La Crinière Blonde, blog de réflexions équestres.
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Pour un cavalier, son cheval, c'est un peu son sang, sa vie (sans exagération aucune, bien sûr). Mais ne dit-on pas qu'un cheval sans cavalier est toujours un cheval alors qu'un cavalier sans cheval n'est plus que l'ombre de lui-même redevient un simple humain ? Notre cheval on l'aime, on le chouchoute, on lui sacrifie tout car on sait bien que sans lui, il nous manque une partie de nous-même. Oui, c'est bien notre bébé et pour les sceptiques, voilà 10 faits qui le prouvent :


1. Quand tu as annoncé que tu allais acheter un cheval, ton entourage était partagé ("tu es trop jeune, est-ce que c'est le bon moment ? Tu veux vraiment t'engager sur si longtemps ?..."). Mais une fois arrivé, tout le monde veut le rencontrer, le papouiller et demande ce qu'il faut lui acheter.

Tête bizarre bébé.
La tronche de ton cheval face à la moitié de ta famille, ces
inconnus réunis en demi-cercle devant son box et qui veulent le toucher. 


2. Tes parents gardent désormais tout leur pain sec, leurs pommes, leurs carottes pour ton "grand bébé".

Carotte pour cheval.
Qu'ils mettent d'office dans ta main, dans ton sac, dans ta voiture pour
ne pas que tu les oublient, PARTOUT.


3. Tu ne recules plus devant aucune concession pour assurer le bien-être de Pompom.

Manger des pâtes pour nourrir son cheval.
Manger des pâtes pendant 3 mois pour lui acheter
une nouvelle selle mieux pour son dos ? Ok !


4. Tu lui donnes des surnoms mièvres, dégoulinants d'amour et ridicules à n'en plus finir sans jamais avoir honte.

Surnoms ridicules pour poney.
Plus c'est honteux, mieux c'est ! Hein "Poupoudamourbébéàsamère" ?


5. Tu sais au fond de toi que ce n'est pas vrai, mais ça ne t'empêche pas de penser que ton cheval, c'est le plus beau de toute la terre.

Mon cheval est le plus beau.
Moi, quand je dis que ma trottinette est plus belle à regarder trotter que Totilas.


6. Comme une vraie mère, tu t'inquiètes de toutes les premières fois, pour le moindre bobo, le moindre changement...: est-ce qu'il ne va pas avoir trop froid pour sa première nuit dehors ? Est-ce qu'il va se faire des copains dans ce troupeau ? Est-ce qu'il ne va pas m'en vouloir si je ne passe pas lui donner ses carottes ? Il est un peu panard, sa locomotion ne va-t-elle pas se dégrader jusqu'à ce qu'il devienne infirme ??

Stress maladie cheval.
Ton état quand on t'annonce simplement qu'il tousse
et que tu penses à une triple pneumonie.


7. Tu prends désormais plus de plaisir à faire du shopping pour lui que pour toi. Pire, tu culpabilise même quand tu utilises ton argent pour autre chose que pour lui.

Comment gérer son argent quand on a un cheval.
La gestion de ton budget depuis que tu as un cheval. Basiquement.


8. Il t'arrive régulièrement de décliner des sorties et autres propositions car tu dois t'occuper de Poney.

Je ne peux pas me passer de mon cheval.
Quand tes potes te disent que tu peux bien te passer de lui pour UNE soirée.


9. Depuis que tu es propriétaire, tout le monde y va de son petit conseil sur comment tu devrais monter, comment tu devrais t'occuper de Pompon, quel matériel utiliser...

Ces gens qui jugent ton équitation.
Quand tu écoutes la 3ème personne différente qui te donne des "conseils"...

Mauvais conseils d'équitation.
... ta réaction au bout de la 10ème...


10. Comme une mère, tu as choisi ton statut de propriétaire, tu as choisi d'avoir ce cheval, tu en rêvais même donc de facto, tu es censée être toujours heureuse et ne jamais te plaindre face à tout le bonheur qu'il t'apporte.

Etre propriétaire d'un cheval, c'est toujours du bonheur.
Deuxième colique de Pompom, toujours un dimanche férié. Tout va bien, tu l'aimes.
(Le compte en banque de ton véto aussi)



Alors, toi aussi ton cheval c'est ton bébé ?




Le 16 septembre dernier, j'ai eu la chance d'être invitée - oui oui, invitée genre comme une VIP - dans un haras et pas des moindres: celui de la Cense ! Grosse émotion, mon petit blog me donne accès à un événement auquel je voulais participer et comme c'est grâce à vous que j'en suis là, je vous raconte tout, même les coulisses, en détail !



