec le fait qu'avoir une barre en métal dans la bouche ne fait pas rêver, je ne suis pas persuadée que le sans mors soit toujours la meilleure solution et qu'il reflète le niveau du cavalier. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte :

  • Les habitudes du cheval : un cheval monté toute sa vie avec un mors sera habitué à cette sensation et cette pression dans sa bouche. Passer au sans mors pourrait alors le déboussoler et être perçue comme une expérience plus désagréable car le sortant de sa zone de confort. Il lui faudra apprendre à gérer des sensations et décoder des indications nouvelles, ce qui peut être compliqué chez certains chevaux sensibles ou facilement stressés.
  • La conformation du cheval : certains chevaux auront une bouche trop petite, une forme de palais complexe, une langue trop grosse, des dents mal placées, bref des particularités physiques qui rendront le port d'un mors impossible ou très inconfortable. De la même façon, d'autres auront peut-être une déformation osseuse ou des tissus trop fins rendant la pression sur le chanfrein difficilement supportable. Je rappelle par ailleurs que l'os nasale est très fin et fragile !
  • La sensibilité et les goûts du cheval : on en reparlera ensuite, mais je pense que la sensibilité est propre à chaque être vivant. Prenons l'exemple des personnes tatouées : il est commun de dire que certaines parties du corps sont plus douloureuses que d'autres à tatouer (côtes, dessus du pied...). Pourtant, certains tatoués vous diront qu'ils ont mieux supporté ces zones réputées difficiles que d'autres communément jugées moins sensibles. Il en va de même pour les chevaux : certains supporteront mieux une pression sur la bouche, d'autres sur le chanfrein. C'est une question de goût personnel.
  • Le bon réglage et la bonne adaptation du matériel : je pense qu'on les sous-estime trop et qu'ils sont à l'origine de nombreuses défenses. Beaucoup de cavaliers sont épatés en passant en sans mors de voir leurs chevaux soudainement si décontractés et souples. Est-ce vraiment parce que le cheval est mieux sans mors ou plutôt que le mors proposé jusque-là ne lui convenait pas et qu'il en est soudain libéré ? Je ne pense pas que le mors soit forcément plus dur et inconfortable que les ennasures mais qu'en tant qu'outil plus fin, il est plus difficile à adapter à son cheval (longueur, épaisseur, forme, hauteur dans la bouche) et à bien utiliser.
  • Le dressage du cheval et le niveau du cavalier : je pense que le mors et le sans mors peuvent avoir chacun leur utilité dans des étapes précises de la vie d'un cheval et de son cavalier. Pour un jeune équidé en cours de débourrage, une ennasure est amplement suffisante pour lui apprendre la marche avant, à tourner et s'arrêter. Même chose pour un cavalier débutant qui doit, dans un premier temps, apprendre à avoir un contact juste et à se servir de son assiettes et de ses jambes en priorité. Quand le cavalier est plus expérimenté et demande des exercices plus complexes et évolués à son cheval dressé, le mors peut permettre plus de finesse et de précision dans la communication. En effet, contrairement à une muserolle avec laquelle les pressions sont absorbées et reparties sur une grande surface osseuse de façon presque uniforme, le mors est plus mobile et repose sur une partie réactive (le cheval peut discuter avec le mors : relâcher sa bouche, avaler, bailler, mâchouiller, résister). Et enfin quand leur niveau à chacun est bien avancé et leurs codes bien installés, ils sont en mesure d'alterner l'un ou l'autre indifféremment.  
  • L'assurance du cavalier : je pense que c'est un facteur qui a son importance et qui ne doit pas être négligé. Un cavalier qui n'est pas habitué au sans mors pourrait ne pas être à l'aise avec ce matériel (pas les mêmes sensations, crainte de ne pas réussir à communiquer, crainte de perdre le contrôle) et sa tension se répercuter dans son corps et sa monte, ce qui rendra les séances plus compliquées. À l'inverse, un cavalier qui a peur de mal faire avec un mors n'osera pas toucher à la bouche de son cheval et perdra une partie de la communication. Il faut donc être à l'aise avec le matériel qu'on utilise pour être efficace et juste en selle.

Le mors fait-il mal au cheval.
Fut une époque, je montais régulièrement en side pull. Était-je une meilleure cavalière et plus respectueuse ? Je ne pense pas.



La plus douce des ennasures vaut-elle mieux que le plus doux des mors ?


Malgré tous ces arguments, certains continueront de se réfugier derrière le fameux "la plus douce des ennasures sera toujours mieux mieux que le plus doux des mors" car la pression subie avec le mors serait plus élevée puisque reposant sur une partie sensible et nervurée de l'anatomie du cheval (sa langue, ses gencives, l'ensemble de sa bouche en bref).

Je tiens tout d'abord à rappeler que la pression n'est pas forcément synonyme de douleur et n'est pas systématiquement perçue comme négative ! Nous éduquons nos chevaux en leur apprenant à céder à la pression quelle qu'elle soit (pression des jambes pour avancer, pression des mains sur le corps pour le décaler, pression sur le dos en s'alourdissant en selle pour ralentir...), cela fait partie de leur quotidien. De plus, cette pression est toujours suivie de positif : le relâchement de la pression voire la récompense ! Elle n'est donc pas redoutée, elle n'est qu'un simple moyen de communication.

Quant au fait que la pression dans la bouche serait moins bien supportée que celle sur le chanfrein, je rappellerait juste comme dit plus haut que l'os nasal est fin et peut être assez facilement brisé. Il est difficile de comparer la sensibilité entre chacune de ces parties du corps et encore une fois, on en revient à la question du sentiment d'inconfort propre à chacun. Pour les sceptiques, j'ai pris soin de traduire ci-dessous un article relatant les résultant d'une étude allemande sur la tolérance des chevaux aux brides avec et sans mors :

<< Choisir la bride - avec ou sans mors - la plus douce et respectueuse du bien être de son cheval peut être confusant. Il pourrait sembler plus gentil d'épargner aux chevaux une barre en métal dans leur bouche. Mais les résultats d'une nouvelle étude indiquent que les chevaux trouvent la pression exercée par la plupart des brides sans mors tout aussi désagréable que les brides avec mors. Et avec une des sortes d'ennasure testée, les chercheurs ont constaté que la pression était même pire.

"Notre étude indique qu'avec différents types de brides, les mêmes aides de rênes sont aversives de manière similaire pour les chevaux" a déclaré Anina Vogt, doctorante à l'Université de Giessen, en Allemagne. Vogt a présenté les résultats de l'étude en son nom et au nom de Uta König von Borstel, également doctorant à l'Université de Giessen, lors de la conférence de la Société Internationale pour la Science de l'Équitation qui s'est tenue du 22 au 26 novembre (ndrl 2018) à Wagga Wagga, en Australie. "Cela indique qu'à niveau égal d'entrainement préalable, des signaux de la même intensité sont suffisants pour produire une aide notable", a déclaré Vogt.

Les chercheurs ont testé des chevaux de loisir et des chevaux d'école d'âges variés et de races qui étaient habituellement montées avec un mors de filet. Les scientifiques ont équipé chaque cheval de 4 sortes de brides sans mors, d'un mors de filet et d'un licol en corde, dans un ordre aléatoire. Ils ont attaché les rênes sur le dessus d'un surfaix (pour imiter le placement des mains) et les ont laissées suffisamment longues pour que les chevaux puissent placer leur tête légèrement au-deça de la verticale. Ils ont placé des tensiomètres sur les rênes à chaque fois.
Les chevaux avaient ensuite la possibilité d'atteindre des seaux de nourriture placés en face d'eux. Mais pour attraper la nourriture, ils devaient peser contre les rênes, une configuration similaire à une étude danoise sur les préférences des chevaux en matière de tension de rênes. Les chercheurs ont testé chaque cheval avec chaque type de bride plusieurs fois par jours, plusieurs jours de suite.

Ils ont constaté que les chevaux tiraient tous leur tête jusqu'à, approximativement, la même quantité de tension de rênes (une moyenne d'environ 7 livres), peut importe la bride, a déclaré Vogt, à une exception près : une des brides sans mors semblait causer beaucoup plus d'inconfort que toutes les autres brides du test. Les chevaux ont arrêté de tirer sur les rênes à un niveau de tension beaucoup plus bas (seulement 6 livres environ) avec un side-pull.

