In Équitation
J'ai testé pour vous... être invitée aux Masterclass du Haras de la Cense !
14 décembre
Le 16 septembre dernier, j'ai eu la chance d'être invitée - oui oui, invitée genre comme une VIP - dans un haras et pas des moindres: celui de la Cense ! Grosse émotion,
In Easy Story
J'AI ACHETÉ UN CHEVAL !!!
15 novembre
J’AI ENVIE D’ÉCRIRE QU’EN MAJUSCULES TELLEMENT JE SUIS CONTENTE ET J’AI ENVIE DE HURLER MA JOIE, MAIS C’EST UN PEU AGAÇANT À LIRE ET VOUS ALLEZ CROIRE QUE JE SUIS EN COLÈRE. Bref,
In Réflexion
Les cavaliers, de mauvais sportifs ?
12 octobre
L’automne commence à peine qu’on sent déjà l’odeur de raclette au coin de la rue et bim, je vous sors un article sur le sport pour vous rappeler à de bonnes résolutions et
Brigitte Bardot en avait parlé. Des politiques l'avaient proposé. A l'approche de la Présidentielle, cela a été remis sur le tapis (par Nicolas Dupont-Aignan notamment). De quoi je parle ? De la proposition de changement de statut du cheval pour le faire entrer dans la catégorie "animal de compagnie". A chaque fois cela a été refusé et pour moi c'est tant mieux car non, je ne souhaite pas que mon cheval devienne mon animal de compagnie.
Le cheval de compagnie, un danger pour la filière équestre ?
Le cheval est actuellement considéré par la loi comme un animal de rente, c'est-à-dire un animal élevé ou gardé pour sa rentabilité, à la base via "la production de denrées alimentaires, de laine, de peaux ou d'autres fins agricoles". Nous sommes bien d'accords que cette définition ne convient plus à la situation actuelle du cheval. Bien que la majorité des chevaux soient toujours utilisés dans l'optique d'être rentables (vendre cher un poulain avec de bons papiers, gagner de l'argent en faisant des résultats en concours, trouver une cavalerie gentille et résistante pour faire tourner un club), c'est désormais au travers d'une utilisation sportive et de loisir qui fait entrer une dimension affective et émotionnelle dans l'équation. Le cheval ne joue plus dans le même cour que les autres animaux "agricoles".
Mais pour autant, peut-on dire que le cheval est un animal de compagnie ? Un "animal détenu par l'homme pour son agrément et en tant que compagnon" comme un chien ou un chat ? La réponse est oui... dans une certaine mesure. S'il est improbable d'imaginer son cheval lové sur son tapis de salon, il est tout à fait possible d'en posséder un pour le simple plaisir de profiter de sa présence (comme le font les "équi-piétons"). Alors la question est réglée ? Pas vraiment. Catégoriser le cheval comme animal de compagnie permettrait de reconnaître que la valeur affective est plus importante que la valeur marchande dans la relation qu'entretiennent les cavaliers avec leurs chevaux. Ce qui serait appréciable, mais qui n'est pas la motivation première des personnes qui demandent ce changement de statut. Non, leur but est simplement d'exclure définitivement les chevaux de la consommation humaine et animale, car on ne peut pas manger un animal de compagnie. Un projet beau mais utopique : la France n'est pas prête à se passer de viande chevaline du jour au lendemain et si on ne peut plus la produire sur place, que fera-t-on ? On augmentera les importations de chevaux venus d'on ne sait d'où dans des conditions plus qu’effroyables. Et si on ne peut plus consommer de viande de cheval du tout, on peut dire bye bye à la majorité des races de trait (quid de la diversité génétique ? Les traits ont leur place ailleurs que dans nos assiettes, mais l'évolution est (trop) lente...). Bref, je ne suis pas sûre que ce soit la solution idéale.
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Des champs de labour aux manèges, la place du cheval a et continue d'évoluer.. Crédit: cyberhorse.net.au |
Sans compter que ce changement de statut pourrait provoquer d'autres "dommages collatéraux" non négligeables : la Convention Européenne pour la Protection des Animaux de Compagnie stipule dans son article 7 "aucun animal de compagnie ne doit être dressé d'une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien-être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelles ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d'inutiles douleurs, souffrances ou angoisses". En soi, cet article vise à protéger les animaux de tout abus, ce qui est très bien, mais il est trop ouvert à l'interprétation dans le milieu équestre. Est-ce qu'une cravache, des éperons ou même un mors un peu sévère ne seraient pas considérés comme des "moyens artificiels" à proscrire, quand bien même ils sont en réalité des outils de précision quand bien utilisés ? De même, le dressage, le CSO, le CCE à partir d'un certain niveau ne seraient-ils pas considérés comme pouvant porter préjudice à la santé et au bien-être des chevaux ? Ou tout simplement le fait de monter sur le dos de nos équidés, ne serait-ce pas déjà dépasser les capacités ou forces naturelles du cheval (quand on sait que, d'après des études, la majorité des chevaux ont mal au dos) ? Que dire des courses hippiques, qui cumulent à la fois effort physique intense et jeu d'argent ?... Cette place laissée au jugement de chacun pourrait signer la fin de bien des disciplines.