Le Haras de la Cense en quelques mots


On ne va pas y passer 3 heures parce que je pense qu'on ne les présente plus, mais pour mémoire la Cense c'est :
 
  • Un lieu magnifique : le genre d'écurie que tu ne vois que dans les films, cet endroit où tu te dis qu'ils doivent passer la tondeuse tous les matins et avoir une armée de palefreniers cachés dans les buissons avec leur pelle à crottin tellement tout est carré et clean ! 200 hectares dans la forêt de Rambouillet, autant te dire qu'il te faut une voiturette de golf (ou un cheval, ça tombe bien) pour tout voir mais prenez le temps, ça vaut le détour ! Écuries, prés, manège, carrière, rond de longe, cross, tout cela bien conçu dans un bel écrin de verdure. 
  • Une philosophie : en quelques mots: il faut comprendre le cheval pour qu'il nous comprenne et pouvoir lui apprendre des choses, connaitre sa vraie nature pour avoir les bons outils pour communiquer avec. Une approche éthologique qu'a fait sienne William Kriegel dans les années 90 après avoir rencontré les pionniers américains de cette équitation. Il décline alors cette philosophie cavalière où le cheval est au cœur de toutes les préoccupations en plusieurs éléments: un Bachelor of Science Natural Horsemanship aux Etats Unis avec l'Université de Dillon (Montana), une fondation dédiée à la transmission du savoir-faire en matière d’éducation de cheval et enfin le Haras de la Cense pour propager cette approche en France. 
  • Une méthode : la désormais célèbre Méthode La Cense est un programme de formation à la fois du cheval et du cavalier, décliné en 8 Degrés d'exercices couvrant le travail à pied, en selle et en liberté. Elle se veut être un véritable outil d'apprentissage utilisable dans n'importe quelle discipline, et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle a été déclinée en livre et en e-campus afin que chacun puisse l'adopter. Et on peut dire que ça a marché puisque la méthode La Cense est devenue une véritable référence en France en matière d'équitation éthologique.
Sculpture du Haras de la Cense.
Kikou l'écurie trop propre pour être vraie !



Les Masterclass, kézako ?


Les Masterclass ont lieu au cours des Rencontres de la Cense, un rendez-vous qui n'a lieu que tous les 2 ans mais qui rassemble la crème des cavaliers (acteurs, instructeurs La Cense, vétérinaires, ostéopathes, éthologues...) et un public européen pendant 3 jours. Le but des Masterclass est d'échanger autour du cheval et de la pratique de l'équitation : partage des dernières avancées en matière de connaissances équines, réflexion autour de grandes thématiques, présentation de recherches, méthodes, outils pédagogiques... Tout cela sous forme de démonstrations, conférences et expositions visant bien évidemment à mettre en lumière l'apport et les bénéfices de l'éthologie dans les pratiques équestres.

Cette année avait lieu la 16ème édition des Rencontres, centrée sur l'éducation (du cheval et du cavalier car bien sûr, l'un ne va pas sans l'autre !).

Au programme des Masterclass, côté démonstrations : 
  • Préparer son cheval sur le cross 
  • Présenter son jeune cheval en modèle & allures 
  • Progresser avec le dressage 
  • Révéler les talents du cheval de spectacle 
  • Communiquer avec son cheval à pied 
  • Prendre un bon départ avec son jeune cheval 
  • Préparer ses premiers parcours 
  • Optimiser sa performance à l’obstacle 

Côté conférences: 
  • « L’appareil respiratoire du cheval: performant mais fragile », par la vétérinaire Julie Dauvillier 
  • « Respecter le bien-être du cheval dans la pratique sportive », par Déborah Bardou, éthologue à la FFE 
  • « Hébergement et bien-être du cheval domestique », par les éthologues Hélène Roche et Anja Zollinger 
  • « Découvrir le lien entre dentition et équitation », par la dentiste Morgane Pokoïk 

Et enfin, accessible n'importe quand au cours de la journée, 400 m² d’exposition pour se mettre à la place du cheval et mieux le comprendre : le fonctionnement de ses sens, de sa digestion, de ses relations sociales, les maladies qui peuvent le toucher, comment gérer son environnement...

Affiches pour améliorer ses connaissances sur les chevaux lors des Rencontres de la Cense.
De grands panneaux pédagogiques sur différents thèmes...

Reproduction agrandie des organes internes du cheval aux Masterclass de la Cense.
... mais aussi des installations ludiques comme ici la reproduction du système digestif du cheval.



La Crinière Blonde aux Masterclass de la Cense : un heureux fiasco !