"Par rapport aux autres brides, le side pull est équipé d'une muserolle plus rigide et plus fine, ce qui se traduit par des niveaux de tensions de rênes égaux mais des pressions plus élevées sur le nez du cheval" a-t-elle dit. "Et cela explique le seuil inférieur de la tension maximale tolérée pour ce cheval".

Vogt a déclaré qu'involontairement, ils ont constaté que dans l'ensemble, les poneys et chevaux de trait acceptaient plus de tension de rênes que les chevaux de sang et de type arabe. Par exemple, les poneys et chevaux de trait acceptaient une force moyenne d'environ 10 livres, comparé à un peu moins de 6 livres et demi pour les autres. Ni l'âge ni le nombre de fois où les chevaux ont été testés n'ont affecté les résultats. Autrement dit, ils n'ont pas été "habitués" à la tension au cours de la série d'essais.
"Nos analyses ont indiqué qu'à l'exception du side pull, la même quantité de tension de rêne entraîne le même niveau d'inconfort chez le cheval" a déclaré Vogt. >>




Le dernier mot Jean-Pierre...


On peut être un excellent cavalier avec des actions de mains fines et discrètes, utilisant un mors complexe. On peut être une brute avec une ennasure simple, à exercer des pressions énormes sur le chanfrein et tenir la tête à la force des bras. On a des chevaux qui seront toujours en rébellion avec des mors, même après passage d'un spécialiste. On a des chevaux qui réagiront avec violence à une pression un peu forte sur le nez. La bouche est une zone sensible avec la langue à ne pas écraser, les dents à ne pas cogner, le palais à ne pas abîmer. L'os nasale est une zone fine et sensible qui peut être facilement abîmée. Un hackamore peut briser cet os ou retourner un cheval, tout comme le ferait un pelham.

Bref, pour moi mors et sans mors se valent et ne sont que questions de préférence, de façon de travailler et d'adaptation à chaque cas particulier. Il n'y a pas à les opposer ou à chercher quel est le plus méchant des deux. Tout dépend de leur ajustement et de leur utilisation. Les confronter est un faux débat qui ne mène nulle part : l'un n'empêche pas d'utiliser l'autre et aucun ne rend le cavalier exempt de bien utiliser ses mains. Certains pays l'ont mieux compris que nous et utilisent même ennasure et mors en même temps, en 4 rênes, pour des actions complémentaires. C'est la preuve qu'il est possible de démocratiser le sans mors sans diaboliser le mors. Qu'il est possible de continuer à travailler avec un mors sans faire passer les utilisateurs d'ennasure pour des rigolos. Et qu'il est temps de le faire pour faire avancer notre équitation.













Pour aller plus loin
  • L'article traduit ci-dessus : "Study : Horses tolerate similar levels of bitless, bitted bridle pressure" par The Horse
  • Un autre article relatant cette étude mais en donnant plus de détails sur les noms des brides testées


À lire aussi sur le blog
  • La monte sans mors : pourquoi et pour qui ?
  • Les muserolles : claquons le bec aux préjugés
L'équitation est un sport dangereux. On le sait. Mais l'habitude fait qu'on a parfois tendance à négliger certaines règles de base de sécurité. Et cela a encore plus d'incidence quand on est en extérieur, exposé(e)s aux risques de l'environnement, parfois seul(e)s. On ne peut pas tout prévoir ni tout éviter bien sûr, à moins de vivre sous une cloche. Mais on peut essayer de se prémunir un maximum des accidents avec cette petite liste non-exhaustive !



Avant de partir en balade...


  • S'équiper convenablement : c'est le b.a.-ba et pourtant, pour de nombreux cavaliers, balade rime avec détente et avec "on va pas s'embêter à s'équiper". C'est partit pour la balade en baskets et en licol plat trop grand... Cependant, si on porte des bottes à talons, c'est bien pour une raison ! Le talon est là pour empêcher le pied de glisser dans l'étrier et de se coincer. Et la monte sans mors est très bien quand elle est pratiquée avec du matériel adapté pour cette utilisation (side-pull, bitless) et bien ajusté pour éviter les blessures par frottements et pouvoir agir avec justesse en cas de problème. Bref, même pour un petit tour dans les champs, la sécurité impose que l'on chausse au minimum ses bottes et sa bombe et qu'on utilise le matériel habituel de son cheval (car oui, on évite aussi de tester de nouvelles choses en extérieur ! Le nouveau mors ou la 1ère fois en cordelette seront d'abord essayés dans la sécurité du manège !). 
  • Prévenir quand on s'en va : ou simplement faire en sorte que quelqu'un nous voit partir. Si vous n'êtes pas rentrés au bout de 3h, il y aura au moins une personne pour s'en inquiéter et se souvenir de l'heure à laquelle vous avez été aperçu pour la dernière fois (ça fait très enquête policière là). 
  • S'assurer que quelqu'un connait notre parcours de balade : soit parce que tout le monde emprunte le même, soit parce que vous avez laissé l'itinéraire à quelqu'un. Cette mesure rejoint le point précédent : en cas de disparition, il est plus facile de partir à votre recherche en sachant quelle route vous avez empruntée ! Un gain de temps précieux pour les secours. 
  • Ne pas explorer de nouveaux chemins sans les avoir reconnus ou sans accompagnement : si vous partez en exploration impromptue, vous ne savez pas sur quoi vous allez tomber (propriété privée, cul de sac), les potentiels risques que vous pourrez rencontrer (terrain accidenté, circulation dense, éléments effrayants comme des vaches...) et il y a toujours un risque de se perdre. De plus, si vous êtes seuls, personne n'est au courant de votre destination. L'exploration est vraiment réservée aux cavaliers d'extérieurs confirmés, montés sur des chevaux fiables et qu'ils connaissent bien. 
  • Prendre son téléphone portable : en le réglant sur silencieux, évidemment, et en le gardant sur soi et non sur le cheval. Bien utile pour avoir un GPS ou appeler à l'aide en cas de problème ! À l'heure de la technologie, c'est un indispensable. 


Bonus : 

  • Accrocher une étiquette porte-clé à sa selle ou son filet : une petite astuce utile en cas de désolidarisation entre soi-même et sa fidèle monture ! On peut écrire le nom et le numéro de l'écurie dessus : en cas de fuite suite à une chute, la personne qui retrouvera votre équidé pourra facilement prévenir qu'il a été récupéré ou même le ramener à bon port. 
  • Investir dans un boitier Kavale ou un porte clé GPS : encore une fois, utilisons la technologie à bon escient, surtout quand elle peut nous protéger ! Un porte clé GPS (connecté à son téléphone) accroché à la selle de son cheval permettra de le retrouver rapidement s'il s'échappe en extérieur. Le boitier Kavale (dont j'ai déjà parlé ici) sera, lui, tout en un : il avertira vos proches en cas de chute (vitale en cas de perte de connaissance !) et géolocalisera votre cheval en temps réel. 

Test du boitier Kavale de Képhyre : ange gardien des cavaliers.
Bien équipés et attentifs à l'environnement : on est prêts pour une bonne balade !



Pendant la balade...


Afin que notre balade se passe dans de bonnes conditions, le mot clé est le respect !