"De compagnie", une classification trop réductrice
En dehors de ces considérations d'ordre légal, la classification du cheval en "animal de compagnie" ne me convient pas car je trouve que le terme "de compagnie" et sa définition (qui précise parfois de faire vivre l'animal sous son toit) ne correspondent pas à la réalité et surtout, sont trop réducteurs.
Je vois la classification "de compagnie" comme minimisant la potentielle dangerosité de détenir un tel animal sans connaissances. "De compagnie", cela revient pour moi à le mettre sur le même plan que n'importe quel autre animal domestique alors que ses besoins et les connaissances nécessaires à son bien-être sont bien différents et plus complexes ! Je ne voudrais pas que l'on en vienne à se dire qu'on peut acheter un cheval aussi facilement qu'une souris : on voit déjà les dégâts que peuvent causer un néophyte en achetant un NAC (maltraitance, négligence, mauvaise éducation)... imaginez avec un animal encore plus coûteux, imposant et puissant ! Cette banalisation du cheval est d'autant plus dangereuse que l'on a déjà affaire, selon moi, à un phénomène "d'amateurisation" parmi les cavaliers. Nous (je m'inclue donc également) ne sommes plus capables de nous débrouiller seuls pour la gestion d'un cheval : nous sommes entourés d'une armée de plus en plus imposante de spécialistes (pareur, maréchal, vétérinaire, ostéopathe, dentiste, masseur, algo-thérapeute, pratiquant de shiatsu, kinésithérapeute, saddle fitter...) pour faire de la bobologie et ce sont les gérants et palefreniers qui gèrent le quotidien et les bases (nourrir le cheval avec quoi et comment, faire son box correctement, entretenir sa pâture, faire un planning d'entrainement cohérent...). Je ne remets pas en cause tous ces professionnels du milieu, qui ont bien une raison d'être, mais je déplore le fait que nous, cavaliers, devenions des assistés (à des degrés plus ou moins élevés, bien entendu) qui ont perdu l’œil, le savoir-faire, la réflexion, les connaissances des anciens "hommes et femmes de cheval". Aujourd'hui, on se laisse guider par d'autres et par la norme : débourrage à 3 ans car "c'est comme ça", ferrage systématique, nourrit avec le grain de l'écurie sans se poser d'autre question, on s'en remet aveuglement à des "pros" car ils ont la bonne étiquette...
Mais plus encore, je vois le terme "de compagnie" comme une méconnaissance du lien si particulier qui unit un cavalier à son cheval. J'ai tendance à penser qu'un chat, un chien nous tiennent bel et bien compagnie car ils sont présents au quotidien comme des amis, des membres de la famille. La relation avec le cheval est différente, plus consciente et plus impliquante puisqu'on choisit quand et combien de temps on lui consacre. Le cheval n'est pas en permanence à nos côtés, dans notre paysage : il a le droit à des moments qui lui sont pleinement consacrés, à lui et lui seul. Un peu comme un début de relation amoureuse, et c'est bien pour ça que l'on parle si souvent de "passion" pour les chevaux. Et le lien qui en résulte n'est semblable à aucun autre tissé avec d'autres espèces. On fait corps avec son cheval, dans tous les sens du terme : on partage des ressentis, des émotions, des sensations. On propose, on discute, on échange. On se détend, on travail, on se dépasse. Il voit en nous et on se voit en lui. Son corps devient un prolongement du nôtre. Aucune relation homme-animal n'est aussi ancienne et intime que celle-ci. Le cheval n'est plus une part de notre entourage, il est une part de nous. Un cheval sans cavalier reste un cheval, mais un cavalier sans cheval n'est plus rien. C'est difficile de mettre des mots sur quelque chose qui se ressent mais je pense que vous m'avez compris: le cheval est tellement plus qu'une simple "compagnie".
Le dernier mot Jean-Pierre...
Il est difficile en un seul article (pourtant long) de décrire précisément le fond de ma pensée avec toutes ses nuances. Le portrait que je dresse des cavaliers d'aujourd'hui n'est pas flatteur (mais le trait volontairement grossi) et ma façon de voir les choses risque de ne pas plaire à tout le monde : ce n'est pas une vérité absolue mais bien une réflexion tout à fait personnelle... et qui peut encore évoluer. D'autant que ma vision, je le reconnais, est biaisée par mon désir égoïste de continuer librement à monter à cheval et à pratiquer toutes sortes d'activités en selle. Car je pense que cela reste compatible avec le respect de l'intégrité des équidés, que cela n'empêche pas de les aimer profondément et de les rendre heureux. Bref, d'autres lois et notamment la reconnaissance par l'Assemblée Nationale le 28 janvier 2015 des animaux comme "êtres vivants doués de sensibilité"(nouvel article 515-14 du Code civil) œuvrent déjà à protéger le cheval et à le faire reconnaître comme étant plus qu'un objet de rente. Mais je ne souhaite pas pour autant qu'il devienne un simple objet d'admiration et être amputée d'une partie de tout ce qu'il peut m'apporter, en selle comme à pied. La solution serait-elle dans la création d'un nouveau statut ?...
Le mythe de l'étalon noir n'est pas mort ! Il n'y a qu'à faire un tour dans les clubs pour s'apercevoir que les chevaux difficiles flattent l'ego de ceux qui arrivent à les