Non mais qu'on se le dise : il n'y a pas pire à inviter à un événement que moi ! Je sors mon article 3 mois plus tard, j'ai perdu les notes que j'avais prises ce jour-là, je suis arrivée à l’événement en retard, mon téléphone qui devait me servir d'enregistreur vocal car je comptais faire des podcasts m'a lâché (euh plan B ? Il ne me reste que mon appareil photo ?), j'étais tellement contente mais stressée par le fait d'être une invitée que je tournais dans tous les sens sans savoir où me poser et quoi regarder (efficacité = 0), j'ai harcelé Morgan qui s'occupait des invités pour savoir "T'es où ? T'as un chargeur pour mon téléphone ? T'as une prise pour brancher le chargeur de mon téléphone ? Je fais quoi ? Ils sont où les intervenants ? C'est à quelle heure le meet up ?" (ahah pardon et merci mille fois pour ta patience d'ange !), je n'osais pas aller aborder les professionnels qui étaient là, je suis aller au Meet Up des blogueuses à reculons en me demandant qu'est-ce que je foutais là à côté de nanas qui ont 50 000 abonnés (syndrome de l'imposteur, bonjour !). Bref, l'amateurisme dans toute sa splendeur et j'ai bien cru que j'allais repartir de cet événement sans matériel pour vous et sans en avoir profité !

Présenté comme ça, je fais donc une bien piètre invitée. Il faut dire aussi que c'est la toute première fois que j'étais invitée quelque part grâce à mon blog et c'était donc une grosse émotion ! Je ne savais pas non plus comment les choses allaient se dérouler et je n'étais pas préparée (psychologiquement surtout) : repas offert, accès à la salle de presse, intervenants à disposition, on nous a vraiment déroulé le tapis rouge ce qui m'a mis une pression de dingue ! Moi qui débarquait avec mon sandwich, mon appareil photo et un calepin, je me suis sentie bête et toute petite face à ce traitement de princesse (et aux autres blogueuses/youtubeuses débarquées avec tout leur matos et des proches pour les épauler).

"Bonjour, je n'ai aucune idée de ce que je fais ici !" #touriste



Mais c'est aussi ce qui m'a fait me ressaisir : c'est une chance énorme que j'ai eu d'être invitée, moi, et c'est à vous mes lecteurs que je le dois ! Il était donc de mon devoir d'en profiter au maximum, en terme de plaisir et de rendu pour le blog. Alors j'ai respiré un grand coup, je me suis reprise en main et voilà ce que j'ai pu retenir de cette journée brouillonne mais au final géniale :

  • L'utilisation par la Cense du ponying au cours du débourrage. Une technique que j'ai trouvé intéressante et intelligente, qui consiste à monter un cheval et à prendre le poulain en longe. Il s'habitue ainsi à voir le cavalier en hauteur tout en étant rassuré par la présence de l'autre cheval. Le cavalier peut progressivement approcher sa monture du poulain et se pencher pour être bien au-dessus de lui et le caresser, lui parler et reproduire ainsi le positionnement qu'il aura en selle, sur son dos. Un travail préliminaire au montoir et aux premiers pas montés. 
  • La découverte de l'Association pour le Développement des Sciences équines. Une sorte de projet participatif qui vient en soutien des recherches "officielles" sur nos chers équidés. Les membres de l'association élaborent leurs propres projets de recherche puis proposent aux adhérents qui le souhaitent de participer à toutes les étapes du processus. A l'inverse, un particulier qui souhaiterait mettre en place une petite expérimentation peut trouver de l'aide au sein de l'association, que ce soit en terme de matériel ou de connaissances. Car si l'association est ouverte à tous, elle est aussi accompagnée par de vrais chercheurs tels que Hélène Roche ! Bref, un beau projet qui fait avancer les connaissances sur nos équidés et qui est visiblement porté par des personnes aussi passionnées que sympathiques ! 
  • Le test des lunettes reproduisant la vision du cheval. En exclu pour les Rencontres de la Cense était disponible un prototype d'appareil, des sortes de grosses lunettes, reproduisant la vision du cheval par jeu de miroirs et de zones masquées. Il était possible de les porter et de réaliser un petit parcours d'obstacles pour mieux comprendre comment se repère le cheval. Et je peux vous dire que ce n'est pas du gâteau ! On ne voit rien directement devant soi à moins de baisser le nez: autant dire que les chevaux de dressage ne voient que leurs pieds et ceux d'obstacles les franchissent à l'aveugle en se reposant sur leur bonne (ou pas) estimation des distances et hauteurs. Tout ce qui passe derrière nous apparaît brusquement dans notre champs de vision sans réussir à bien déterminer si la chose est réellement derrière ou à côté, à moins là encore de bouger la tête dans tous les sens. Bref, après ce test, j'étais remplie d'indulgence envers nos braves chevaux et j'ai mieux compris combien leur vision est liée à la mobilité de leur tête.

Lunettes simulant la façon de voir des chevaux.
Pas le genre de lunettes qu'on ira porter à la plage mais qui
éclaire certaines réactions de Pompon. 