  • Respecter le code de la route : eh oui, en résumé, un cheval mené en main, monté ou attelé est considéré comme un cyclomoteur ! De ce fait, les voies rapides et autoroutes sont interdites aux cavaliers. Nous sommes obligés de circuler à droite de la chaussée ou de l'accotement (les trottoirs et pistes cyclables nous sont interdits !), en s'assurant de ne pas gêner la circulation (notamment en laissant la place de nous doubler). Comme un cycliste, nous devons indiquer nos changements de direction et ralentissements par des gestes. Enfin, nous devons nous assurer que nous sommes visibles de nuit. En retour, les automobilistes ont obligation de ralentir en arrivant à notre hauteur et de laisser au moins 1 mètre d'espace en nous doublant. 
  • Respecter les propriétés privées : outre les panneaux de signalisation pouvant indiquer des accès interdit aux cavaliers, il faut être attentif aux espaces dans lesquels nous pénétrons. Les champs, par exemple, sont des espaces privés dans lesquels nous n'avons pas le droit d'entrer (sauf autorisation expresse de l'agriculteur quand ils sont en chaume), de même que certaines forêts privées ou plages réglementées. 
  • Respecter les autres usagers : la courtoisie est de mise pour partager sereinement l'espace public ! Repasser au pas à l'approche des autres usagers, leur laisser de la place pour circuler sans crainte, les saluer, respecter les zones de chasse (quand bien même nous sommes contre), rester poli en toute circonstance (surtout pour demander à des piétons de bien vouloir rattacher leur chien le temps que l'on passe : un service est toujours mieux rendu quand il est demandé avec gentillesse !). 
  • Respecter l'intégrité de sa monture en étant attentif à l'environnement : afin de préserver et protéger son cheval en balade, il est important de bien observer son environnement et de s'y adapter ! Pour une première sortie, ne pas emmener directement son cheval en pleine agglomération mais privilégier une balade courte dans un environnement calme, prévoir une tenue haute visibilité pour soi et sa monture en période de chasse, se renseigner sur les horaires de marée pour une sortie plage afin de ne pas se retrouver piégé par la mer ou se balader sur une plage pleine de trous d'eau, éviter de galoper dans les champs tout juste fauchés dont le terrain est très inégal et propice aux membres foulés, ne pas emmener son cheval tout juste déferré sur un terrain caillouteux, ne pas emmener son cheval manquant de cardio sur des terrains très difficiles et vallonnés ect. 



Le dernier mot Jean-Pierre...


Le meilleur conseil de sécurité que l'on m'ait donné en extérieur reste : "essaye de ne pas tomber !". Simple, logique. Mais pas toujours facile à appliquer, c'est pourquoi les conseils de cet article peuvent être utiles. Je n'ai pas mentionné le fait qu'il est plus prudent de sortir avec un cheval que l'on connait un minimum, qu'il faut échelonner le temps de sortie et les difficultés rencontrées et privilégier les balades en terrain adapté (champs, foret, piste cavalière plutôt qu'en centre ville) : ça tombe pour moi sous le sens !














Pour aller plus loin

  • Ce que disent très précisément les articles de loi sur la gestion des animaux sur la route
  • Un long exposé de toutes les règles s'appliquant aux cavaliers sur la route en France et en Belgique

A lire aussi sur le blog

  • J'ai testé pour vous... le boitier Kavale de Képhyre

J'ai envie de vous partager aujourd'hui une réflexion qui n'a rien de nouveau, mais qui ne perd rien à être répétée (un indien avertit en vaut deux !). J'ai envie de vous parler des réseaux sociaux, ces outils merveilleux qui nous permettent d'entretenir et développer notre cercle social... mais qui ont pour effet pervers d'encourager le paraître devant toute cette audience réunie. Et le milieu équestre n'échappe pas à cette tendance, bien au contraire !

Les réseaux sociaux, c'est bien le spectacle de la perversion du milieu équestre. D'abord d'une façon latente, en nous accoutumant aux dérives et à la violence ordinaire au travers de belles photos. Belles par le cadrage, la qualité d'image, la gestion des couleurs, la composition, mais pas par ce qu'elles représentent. Techniquement irréprochables, elles en mettent plein les yeux ! Au point qu'on en oublie, sur ce portrait de champion d'obstacle en plein parcours, les naseaux dilatés par la difficulté à respirer sous un noseband 3 fois trop serré, la bave qui dégouline de la bouche par vagues, la surenchère d'enrênements qui lui font tenir la tête artificiellement si haute et plaquée. C'est un beau cliché, alors on ferme les yeux sur les ""détails""et on like. Et on s'habitue à voir ce genre d'images, à force de les voir affluer. On les banalise. À tel point que cela devient la norme même dans le milieu amateur et loisir : il n'y a qu'à regarder quelques uns des comptes les plus populaires sur Instagram. Ce qui marche, ce sont les belles photos, les beaux chevaux, pas le travail ou les réflexions de qualité. On peut avoir 1 million d'abonnés en montant comme un pied (pour ne pas dire comme un barbare en treuillant sur la bouche), pour peu qu'on ait un bon photographe ou un cheval pie ! En voyant cela, cette image creuse et même nocive de notre sport, je ne m'étonne pas que des activistes débarquent sur nos terrains de concours...

Couple cavalier-cheval pour réseaux sociaux.
Sur une seule séance, je pourrais choisir de vous montrer et de vous parler que de ceci...


Puis, il y a une forme de perversion qui nous touche plus personnellement : l'émergence de champions en tous genres, chuchoteurs en herbe et compagnie, qui ne laissent transparaître qu'une image bien lisse et contrôlée d'eux mêmes. Une image de perfection qui nous fait sentir petit et douter de nous : tous les autres ont l'air de tellement mieux réussir si l'on en croit les réseaux ! À l'heure du numérique où tout devient viral en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ces cavaliers deviennent des idoles, adulés par des cavaliers jeunes (souvent) et moins jeunes. Et même ceux qui tentent de ne pas tomber dans le panneau de cette mise en scène de soi bien léchée, finissent inconsciemment par se comparer et se dévaloriser face à ces exemples de succès.

(On pourrait aller encore plus loin dans la réflexion et souligner que même les marques succombent à ces appels de sirènes et les encouragent, ayant bien compris combien l'image de ces influenceurs a d'impact. Et on entre dans un autre cercle vicieux : cavaliers prêts à promouvoir n'importe quoi du moment qu'ils reçoivent une contrepartie, marques prêtes à envoyer leurs produits à n'importe qui, du moment qu'il y a des likes).

Cheval qui se cabre.
... et ne jamais mentionner cela. Et même si je poste ces 2 image, laquelle aura le plus de likes ?


Pourtant on le sait : le cavalier parfait n'existe pas. L'important est bien d'emprunter le bon chemin, peu importe que nous en soyons au début de notre voyage ou arrivé à destination. Et qu'on se rassure : de véritables champions ou hommes de chevaux, il n'y en pas à chaque coin de rue. Tout cela n'est que mensonge, que ce soit volontaire (un cavalier qui s'invente une histoire, qui pratique le plagiat pour paraître plus brillant et trompe réellement sur la marchandise) ou par omission (un cavalier qui ne parle pas de ses erreurs et/ou camoufle ses échecs : ce qui en soi n'est pas un crime car rien n'oblige à se dévoiler complètement sur le net. Il vaut même mieux parfois se protéger). C'est à nous d'être attentifs et de ne pas céder à toute cette poudre aux yeux. C'est à nous de prendre du recul face à ce que l'on peut voir et de s'interroger. Même si liker ne veut pas forcément dire adhérer, c'est à nous de dénoncer la violence ordinaire cachée derrière les belles mises en scène. C'est à nous de ne pas jouer les simples spectateurs, pire, les voyeurs, sur les réseaux mais d'en faire une utilisation intelligente. C'est à nous d'agir pour que les réseaux sociaux deviennent un moyen de promouvoir une belle équitation et une porte d'entrée pour changer notre sport et ses mentalités.














A lire aussi sur le blog

  • Quand le dressage est remplacé par du (mauvais) spectacle

Au mois de mai, j'ai été contactée par la société Képhyre qui souhaitait me présenter leur tout nouveau boitier connecté : le Kavale, une innovation française qui s'adresse aux cavaliers d'extérieur. Ce boitier a pu voir le jour grâce à un financement participatif sur Kick Starter et j'ai eu la chance fin juin de le recevoir et le tester en avant première !



Kavale by Képhyre


Képhyre est une toute jeune société française dont le boitier Kavale est la première création : un boitier connecté, véritable "ange gardien" des chevaux et cavaliers, puisque selon le pack choisi ("Pré" ou "Balade"), il alerte en cas de fuite du pré de son cheval ou chute du cavalier en balade.

J'ai pour ma part testé le pack "Balade". Comment cela fonctionne ? Grâce à ce fameux boitier, fixé sur la selle ou le colier de chasse et relié au cavalier par un cordon (comme pour les gilets airbags). Une application mobile permet de communiquer avec son boitier et d'entrer toutes les informations concernant son cheval, les personnes à alerter en cas de chute et de lancer la surveillance. Si le cordon est déconnecté du boitier, ce qui se produit en cas de chute, une alerte est envoyée par SMS à vos proches avec un lien permettant de vous géolocaliser. Mieux, l'application continue ensuite de localiser votre cheval afin de pouvoir le retrouver s'il fuit. Je ne m'attarde pas plus sur la présentation du Kavale car vous pouvez retrouver toutes les informations et des vidéos de présentation sur le site de Képhyre.

Seau et tapis Képhyre.
Képhyre, c'est un boitier connecté mais aussi des seaux, tapis, chaussettes...



Pourquoi le boitier Kavale m'a séduite


Venons-en à ce qui vous intéresse sûrement le plus : mon avis sur le produit et pourquoi j'ai accepté de collaborer avec Képhyre. Oui, car je m'étais dit que je ne ferais plus ce genre de choses : recevoir un article à tester et communiquer dessus en échange. Car même s'il faut avouer que c'est plaisant et avantageux de recevoir des produits gratuitement, je ne veux ni devenir un TripAdvisor des produits équestres, ni devenir un panneau publicitaire pour les marques équines.

Mais, il ne faut jamais dire jamais : le très bon contact téléphonique avec Képhyre et leur philosophie m'ont fait changer d'avis. En effet, ils ont inventé un outil s'adressant ENFIN aux cavaliers de loisirs et d'extérieur alors que toutes les dernières innovations technologiques me semblaient plutôt tournées vers les cavaliers de concours pratiquant les 3 grandes disciplines olympiques. Képhyre a donc cherché des partenaires non pas parmi les Youtubers les plus célébres, mais parmi des cavaliers reflètant leurs valeurs : amour du cheval et de la nature, respect de l'animal et de ses besoins, pratique plutôt tournée vers le naturel (vie au pré, pieds nus...), inclusion à part entière de l'extérieur et des balades dans le quotidien... (Oui, j'ai été flattée d'être identifiée comme correspondant à cette définition). En plus de cela, moi qui suis plutôt opposée à l'arrivée de la technologie dans le monde équestre - qui remplace petit à petit nos compétences de cavaliers (observer, ressentir, réfléchir) et gâche un peu la dimension déconnexion/reconnexion à la nature de ce sport - je trouve cette invention réellement utile !

Boitier connecté Kavale développé par Képhyre, pour les cavaliers de balade.
Et la marmotte elle met... Ah non pardon : et la cavalière elle met son Kavale dans sa pochette !



Bref, assez de blabla, très concrètement mon avis après utilisation du boitier est... plutôt favorable ! Voici les points positifs que j'ai relevés :

  • Le boitier peut être utile quand on travaille seul(e) aux écuries. Je pense personnellement l'utiliser l'hiver, quand je monte seule et tard (donc dans le noir). Sur un jeune cheval un peu frais, ça peut être utile.
  • L'application est simple d'utilisation et complète, sans superflu : on peut enregistrer toutes les infos sur son cheval, géolocaliser son écurie et délimiter l'espace de son pré (pour le pack "Pré"), enregistrer les contacts à prévenir... Ils ont même pensé aux maladroits : si votre boitier est déconnecté, vous avez la possibilité d'appuyer sur "contacter les secours". Pas de panique si vous appuyez par inadvertance, ce bouton vous amène à votre écran d'appel où là, vous devez valider pour lancer la numérotation.
  • Le système d'alerte fonctionne bien : les différents tests réalisés au milieu des champs Seine-et-Marnais ont été concluants. L'alerte a bien été envoyée à mes proches, qui ont pu me gélocaliser. Petit bémol par contre quand je l'ai testé dans le Loiret, au beau milieu de nulle part, dans un secteur sans réseau : j'ai dû réessayer 4 fois avant que le boitier réagisse à la déconnection du capteur ! Bug passager ou problème de réseau ? Le Kavale est censé fonctionner partout grâce à l'utilisation d'un double réseau : réseau GSM et réseau Sigfox pour les zones blanches.
  • Le boitier est fourni avec tous ses systèmes d'attache : la petite pochette de cuir est élégante et pour ma part, tout tient très bien ! (Même si par précaution j'ai passé les attaches dans tous les anneaux de ma selle plutôt que simplement sous les quartiers) Ma selle n'est pas abimée et je laisse la pochette en place en permanence.
  • L'application fonctionne en arrière plan : vous pouvez donc continuer à utiliser votre téléphone comme vous le souhaitez, pratique pour moi qui aime faire des photos en balade !
  • Le boitier semble plutôt solide et peut être utilisé sous la pluie. Quoiqu'il en soit, il est garanti 1 an !
  • Le boitier a une autonomie de 5 jours, soit 120h ! Un score tout à fait respectable.
  • Il est possible de partager son boitier avec une autre personne, en créant chacun un compte relié au même boitier. Il est donc envisageable d'acheter un Kavale en commun !
Tapis de selle Képhyre.
Tout de Képhyre vêtus, parés à partir se promener en sécurité (et en toute beauté !).




Mes suggestions d'amélioration pour un boitier parfait

Vous noterez que j'ai écris que mon avis est "plutôt" favorable... Car si je suis convaincue que le boitier Kavale est une bonne invention, il lui manque quelques améliorations pour que je le recommande chaudement à d'autres personnes. Je rappelle cependant que le boitier n'en est qu'à sa première commercialisation et que des évolutions sont déjà prévues (je n'en dis pas plus) ; les prochaines versions promettent donc d'être encore meilleures. Mais voici ce que je recommanderai pour que ce produit soit parfait selon moi :

  • Qu'il soit possible d'éteindre le boitier. En effet, il n'y a pas de bonton on/off actuellement ce qui veut dire que le boitier fonctionne en continu ! Autant dire que quand on sort une ou deux fois par semaine en balade, il faut impérativement prévoir le coup et vérifier la batterie avant de partir (le système de surveillance ne fonctionne qu'avec 25% de batterie minimum). Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis fait avoir au moment de me mettre en selle avec mon Kavale déchargé... Je pense aussi au cas d'un cavalier qui souhaiterait l'utiliser en randonnée : si le boitier pouvait s'éteindre la nuit, il pourrait parfaitement couvrir toute une semaine et plus. 
  • Qu'il y ait un indicateur de batterie directement sur le boitier ou affiché dès l'écran d'accueil de l'application : j'ai mis un peu de temps à comprendre qu'il fallait aller sur l'application, dans "Mes Kavales", sélectionner son boitier, activer le Bluetooth pour enfin voir le pourcentage de batterie restant. 
  • Que le propriétaire du boitier puisse avoir accès à la géolocalisation de son cheval au cas où il fuirait après une chute. Actuellement, seules les destinataires du SMS d'alerte peuvent consulter la géolocalisation du cheval fuyard grâce à un lien. Dommage, car dans le cas contraire, le cavalier qui a chuté sans perdre connaissance pourrait se lancer immédiatement à la recherche de son cheval sans attendre les secours ! 
  • Avoir une géolocalisation de son cheval en direct : pour le moment, il faut recharger le lien envoyé par SMS pour voir les déplacements, ce qui est un peu fastidieux, surtout si l'équidé se déplace vite. 
  • Ajouter une plus value à ce boitier en lui attribuant les compétences d'une véritable montre GPS : pouvoir enregistrer ses parcours de balade avec le tracé, la durée de la sortie, la vitesse moyenne...
Application et boitier connecté Kavale pour partir se balader en sécurité.
On lance l'application mobile Kavale en 2 clics et on peut partir se balader l'esprit léger !


Le dernier mot Jean-Pierre...


Pour conclure, je suis contente d'utiliser le Kavale, il tient tout à fait ses promesses mais gagnerait à faire évoluer ses fonctionnalités... ce qui devrait arriver prochainement. Je remercie toute l'équipe Képhyre, et particulièrement Macha pour sa sympathie et sa disponibilité ; merci pour cette chouette découverte et merci de m'avoir fait confiance pour tester votre innovation. Je crois vraiment que c'est un produit qui a de l'avenir et s'il se développe comme décrit plus haut, je renouvellerai mon abonnement sans hésitation !