  • Le Meet Up des blogueuses. À peine arrivée, encore en stress de tous mes petits soucis, j'ai croisé Crottins & Co et Anima Equi que j'ai salué du bout des lèvres (je pouvais pas faire plus, j'avais aussi le cœur au bord des lèvres ahah). Pour le Meet Up, j'ai eu le temps de me recomposer un masque plein d'assurance (enfin j'espère), qui s'est vite fendillé en me retrouvant face à toutes ces personnes que je ne connaissais pas (je vous ai déjà dit que je suis timide ?) et à la notoriété bien plus élevée que la mienne. Je me suis assise un peu gênée dans un coin, à me dire que ce n'était qu'un mauvais moment à passer quand mes sauveuses sont arrivées, à savoir Amélie de Georgette Mag et Pauline D'un Cheval L'Autre. Deux très bonnes rencontres, on ne se connaissait pas et on s'est retrouvées à rester toutes les 3 à discuter pendant toute la durée de ce Meet Up. Merci les filles d'avoir fait de cette rencontre redoutée un moment agréable ! C'était chouette de pouvoir échanger avec d'autres blogueuses et parler de nos petites expériences et anecdotes. 
  • La rencontre et l'interview de professionnels. Enfin, l'expérience de la journée qui a mis le plus à l'épreuve mes nerfs (oui parce que jusque-là on était pas encore au max) ; le fait de pouvoir aborder si je le voulais n'importe quel intervenant, qui étaient tous avertis que des blogueuses étaient là et susceptibles de venir les questionner. Pour vous dire, j'ai faillis renoncer. Mais c'était une belle opportunité, je suis admirative des travaux d'Hélène Roche, l'éthologie la vraie me passionne, alors j'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée le cœur battant et avec des sueurs froides lui demander de la filmer. Même chose pour Morgane Pokoïk dont j'ai toujours adoré les démo au Salon du Cheval de Paris avec son poney Keineg, et qui présentait un sujet qui pour moi méritait d'être mis en lumière. Moi qui me faisait une montagne de les aborder, elles m'ont toutes deux répondu très simplement et gentiment et se sont prêté au jeu de bonne grâce. Je n'avais pas prévu DU TOUT de faire ces vidéos et je pense que ça se ressent dans la maladresse de mes questions (et le manque d'un trépied pour stabiliser l'image...) mais au final c'était un exercice aussi amusant qu'intéressant, les deux intervenantes ont été vraiment adorables et patientes (je les en remercie encore) et j'ai pris beaucoup de plaisir à monter la toute première vidéo de ma vie ! Même si maintenant je suis un peu gênée de vous la montrer alors je vais vite la publier et vous laisser la regarder avant de changer d'avis...





Le dernier mot Jean-Pierre...


Tout ceci n'est malheureusement qu'un résumé, déjà bien long, de ma journée à la Cense. Je les remercie encore une fois de leur invitation et de leur accueil impeccable, je ne m'attendais pas à tant ! C'était une superbe expérience dans un lieu magnifique, pleine de stress mais de belles rencontres, où j'ai beaucoup couru car malheureusement les démo et les conférences se déroulaient en même temps et j'aurais voulu tout voir. Ma curiosité envers la Méthode la Cense a été piquée et je vais très certainement m'y intéresser de plus prêt. J'ai beaucoup appris au cours de cette journée, qui a aussi été pour moi l'occasion de grandir dans mon activité de blogueuse en m'essayant à de nouveaux exercices. Certainement, je serais mieux préparée à l'avenir pour profiter d’événements similaires.

Je tenais à conclure en vous remerciant vous, mes lecteurs, lectrices, car c'est grâce à votre présence, votre soutien, vos encouragements que des opportunités comme ça me sont offertes. Merci merci merci ! <3














Pour aller plus loin

  • Le site du Haras de la Cense
  • L'Association Sciences Equines
  • L'écurie de Morgane Pokoïk 
  • Le site d'Hélène Roche

J’AI ENVIE D’ÉCRIRE QU’EN MAJUSCULES TELLEMENT JE SUIS CONTENTE ET J’AI ENVIE DE HURLER MA JOIE, MAIS C’EST UN PEU AGAÇANT À LIRE ET VOUS ALLEZ CROIRE QUE JE SUIS EN COLÈRE. Bref, je vous l’ai annoncé il y a presque 1 mois sur les réseaux sociaux, j’ai réalisé le rêve de tout cavalier, le rêve de toute ma vie, mon rêve de petite fille : je suis devenue propriétaire ! C’est très soudain et je sais que vous êtes des petits curieux (et je meurs d’envie de partager avec vous toute cette nouvelle aventure ahah), alors je vais prendre le temps de revenir sur les événements de ces dernières semaines.



Acheter un cheval : le projet "prévu mais pas vraiment"


Je vous le dis d'emblée : rien de tout cela n'était prévu. Enfin, pas vraiment comme ça. Depuis janvier dernier où j'ai trouvé un job, ma vie ne tournait plus qu'autour de calculs infinis pour déterminer quand et comment j'allais enfin acheter mon cheval. Je reviendrai sur ces détails dans un autre article, toujours est-il que j'ai fini par décider que je me lancerai dans les recherches de mon futur compagnon en janvier. Mais ça, c'était en théorie. Car même si j’étais déterminée à être raisonnable et à attendre 2018 pour des raisons purement financières, je ne pouvais pas m’empêcher de consulter PLUSIEURS FOIS PAR JOUR (#jaiuneaddiction #appelezconfessionsintimes) les petites annonces : Facebook, Cheval Annonce, Equirodi, Le Bon Coin, inlassablement, sauvegardant les annonces des chevaux qui me plaisaient « pour plus tard »… et craquant parfois en contactant les vendeurs avant de me rétracter car j’avais peur de me lancer si tôt.

Portrait cheval alezan.
Je sentais que cette bouille d'amour m'attendait quelque part...

Jusqu'à ce que je tombe pour la énième fois sur cette mignonne trotteuse noire de 8 ans, à vendre dans une ville voisine. Plus d'un mois que l'annonce est en ligne et passe et repasse sous mon nez, je finis par me convaincre que ça doit être un signe, ce cheval prêt de chez moi et dans mes prix qui semble m’attendre : je prends rendez-vous. Mais ce ne serait pas raisonnable d'aller voir un seul cheval, non non, il vaut mieux que j’aille en voir un deuxième en comparaison, au cas où j’aurais un coup de cœur (vous sentez le piège qui se referme là). J'ai donc recontacté une vendeuse de trotteurs avec qui j'avais échangé plusieurs mois auparavant (vous savez, mes craquages où je me rétractais par peur) mais là surprise, elle n’a pas un mais trois chevaux qui correspondent à mes critères ! Un bai de 5 ans, une alezane brûlée de 10 ans et un alezan avec une grande liste de 4 ans. J’ai le malheur de dire que j’aime particulièrement les jaunes avec du blanc, et la voilà à me faire un portrait si flatteur de son poulain que j'avais envie de signer de suite. On prend rendez-vous pour la semaine suivante, mais ce petit cheval me trotte dans la tête et je finis par rappeler pour avancer la rencontre au surlendemain ! Les chevaux chez eux partent très vite et je ne veux pas manquer celui-là, j’ai un pressentiment…

Me voilà donc le 14 octobre à Grosbois, fameux centre d’entrainement de trotteurs, impressionnée par le cadre et par ce que je suis entrain de vivre : moi, si stressée à l'idée de changer mes plans et de me lancer dans un achat, me voilà à essayer 3 chevaux d'un coup sans avoir eu le temps de vraiment y réfléchir ! Quand j’arrive, un alezan est déjà à l’attache en train d’être préparé et ma première pensée est que « il est trop joli pour que ce soit le cheval dont on m’ont parlé ». Eh bien si ! Ça présageait déjà de la suite... Je vous la fait courte : en plus de son physique qui me plait, je suis sous le charme de ce petit jeune qui vient me souffler dans le cou quand je suis à pied à côté, qui ne sait pas faire grand-chose en selle à part foncer mais montre déjà un grand cœur et une bonne capacité de réflexion. Je me sens bien avec et je me surprends à penser que même si ça s'annonce long, j’adorerais faire son travail de reconversion. Les images parlent d'elles même : j'ai souvent le sourire aux lèvres...




Je me voilais la face sur le moment, mais j’ai bel et bien un coup de cœur. Par acquis de conscience, j'ai demandé à voir le deuxième cheval bai mais je ne suis même pas monté dessus ; pas envie. Je suis repartie toute chamboulée pour passer bien 2 heures chez Coach à tourner en rond en m’arrachant les cheveux, à ne pas savoir quoi faire (pour la petite anecdote, une connaissance qui était là à ce moment me décrira à une autre personne en disant : « Je crois qu’elle a pété un câble. Vraiment »). Il me plait mais tout va si vite et échappe à mon contrôle ! Ce n'est pas ce que j'avais prévu ! Et comment faire financièrement ? Et est-ce qu’avec un peu plus de temps je ne trouverais pas un cheval mieux ? Est-ce que je ne devrais pas en essayer d'autres ? Et, et, et...

Il faut trancher. On a qu’une vie. Il y a trop de coïncidences (même son nom, qui est une private joke avec mon chéri). J'ai très envie de dire oui. Je rappelle les vendeurs pour dire que je l’achète sous réserve de la visite véto. Le temps s'arrête pour moi, maintenant que ma décision est prise j'ai si peur qu'il m'échappe pour une raison ou une autre que j'ose à peine respirer. Le lendemain, je retourne laisser un chèque de réservation. Le mardi, j’y suis de nouveau pour la visite vétérinaire, qui est positive. Je fonds en larmes dans la voiture : j’ai réussi. Après tant d'années d'attente, de stress, de moments de découragement à me dire que je n'y arriverais jamais, mon rêve va se réaliser. Et ce que je ne savais pas à ce moment-là, c'est que le plus beau restait à venir. Car mon chéri m'a fait la surprise, avec la complicité de ma mère et de Coach, d’aller chercher mon cheval (c'est si bon de l'écrire) dès jeudi. Attirée à l'écurie pour une raison bidon, le choc a été des plus total quand je suis tombée sur mon p'tit bonhomme en arrivant devant les box. Je n'en croyais tellement pas mes yeux que j'ai été obligée de sortir une photo pour comparer ! Je me suis mise à pleurer. J'ai couru serrer Coach dans mes bras. Je suis revenue au box pour trouver mon cher et tendre, héros du jour, qui s'était caché à proximité. J'ai re-pleuré. Il m'a dit de fermer les yeux et a mis un genoux à terre pour sortir une bague de sa poche. J'ai encore plus pleuré. Mon prince charmant m'a apporté mon cheval alezan. Bref, ce jeudi 19 octobre 2017 restera bel et bien gravé dans ma mémoire comme l’un des jours où j'ai le plus pleuré des plus beaux jours de ma vie !