Si vous êtes intéressé(e)s ou que vous voulez vous faire votre propre avis, le pack "Balade" est au prix de 249€ pour : un capteur Kavale avec son cordon de sécurité, une attache de selle en cuir, un chargeur de batterie et la garantie pendant 2 ans du boitier. L'abonnement à l'application Kavale est à 49,5€ l'année (25€ pour 6 mois, 13,5€ pour 3 mois). À titre de comparaison, le prix d'une sangle connectée est de 329€ à 599€ chez Seaver et le nouveau pack Equisense Motion est, lui, à 399€. Et oui, la technologie a un coût ! Le boitier Kavale était en prévente jusqu'au 19 juillet et est désormais disponible en commande.














Pour aller plus loin

  • Le site internet de Képhyre
  • La chaine Youtube de Képhyre comprenant la présentation vidéo du boitier et les tutos pour l'attacher

A lire aussi sur le blog

  • Conseils pour partir en balade à cheval en sécurité
Un petit article simple et moins fouillé que d'habitude pour simplement déclarer mon amour pour le travail à pied et semer la petite graine de la curiosité dans la tête de ceux qui n'y se sont encore jamais intéressés. Tellement de possibilités au sol et de bénéfices... Même si je préfère rappeler en introduction que le travail à pied n'a rien de miraculeux. Au sol ou en selle, ce qui compte c'est la clareté de notre communication et notre attitude : être un cavalier respectueux, fiable, constant, qui s'exprime de façon claire et écoute son cheval en retour. C'est comme ça que l'on batit une bonne relation. Le travail à pied n'est qu'un outil de plus, mais un sacrément bon dont il serait dommage de se priver !



Travail à pied ? Quel travail à pied ?


Qu’on se le dise : même si la tendance est à « l’équitation (dite) éthologique » qui pousse beaucoup de cavaliers à vouloir se lancer dans le travail à pied, une bonne partie des cavaliers classiques utilise très peu ce mode de travail, qui n’est pas valorisé non plus dans les clubs. Peut-être ai-je été dans les mauvais centres équestres me direz-vous. Il suffit néanmoins de jeter un œil au programme fédéral pour voir que ce n’est pas une priorité dans l’enseignement équestre français : pendant longtemps, le seul exercice à pied évoqué pendant le passage des galops était la longe, et ce à partir du galop 5-6 seulement et de manière assez basique (faire tourner un cheval sur un cercle). C’est dire la place accordée au travail au sol jusqu’à récemment… La refonte du programme des galop a représenté une petite avancée et a fait la part belle au travail aux longues rênes. Mais c’est encore tellement peu représentatif de la multitude de possibilités qui existent à pied ! Heureusement, des nouvelles disciplines commencent à émerger et à se populariser (Equifeel, Mountain Trail...) et les idées de séance ne manquent pas : 

  • Travail en longe : qui ne se résume pas à faire tourner son cheval sur un cercle, loin de là ! On peut, et même, il FAUT alterner avec des lignes droites ! En licol ou en filet, enrêné ou non, on peut travailler aux 3 allures sur du plat, des cavalettis ou des obstacles. 
  • Travail aux longues rênes : derrière son cheval où en se mettant dans la même position qu’en longe, on peut travailler une multitude d’exercices de dressage avec plus de précision (due aux rênes) et de liberté de mouvement qu’en longe. 
  • Travail à l’épaule : le cavalier se tient au niveau de l’épaule du cheval et le conduit en filet, caveçon ou licol équipé de rênes, en marchant au même niveau que lui pour travailler là encore les exercices de dressage, notamment ceux de rassembler et d’élévation. 
  • Travail en main : terme un peu fourre-tout qui regroupe les exercices plutôt statiques du type cession aux pressions, chasser/aspirer les épaules ou les hanches mais aussi tout ce qui est travail d’éducation (désensibilisation à des objets/bruits/lieux) et de conduite (marcher en main en respectant son guide…). 
  • Travail en liberté : cela peut être du travail très classique comme une ligne d’obstacles, de la longe avec un cheval parfaitement connecté et aux ordres qui n’a plus besoins d’outils pour le cadrer, ou du travail plus fun et freestyle comme suivre son cavalier aux 3 allures, aller tourner autour d’un plot et revenir… 
  • Balade/randonnée à pied : si si, c’est du travail puisque le cardio et la bonne éducation pour faire face à toutes les situations de l’extérieur (réactions face aux voitures et vélos qui passent, autres animaux, environnement inconnus) entrent en jeu ! Cela recoupe le travail en main mais je tenais à souligner que l’extérieur, à pied ou monté, n’est pas synonyme de paresse et facilité mais demande aussi une préparation.
Longues rênes ou longe, ce type de travail à pied est parfait pour débuter avec son cheval.
Se contenter de peu au début et bien observer.



Pourquoi travailler son cheval à pied ?


La question que certains peuvent se poser est : quel intérêt à travailler à pied ? On peut déjà faire tellement de choses en selle, n'est-ce pas suffisant ? Le travail à pied est simplement une clé supplémentaire pour mieux comprendre son cheval et améliorer notre travail. Imaginons l'équitation comme un couteau suisse : monter son cheval pour ne faire que du dressage reviendrait à avoir un simple couteau. Le monter en pratiquant diverses disciplines ajouterait différents types de lames. Pratiquer le travail à pied permet d'avoir un tournevis ! On ne dirait pas comme ça, mais ça va être très utile pour débloquer pas mal de situations et il va parfaitement compléter les lames. Pour moi, le travail à pied est également ce qui va différencier un simple cavalier d'un vrai homme de cheval.

Revenons-en plus précisément aux avantages et bénéfices du travail à pied pour motiver les plus sceptiques. Il permet de :