Prince charmant sur son cheval alezan.
Celui qui m'a soutenu et me soutient encore dans toute cette aventure <3




Easy Money: le coup de cœur raisonnable


Me voilà donc propriétaire d'Easy Money, hongre alezan, plein papier trotteur français (avec de bonnes origines telles que Cocktail Jet et Workaholic), né le 4 avril 2014. Il n'a jamais couru en courses et n'a même pas été jusqu'aux qualifications, et pour cause : il galope dès qu'on lui demande de prendre de la vitesse. Dommage pour son entraîneur, une chance pour moi. Il a alors été réformé très vite et utilisé pour apprendre aux jockey de l'AFASEC à tenir à cheval. Puis il a commencé à être travaillé façon équitation classique quelques semaines avant que je le rencontre. Pas d'histoire à faire pleurer le concernant donc, puisqu'il a toujours été très bien soigné, en témoigne l'état dans lequel je l'ai acheté : aucun problème de santé, affûté mais en bel état et surtout bien dans sa tête !

Trotteur hongre alezan de trois ans.
La plus belle de toutes les trottinettes jaune !

Moi qui rêvais d'un cheval avec qui je pourrais me faire plaisir tout de suite sportivement parlant (âgé de 8-9 ans), préservé physiquement (j’excluais les réformés de courses qui débutent leur carrière très tôt et peuvent potentiellement avoir des lésions prématurées) et dont je serais sûre de l'achat car ce serait réfléchi et pas mon premier essai ; j'ai acheté en une semaine de temps le premier cheval que j'ai vu et qui est le prototype de ce dont personne ne veut : une trottinette jeune et jaune. Ahem. Le cœur a parlé et a balayé tous mes critères d'un revers de main.

Enfin, presque tous mes critères car Easy remplit malgré tout les plus importants pour moi:
  • La robustesse : les trotteurs sont réputés pour leur bonne santé et leur solidité tout en ayant un physique sport. Ils s'adaptent en général très bien à la vie en extérieur et aux pieds nus, gros gros critères de sélection pour moi. Et effectivement, depuis son achat Easy a très bien fait du poil pour rester au chaud dans son pré et n'a jamais montré de gêne depuis son déferrage ! 
  • La gentillesse : la réputation de grand cœur de cette race n'est plus à faire. Et mon Poupou l'a bien montré pendant l'essai (et continue depuis de me le prouver au quotidien): lui qui avait dû voir des barres une fois dans sa vie a courageusement passé plusieurs fois une croix malgré les conditions moyennes dans lesquelles la vendeuse l'amenait (elle l'a reconnu elle-même: virage brusque, arrivée de travers, manque d'impulsion). 
  • La polyvalence : même s'ils ne s'illustrent pas au plus haut niveau, on retrouve aussi bien des trotteurs en endurance, qu'en obstacle ou en dressage ! Quant à Easy, il galope avec plaisir et apprend très vite, ce qui laisse présager de bonnes choses sur le plat. Il a montré un geste pas mauvais sur les barres. Il est assez curieux et très respectueux, ce qui pourra être utile pour le travail à pied. Sans compter que les courses (et la sélection génétique en amont) donnent généralement un bon cardio pour l'extérieur. Il ne tient qu'à moi de continuer à cultiver tout cela ! 

Au final, je n'ai donc pas fait de folie et le trotteur semblaient vraiment être la race toute indiquée pour moi par rapport à mon budget, mes critères et mes objectifs. J'avoue également que l'idée de lutter contre les préjugés et prouver qu'un trotteur aussi peut être un excellent cheval de loisir (et pourquoi pas de compétition ?) est un challenge assez excitant et qui me tient à cœur. Car même si beaucoup de chevaux de course sont bichonnés toute leur vie et connaîtront une retraite à l'herbe, un camion de la boucherie passe quand même toutes les semaines à Grobois et plus de 70% des trotteurs naissants chaque année finissent dans le mauvais camion... J'espère que l'avenir qui nous attend sera brillant et sera une pierre de plus apportée à l'amélioration de la réputation des trotteurs.



Je suis propriétaire: et maintenant ?


Cela fait presque 1 mois maintenant que je suis passée de l'autre côté de la barrière et qu'Easy enchante mon quotidien. Un mois que je suis sur mon nuage, que je souris à chaque fois que je pense à mon cheval (ce qui arrive très souvent), que mon cœur fond chaque fois que je le vois en arrivant à l'écurie, que chaque instant à ses côtés me semble merveilleux car je sais que l'avenir nous appartient. 

Bon, tout n'est pas tout rose non plus. Je suis devenue propriétaire si vite que je n'étais préparée ni mentalement (j'ai mis bien 15 jours à cesser d'avoir l'impression de m'occuper du cheval d'un autre), ni matériellement ! J'emprunte la selle au club, le filet m'est prêté par ma belle-sœur, mon stock de couvrantes a été constitué des fonds de tiroir des copains : grâce à la générosité de mon entourage on s'en sort mais j'ai quand même hâte de finir la garde robe d'Easy avec du matériel qui lui est vraiment adapté. C'est un petit caillou dans ma chaussure qui s'ajoute aux questionnements du quotidien : est-ce qu'il n'a pas froid ? Quand le couvrir plus ? Sa ration est-elle adapté ? Quel pareur appeler ? Est-ce que je le travaille de la bonne manière ? Comment passer cette étape de travail ? Est-ce que je vais être à la hauteur pour former un jeune ?...

Pour être honnête, son jeune âge a d'ailleurs été à l'origine d'un petit coup de mou peu après son achat. On me l'a présenté au téléphone en me disant qu'il avait 4 ans. Lors de l'essai on me parlait d'un 4 ans "en 2018", mais en réalité c'est bien un 3 ans et demi que j'ai. Et mine de rien, cette petite nuance entre 3 et 4 ans est très importante psychologiquement. C'est comme les articles en magasin qui sont vendus à 20,99€ : dans nos têtes, on se dit "chouette, il est à 20€ seulement !" mais en réalité il est à 21€...: vous voyez où je veux en venir ? Easy est vraiment jeune par rapport à ce que je cherchais et après chaque journée passée à ses côtés, je prends la mesure de la longueur du chemin que j'ai à parcourir avant d'avoir un cheval formé. Moi qui voulais progresser à l'obstacle, affiner mes compétences en dressage, continuer à aller plus loin en équitation, je dois remiser mes projets au placard et m'attaquer à quelque chose que je n'ai jamais fait : l'éducation d'un jeune (et c'est une autre paire de manche !). Cette prise de conscience s'est traduite par quelques jours de flottement où je me suis demandée si je n'avais pas fait une bêtise et m'étais précipitée en achetant un cheval qui ne correspond pas à mes objectifs actuels, et qui représente peut être un challenge hors de ma portée (former un jeune cheval, ça ne s'improvise pas).

Poulain de 3 ans au travail.
Tellement fière de ce p'tit bout de cheval au grand cœur !
Je lui apprend mais il va m'apprendre encore plus.

Je n'ai toujours pas de vraie réponse à ces questions. Mais chaque jour qui passe me conforte dans l'idée que j'ai bien fait d'acheter Easy. Je crois au destin et je suis persuadée que l’enchaînement de coïncidences et circonstances qui m'ont menées à lui n'était pas dû au hasard. Je rêve avant tout de construire une relation forte avec un cheval, pleine de confiance mutuelle et de complicité, et quoi de mieux pour ça que d'évoluer avec un jeune, d'apprendre en même temps que lui et le "faire à sa main" ? D'autant que je n'ai jamais vu un 3 ans aussi facile et gentil ! Il est très doux, respectueux, se laisse très bien manipuler, réfléchi à ce qu'on lui propose, n'a jamais un mouvement d'humeur même quand il ne comprend pas. Bref, plus je le découvre, plus j'ai l'impression qu'il correspond à tout ce que je cherchais ! Alors ça vaut bien un peu de patience, d'autant que cette période de découverte réciproque et de début de formation est en réalité passionnante ! Chaque minuscule victoire ("il a tenu 2 secondes de plus à l'arrêt !") me remplit de fierté et j'ai l'impression qu'il progresse si vite ! Je ne vais pas m'étaler sur notre travail, cet article est déjà assez long comme ça mais au final, je n'ai pas de regret : Easy me comble de bonheur et si j'ai décidé de prendre mon temps et de travailler surtout à pied pour le moment, je sens que je ne vais pas m'ennuyer et que la suite promet... Wait and see...













À lire aussi sur le blog

  • Décider d'acheter un cheval : entre rêve et cauchemar

L’automne commence à peine qu’on sent déjà l’odeur de raclette au coin de la rue et bim, je vous sors un article sur le sport pour vous rappeler à de bonnes résolutions et vous faire culpabiliser un peu d’avoir mis dans votre caddie ces 3 kg de fromage. Encore une fois je ne vais pas faire l’unanimité mais j’avais envie de vous parler de ma vision de l’équitation en tant que sport et de comment il est pratiqué.