  • Travailler son cheval sans le poids et les erreurs de son cavalier : sans poids sur le dos qui le déséquilibre ou bloque ses mouvements, sans fautes de mains (sous réserve de travailler en licol ou en caveçon) contredisant les demandes effectuées. Le travail à pied est parfait pour tester son cheval sur un exercice en le laissant réfléchir/se débrouiller ou en l'accompagnant sans être trop présent. Ne pas avoir de cavalier sur le dos lui permet aussi de se mouvoir de façon naturelle et d'exploiter toutes ses capacités physiques sans élément perturbateur. 
  • Préparer physiquement et mentalement son cheval : qui dit pas de poids sur le dos dit possibilité de se muscler et de travailler la souplesse en douceur ! Pour un jeune cheval ou un cheval sortant de convalescence, le travail a pied devrait être un passage obligé pour le (re)mettre en forme : reprendre du souffle, reconstruire du muscle et préparer le mental à la reprise d'un rythme de travail. Ce n'est pas pour rien que l'on commence souvent le travail de désensibilisation à pied : la présence du cavalier à leurs côtés rassure bon nombre de chevaux tout en leur laissant la possibilité de s'exprimer, s'éloigner jusqu'à être prêt à rentrer dans l'exercice. 
  • Faire comprendre un exercice à un cheval : on commence le débourrage à pied et il serait peut être bon de procéder de même pour l'apprentissage de n'importe quel nouveau exercice. Il est plus facile de corriger l'attitude ou la position d'un cheval à pied car nous pouvons utiliser notre positionnement, notre énergie, nos mains, le toucher direct pour lui donner des indications. Le cheval est un animal qui communique par langage corporel : il est très fort pour décrypter nos intentions en nous observant, alors que comprendre des aides en selle n'est pas inné. Un va-et-vient entre le travail à pied et en selle ne sera donc que bénéfique pour faire comprendre un exercice. Exactement comme nous : nous avons besoin parfois que notre interlocuteur reformule sa phrase ou change de méthode pour nous faire comprendre une idée. 
  • Prendre conscience de l’énergie qu’on dégage et de notre propre attitude : parfois nous ne comprenons pas certaines réactions de notre cheval en selle et pour cause, nous manquons de recul sur notre attitude ! Un cheval qui s'agace quand on lui demande de ralentir est souvent une réaction au mauvais timing de son cavalier qui ne relâche pas ses rênes assez vite quand sa monture a cédé. Un cheval toujours tendu à pied peut être une réaction à un cavalier trop exubérant, bruyant, qui ne se rends pas compte du trop plein d'énergie et de pression qu'il dégage. Le travail à pied est un moment privilégié à mon sens pour travailler tout ça : travailler sur soi-même, sur notre attitude, sur notre finesse et sur notre réactivité. 
  • Observer son cheval qui travaille : en selle, nous sentons plus que nous voyions notre cheval travailler. Et pourtant, je trouve très intéressant de pouvoir observer sa monture pour pouvoir comparer ce que l'on voit avec les sensations que l'on a au travail. L'observation de son cheval peut permettre de déceler des problèmes, des faiblesses, des progrès dans sa locomotion comme dans son attitude, et mieux comprendre son fonctionnement. 
  • Varier les séances : eh oui, il faut prendre autant soin du corps que de l'esprit et plus on varie les séances, plus on évite l'ennui et la démotivation ! 
  • Créer du lien avec son cheval : contrairement à ce qu'on essaye de nous faire croire parfois, le travail à pied n'est pas la recette magique pour créer une complicité avec son cheval. Mais ça y contribue ! À pied, le cheval est en mesure de nous observer et de se familiariser à nous. Je pense que c'est un facteur important dans la construction d'une confiance réciproque : notre cheval a besoin de savoir à qui il a affaire, comment on fonctionne, quels sont les codes et les habitudes. À pied, nous avons aussi des interactions plus naturelles (pour lui : usage du langage corporel) et plus nombreuses qui vont amener à plus de dialogue. Enfin, le fait d'amener cette variété de travail à pied dans son quotidien va nous rendre plus intéressant à ses yeux. Ces explications sont un peu simplistes et brèves mais l'idée est là : le temps passé à pied n'est jamais du temps perdu pour sa rapprocher de son cheval.
Prendre du temps à pied avec son cheval.
Observation mutuelle pour mieux se comprendre.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Je pense que vous l'aurez compris à travers cet article mais pour moi le travail à pied est devenu un indispensable ! Je ne m'imagine plus travailler avec un cheval sans auparavant prendre le temps de le découvrir au sol et sans incorporer ce type de séances dans notre quotidien. Suite à l'achat d'Easy, j'ai passé 4 mois à pied et cette phase a été cruciale : elle a posé les bases de notre relation, j'ai appris à le connaitre et à lui faire confiance, elle lui a permis de découvrir son environnement et se familiariser à mon comportement, on a mis en place les premiers codes et le jour où je me suis remise en selle, j'ai ainsi pu le faire sereinement. Encore aujourd'hui, malgré toutes les émotions et les difficultés, j'ai rarement eu peur et j'ai toujours surmonté les phases de déception et ce, grâce au lien que nous avons à pied et à la satisfaction et l'apaisement qu'apportent ces moments partagés au sol. J'ai également un 5 ans exceptionnellement bien dans sa tête, brave, qui passe partout, et je pense que le temps passé à pied en extérieur et à faire de la désensibilisation n'y sont pas étrangers.

Même si vous n'avez jamais travaillé à pied, un peu d'observation, de jugeote et de tact (comme en selle, n'est-ce pas ?) suffisent pour se lancer. La règle d'or est la progressivité : tant que vous la respectez, vous pouvez tâtonner sans risquer de commettre de grosse erreur. Et Dieu merci, les chevaux sont promptes à pardonner tant que l'on se donne la peine de les écouter. En bibliothèque ou sur le net, vous trouverez nombre d'explications écrites ou de vidéos pour débuter même s'il ne faut pas hésiter par la suite à se faire encadrer.














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1 an et demi que Easy m'appartient, un peu plus d'1 an qu'on travaille monté. Quel bilan tirer de cette première année, moi qui ne voulait pas de cheval réformé de course ? Que penser de toutes les annonces d'achat spécifiant "pas de trotteur" maintenant que je sais ce que signifie réellement acheter un trotteur ? Finalement, les gens ont-ils raisons de vouloir éviter les trotteurs ?



La reconversion d'un trotteur, mon chemin de croix...


Lorsque je me suis mise à la recherche de mon futur destrier, je ne voulais pas de réformé simplement par crainte que leur passé de course les ait abîmés et de me retrouver face à un vice caché. Quand finalement j'ai craqué sur Easy, je me suis dit que c'était une belle occasion de lutter contre les préjugés et un beau challenge à relever #visionultraoptimiste. La vérité, c'est que je n'avais pas conscience de ce qui m'attendait. Je n'avais jamais travaillé de jeune cheval. Je n'avais jamais fait le travail de réforme d'un cheval de course. Alors les deux en même temps, je n'étais clairement pas prête. Et quand je vois maintenant toutes les annonces de trotteurs à réformer où il est mentionné "ok débutant", je m'étrangle.

Clairement, la réputation de grand cœur des trotteurs n'est pas usurpée. Easy est un vrai gentil, il n'y a pas une once de vice en lui, il pardonne toutes mes erreurs et se prête avec bonne humeur à tous mes tâtonnements et essais. Les 2 autres trotteurs que j'ai côtoyé dans ma vie m'ont également donné ce sentiment. Et pourtant, gentil ne veut pas dire facile, loin de là. Oui, il n'essaye jamais de me mettre à terre, mais il faut tenir en selle quand il démarre à fond, coupe ses virages, fait ses changements de direction brusques parce qu'on ne lui a appris qu'à aller vite. Oui, il met de la bonne volonté dans son apprentissage de la vie de cheval de selle, mais il faut réussir à décoder ses réactions vives et blocages qui viennent de son passé. Oui, il est obéissant, mais il faut justement avoir la patience de lui désapprendre tout ce qu'on lui a inculqué durant ses premières années.

"Se contenter de peu, récompenser beaucoup"


Je vous spoile dès maintenant la conclusion de cet article : non, je ne regrette pas d'avoir acheté un trotteur. Ce cheval, c'est une partie de moi, je l'aime plus que tout, je le trouve extraordinaire, j'adore son caractère et sa grosse tête un peu busquée. Il a les qualités que je cherchais (gentillesse, courage, curiosité) et je suis intimement persuadée qu'il va vraiment nous surprendre un jour. Si c'était à refaire, je re-signerais son contrat de vente.

Pour autant, il y a des jours où les nuages s'amoncellent au-dessus de ma tête et où je me sens coincée. Car ce cheval, je ne m'en séparerais jamais. C'est mon bonheur et ma croix. Le chemin de sa reconversion est tellement long, semé de remises en question et de doutes, que parfois je me demande si j'ai les épaules pour assumer et assurer. Parfois, je me demande si je ne suis pas passé à côté de quelque chose en n'achetant pas un cheval de plus de 8 ans, bien mis et sans surprise. Comme j'avais prévu avant que mon impatience s'en mêle.

Je voulais simplement avoir un cheval à choyer, avec qui me faire plaisir sans prise de tête, un cheval si gentil qu'il m'aurait peut-être emmené sur mes premiers vrais concours. Et cette vision idéale, dans combien de temps l'atteindrais-je avec Easy ? Si j'arrive à l'atteindre à jour, car ai-je vraiment le niveau pour mener à bien une reconversion ? C'est parfois si difficile et disons-le, décevant, puisque la progression n'est pas rectiligne. Un pas en avant, trois pas en arrière : de véritables montagnes russes émotionnelles associées à la pression de se comparer à d'autres propriétaires de trotteurs du même âge (ou pire, plus jeunes) et tellement plus avancés dans le travail que nous... Mes projets de vie vont également évoluer dans les prochaines années, avec le fait de fonder une famille en ligne de mire. Je n'aurais peut-être plus autant de temps pour l'équitation et alors, je n'aurais jamais pû profiter de la vie de propriétaire comme j'en rêvais...?



... et ma plus belle aventure équestre


Vous l'aurez compris, acheter un trotteur, ce n'est pas simple émotionnellement parlant. Quand faire un tour de piste dans un trot calme est un défi, même au bout de plusieurs mois de travail, il vaut mieux avoir des ressources de patience et de confiance illimitées. Surtout qu'on ne sait jamais au bout du compte à quel point le cheval se reconvertira (oui, il faut le reconnaître : même avec du travail, certains trotteurs ne galoperont jamais correctement) : c'est un vrai pari sur l'avenir ! Parfois certains projets doivent être mis de côté, pour un temps ou définitivement... parfois certains naissent des bonnes surprises qu'ils nous réservent ! Trotteur n'est pas forcément un facteur limitant : Easy galope avec plaisir, sort en extérieur seul ou accompagné, saute sans rien regarder, a bel allure sur le plat quand il est sage.

Mais quoiqu'il en soit, ce sont aussi toutes ces difficultés et incertitudes qui font de l'achat d'un trotteur une aventure formidable. On s'embarque là-dedans avec notre cœur en bandoulière et notre optimisme comme bouclier. On y met toutes nos tripes et bon Dieu ils nous le rendent tellement ! Comme je l'ai dit plus haut, leur cœur en or est leur plus grosse arme de séduction. Les difficultés valent la peine d'être surmontées car ce sont des chevaux surprenants par les ressources qu'ils sont capables de trouver pour faire plaisir à leur cavalier. On ne sait pas vraiment jusqu'où ils vont nous emmener, mais on sait que chaque déception sera compensée par une réussite.

Travailler au pas dans le calme et la décontraction : ça ne semble rien, mais
pour nous c'est une petite victoire !


Il n'y a rien de plus gratifiant que de voir les progrès accomplis par ces chevaux qui partent parfois de si loin. De se dire qu'on a pris part à ces progrès, qu'on a réussi à débloquer une situation, surmonter un problème ou un traumatisme, réussi à transmettre quelque chose, à donner envie de réaliser un exercice. Qu'on a réussi à les remettre en état physiquement et mentalement. Vous me direz que ça ne diffère en rien de chaque progrès effectué avec n'importe quel cheval. Mais, de mon point de vue, le travail avec un trotteur est si particulier que les victoires n'ont pas la même saveur.

Ces chevaux là nous en apprennent autant sur l'équitation que sur nous-mêmes. Le travail de reconversion d'un trotteur est une vraie leçon de vie. Ils vous réapprennent la patience et l'humilité car rien n'est jamais acquis. Ils vous apprennent à apprécier le moindre progrès car ils sont longs à venir. Ils vous mettent face à vous-même en vous obligeant sans cesse à revoir vos pratiques et vos convictions. Ils dévoilent vos faiblesses mais vous donnent l'opportunité de les combattre. Ils ne donnent leur cœur que si vous donnez le vôtre. Ce sont des chevaux d'une grande sensibilité qui touchent la vôtre : on vit plus fort l'aventure équestre à leur côté car elle est haute en couleurs. Avec Easy, je pleure, je ris, je m'effraie, je m'extasie et c'est ce qui fait que c'est la plus belle relation et la plus belle aventure équestre de ma vie. Et c'est ce qui fait que tous les sacrifices en vaudront la peine au bout du compte. Pour tout ce qu'il me fait vivre. J'en suis persuadée.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Pour conclure, je ne regrette pas l'achat d'un trotteur car j'adore le caractère d'Easy (et tout le reste chez lui) et je ne pense pas que sa race ou son passé seront un obstacle à nos objectifs équestres. Mais je ne recommanderais pas cette race à un débutant, à un compétiteur avec des objectifs très précis, à un cavalier de loisir voulant se faire plaisir immédiatement, à quelqu'un de trop fragile. Le travail d'un trotteur est une aventure passionnée, dans le sens étymologique du terme : violente, intense, que l'on subit parfois, qu'on ne contrôle pas toujours mais dont on est fou et dépendant. Je pense que les trotteurs sont des chevaux possédant un vrai trésor caché, mais qu'il faut être prêt à relever toutes les épreuves pour avoir le droit à sa part du butin.

Bref, suite à mon expérience, qui ne fait que commencer, je vous met en garde et vous encourage à la fois à vous lancer dans l'achat d'un trotteur ! Et moi, est-ce que je serais capable de recommencer dans le futur ? C'est comme une grande histoire d'amour : je vous dirais qu'on a qu'une seule âme sœur donc non, c'est une aventure qu'on vit si intensément qu'une seule fois... Mais l'amour refait toujours surface et peut prendre de multiple formes, alors pourquoi pas... ;)














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  • Décider d'acheter un cheval : entre rêve et cauchemar

Récemment, on m’a dit en commentaire sur ma page Facebook que si la robe alezane n’est pas appréciée chez les chevaux, c’est qu’il a été prouvé que les alezans sont plus effrontés que les autres. Mon premier réflexe a été de me dire que c’est une légende urbaine mais après recherche, c’est une remarque fondée dans le sens où on a longtemps considéré que la robe était déterminante dans le caractère du cheval et que la science n’a toujours pas tranché à 100% ! Retour sur diverses croyances et théories.



La théorie des humeurs selon la robe de Solleysel


Jacques de Solleysel (1617 – 1680) était un cavalier passionné et écuyer de renom : il intègre en 1635 l’académie de Pluvinel (Antoine de Pluvinel étant un des précurseurs de l’école d’équitation française, rien que ça) puis devient de 1653 à 1658 directeur de l’académie Bernardi, qui est considérée à l’époque comme une des meilleures écoles d’équitation d’Europe. Il publie par la suite plusieurs ouvrages de référence, dont celui qui nous intéresse et certainement le plus célèbre : « Le parfait maréchal » (1664), un ouvrage volumineux traitant de tous les sujets ayant trait au cheval (méthodes d’élevage, matériel utilisé, soins des chevaux, considérations diverses… pour le récompenser de son talent, Louis XIV le fit même écuyer ordinaire de sa grande Écurie la même année !).

Pourquoi je vous fais ce petit cours d’histoire ? Car Solleysel, avec tout son sérieux et toute son expérience, parlait dans son ouvrage de la théorie des humeurs associée à la robe des chevaux, véritable nouveauté ! La théorie des humeurs existe depuis l’Antiquité et se base sur la croyance que le corps est constitué des 4 éléments fondamentaux, liés à des éléments biologiques, dont les caractéristiques déterminent des « humeurs », c’est-à-dire des états d’âme persistants : 
  • Eau = froid et humide = la pituite (liquide cérébro-spinal) = caractère flegmatique (calme presque apathique) 
  • Feu = chaud et sec = la bile jaune = caractère bileux (inquiet et colérique) 
  • Air = chaud et humide = le sang = caractère sanguin (vif et joyeux) 
  • Terre = froid et sec = la bile noire/atrabile = caractère mélancolique (triste) 

Pour être en bonne santé, il faut que les 4 humeurs soient présentes à parts égales. Pour Solleysel, les humeurs étaient directement liées à la robe du cheval : « Le cheval auquel la pituite domine s'appelle le cheval flegmatique, et est la plupart du temps de couleur de lait, blanchâtre et par conséquent tardif, stupide et pesant ». Ces chevaux sont « lourds, paresseux, charnus, mous, lymphatiques, comme ceux nés et élevés dans des pays bas humides […]. Considérés dans les premières années de leur vie, ils [avaient] ordinairement l’œil couvert, petit, comme enfoncé dans l’orbite, et les paupières épaisses ».

En résumé, selon ses observations : 
  • Robe bai = cheval sanguin 
  • Robes claires (gris) = cheval flegmatique 
  • Robe noire = cheval mélancolique 
  • Robe alezane = cheval bileux

Théorie des humeurs selon la couleur du cheval.
L'alezan, sanguin ? Je vois pas du tout de quoi vous parlez !


Les chevaux à robe unie sont donc peu appréciés car ils ont un trop plein d’une certaine humeur. Le cheval parfait devrait plutôt avoir la robe et le crin de couleurs différentes, et des balzanes ou une liste pour équilibrer les humeurs. Il semblerait d’ailleurs que Solleysel ait écrit dans son ouvrage que les maquignons dessinaient des pelotes sur le front des chevaux noirs zain (donc sans poils blancs) afin de mieux les vendre en faisant croire à un meilleur équilibre. A contrario, Solleysel considérait que des balzanes trop hautes étaient mauvais signe car elles faisaient penser à la couleur d’une pie (l’oiseau au ventre blanc) qui n’est pas un animal aux grandes qualités.

Depuis, bien évidemment, la théorie des humeurs a totalement été abandonnée et réfutée par la médecine moderne (car oui, on soignait différemment suivant les humeurs : on pratiquait plus facilement une saignée sur un sanguin malade, car il avait justement trop de sang…).



La robe unie valorisée par les cavaliers arabes du 19ème siècle


On avance dans le temps pour arriver en 1861, époque où le général Eugène Daumas, passé par l’Ecole de Cavalerie de Saumur, publie un recueil d’observations faites pendant ses campagnes en Algérie et autres pays du Moyen-Orient : « Principes généraux du cavalier arabe ». Terre des bédouins, peuple cavalier par excellence, le général revient avec de nombreuses maximes très précises sur l’analyse de ce qu’est un bon ou un mauvais cheval et comment le soigner. Au sujet des robes, il est clairement dit :

« Choisis des robes franches et foncées. Les robes claires et lavées, ainsi que les taches blanches à la tête, sur le corps et aux extrémités, surtout quand elles sont larges, longues ou hautes ; regarde-les comme des dégénérescences de race et des indices de faiblesse. »

Les croyances des cavaliers arabes sont donc totalement à l’opposé de celles de Jacques de Solleysel, puisqu’ils favorisent les robes unies et foncées ! Là déjà, on peut remettre en doute la fiabilité de la théorie selon laquelle il y aurait un lien entre la robe et le caractère, puisque les attributs de chaque robe diffèrent selon les goûts et les observations de chacun.

Pur sang arabe noir.
Du coup là, on est sensés être pas loin de la perfection...
(je suis plutôt d'accord ♥)



Le nombre de balzanes, signe de qualité


« Cheval de un, cheval de rien / Balzane une, cheval de fortune
Cheval de deux, cheval de gueux / Balzane deux, cheval de gueux
Cheval de Trois, cheval de roi / Balzane trois, cheval de roi
Cheval de quatre, cheval à abattre / Balzane quatre, cheval à abattre »

Qui n’a jamais entendu ce proverbe, dont on n’arrive pourtant pas à rétablir l’origine ? Très populaire, je le comprenais pourtant à l’envers (et ça me fait faire des vers, ahah). « Balzane trois, cheval de roi » ne signifie pas que le cheval a une grande valeur ou est un fier destrier, non. La croyance populaire veut que la corne blanche soit plus fragile que la noire. Un cheval avec une balzane a plus de chance d’avoir un sabot blanc, donc un pied plus fragile et difficile à entretenir.

De là : un cheval avec une seule balzane est un « cheval de rien » car il ne coûte rien à entretenir avec un seul pied blanc. C’est un « cheval de fortune » car on a de la chance qu’il n’ait qu’une balzane, et on pourra justement garder notre fortune. Le « cheval de gueux » peut être entretenu par un gueux, donc quelqu’un d’un niveau social modeste voire bas. Avec trois balzanes, donc trois pieds fragiles, seul un roi peut entretenir ce type de cheval. Et enfin avec quatre balzanes, on abat plutôt que de s’embêter avec 4 pieds défectueux.

Même si ce proverbe tient plus de la comptine qu'on répète sans être trop prise au sérieux, il est quand même largement connu et méritait d'être cité.



Les préjugés actuels et la science


Encore aujourd’hui, de nombreuses croyances persistent, auxquelles la science apporte toutefois des réponses. Par exemple, on répète encore qu’un cheval au tour de l’œil blanc est un cheval fou ou du moins « sur l’œil », justement. Sans doute car cela fait penser aux chevaux affolés qui ouvrent grands les yeux au point que l’on voit le blanc autour. Mais en réalité, si certains chevaux ont le tour de l’œil blanc même au repos et calmes, c’est tout simplement car leur sclérotique (membrane entourant les yeux) est blanche ! La majorité des chevaux l’ont colorée, d’où le fait qu’on le remarque et que cela surprenne sur les quelques spécimens où elle est ivoire. C'est tout simplement une caractéristique génétique, comme la couleur de la robe.

Cheval à l'oeil blanc fou.
Les appaloosas ont souvent le tour de l'oeil blanc, ce qui tient plus
d'une caractéristique de la race que d'une folie généralisée !


Concernant la corne blanche dont on parlait un peu plus tôt, a priori aucune étude n’est venue confirmer que la couleur aurait un quelconque lien avec la qualité du pied. Peut-être la corne blanche est-elle un peu plus friable, mais la solidité dépend de d’autres paramètres : génétique, entretien des pieds, nourriture, conditions de vie… Il semblerait plutôt que dans l'imaginaire commun, le blanc soit associé à une certaine notion de faiblesse : la peau rose sous le poil blanc qui est plus sensible et fragile, notamment aux coups de soleil, la robe « blanche » (en réalité grise) sujette aux mélanomes, l'albinisme (qui n'existe pas chez les chevaux)…

Enfin, reparlons des fameux chevaux alezans de l’introduction : la croyance selon laquelle ils sont plus caractériels est tellement tenace que les juments (= pisseuses) alezanes sont même devenues les bêtes noires de certains cavaliers ! À tel point qu’une étude a été menée en 2016 par des chercheurs du Département de l’élevage et la génétique animale de l’université suédoise des sciences de l’Agriculture d'Uppsala, afin de déterminer si la robe, et plus particulièrement l’alezan, a bel et bien un lien avec le comportement du cheval.

L’étude a conclu que rien n’indique que les chevaux alezans sont plus susceptibles ou difficiles que les autres au quotidien (entrainement et entretien). Par contre, ils ont en effet remarqué qu’ils font plus souvent preuve d’audace/courage (ce qui est positif !) face à l’inconnu et à leur environnement que les autres robes. Cela suggère que la sélection génétique du phénotype alezan peut avoir involontairement entrainé la sélection de ce trait de caractère, même si rien ne prouve pour le moment cette théorie et que d’autres études seraient nécessaire pour le confirmer. Le doute est encore permis…



Le dernier mot Jean-Pierre…


En bref, on constate que l’association robe – caractère ne date pas d’hier et tient un peu du délit de « sale gueule » : on sait que ce n’est pas rationnel, mais on ne peut étouffer son ressentit et on trouve toujours autant d’exemples que de contre exemples dans les expériences de chacun.

La science laisse encore planer un petit doute : on sait déjà que la robe grise est "associée" à une maladie (mélanomes causés par l’accumulation de pigments, en bref), alors pourquoi une robe ne serait pas associée à un trait de caractère ? Toujours est-il que sans conclusion ferme, la dernière étude alerte sur un phénomène, lui, bien réel : passer sous silence la mal-être et les soucis de certains chevaux à cause de nos croyances sur les robes. Un cheval alezan rue et se défend sous la selle ? C’est juste son mauvais caractère (mais enfaite non, il a mal au dos car sa selle ne lui va pas). Un cheval aux pieds blancs déferre sans cesse ? C’est juste sa corne blanche de mauvaise qualité (alors qu’il a une carence alimentaire qui affecte la qualité de sa corne). Certains cavaliers ne prennent pas au sérieux les signaux envoyés par leurs chevaux, sous prétexte que ce comportement serait "dans leur caractère". Attention à toujours faire un check-up véto avant de sauter à des conclusions simplistes ! 

Peu importe la robe, on aime nos chevaux car ils sont tous hauts en couleurs, et c’est pour ça qu’ils méritent le meilleur !

















Pour aller plus loin

  • Extrait du "Parfait maréchal" par Jacques de Solleysel
  • Explication de la théorie des humeurs
  • Parution vétérinaire sur l'uvéite et son traitement entre 1761 et 1838, citant de Solleysel (ex p 58)
  • La médecine des écuyers, à travers les écrits de Markham et de Solleyse
  • Principes généraux du cavalier arabe par le Général Daumas
  • Article The Horse "Les alezans sont-ils fous ? Pas nécessairement, disent les scientifiques" (+ lien de l'étude de l'université d'Uppsala "La relation entre le phénotype de la couleur de la robe et le comportement équin : une étude préliminaire")

A lire aussi sur le blog

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