L'équitation, un vrai sport ?


Si on faisait la liste des sports les plus remis en cause quant à leur investissement physique, l’équitation classique figurerait sûrement dans la tête de liste. « Ce n’est pas un vrai sport, c’est le cheval qui fait tout » : combien cette remarque faite en riant ou sérieusement a pu nous faire bondir, mais au final, n’y aurait-il pas un fond de vérité ? Car ne nous voilons pas la face : le vrai sportif du duo, c’est bien le cheval qui court, qui saute, qui porte, qui tire, qui se tortille. C’est lui qui accomplit tous les efforts visibles et les plus difficiles, puisqu’on lui demande non seulement de se dépasser physiquement, mais aussi de le faire avec le handicap d’un poids parfois gênant à porter (cavalier maladroit). Pour accomplir cet exploit sans se blesser, il est indispensable que sa condition physique (endurance et musculature) soit exemplaire.

Et le cavalier dans tout ça alors ? Pour suivre le cheval dans ses efforts sans l’entraver, cela lui demande de l’équilibre, du tonus musculaire, de la souplesse, et ce, de la part de quasiment tout le corps, même si les cuisses, les abdos et les dorsaux sont les groupes musculaires les plus sollicités lors de la pratique de l’équitation. Tenir son dos droit demande des abdos et un dos fort, tenir en selle un corps tonique pour encaisser les secousses, trotter enlevé sollicite les cuisses et les fesses… Pour plus de détails, une liste complète des muscles mobilisés suivant le mouvement demandé en selle est disponible ici.

Ces efforts ne sont pas violents mais exigent un gainage des muscles profonds du corps, un gainage posturale puisqu’on fait varier sa position dans une multitude de nuances pour accompagner les mouvements de sa monture. Sans compter le cardio qui est nécessaire pour maintenir tous ces efforts pendant une heure voire plus. Et si on ajoute à cela tous les exercices imposés hors du temps passé en selle comme curer les box, balayer, faire des allers-retours entre écurie et prés, le transport de l’équipement et de la nourriture… On arrive au final à une pratique physique d’intensité certes moyenne, mais assez complète.

La voltige, véritable sport équestre.
Bon, il y a des disciplines pour lesquelles on se pose moins de questions que d'autres...
Crédit: Giphy.com




Problème de sport ou problème de pratique ?


Selon la définition du Larousse, un sport est une « activité physique visant à améliorer sa condition physique » et un « ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, donnant généralement lieu à des compétitions, pratiqués en observant certaines règles précises ». D’après ce qu’on a vu précédemment, l’équitation répond bien à la seconde définition, puisqu’il y a bien effort physique de la part du cavalier pouvant être reproduit en compétition et réglementé. Mais qu'en est-il de la première définition… ? Est-ce que les cavaliers se mettent à monter à cheval dans le but d’améliorer, d’entretenir leur condition physique ? 

Au fond, on s’en moque un peu de savoir si l’équitation répond parfaitement à la définition de sport. C’est simplement que cette réflexion me permet d’exposer le constat qui m’a inspiré cet article : si l’équitation est un sport, les cavaliers ne sont pas des sportifs. Pourquoi ? Car majoritairement, ils ne se comportent pas comme tels et ne se préoccupent pas assez de leur condition physique. Bien souvent, on ne s’échauffe pas avant de monter, on ne s’étire pas après, on ne s’entretient pas en dehors des séances d’équitation, bref on ne fait rien pour se préparer et optimiser notre façon de monter ! J'en ai fait l'expérience récemment : étant en retard, on a détendu ma jument pour moi et aussitôt arrivée aux écuries, j'ai commencé le travail avec elle. Eh bien j'ai été moins performante dans ma monte que d'habitude, tout simplement car je n'avais pas eu le temps d'échauffer mon corps en même temps que ma monture en début de séance ! Si elle était prête à travailler, je ne l'étais pas. J'en suis venue à me redire pour la 100ème fois que je serais plus disponible et plus efficace en selle si je commençais par m'échauffer à pied... ce qui est l'évidence même. L'équitation est un sport et à ce titre il demande une vraie préparation physique des deux athlètes. C'est logique, on le sait et pourtant on ne le fait pas par manque d'habitude, parce que ça n'est malheureusement presque jamais enseigné en club (en tout cas en équitation classique), par paresse... et plus étonnant (et aberrant), ce phénomène touche même le haut niveau.

Stage de préparation physique et sportive du cavalier.
La préparation physique du cavalier classique est si peu questionnée qu'il faut aller chercher
dans des initiatives isolées de stage pour avoir des réponses complètes !
Crédit: Page Fbk "Le cavalier est un sportif"





Les bienfaits de l'entretien physique pour les cavaliers


Alors bouh c'est pas bien, nous cavaliers ne prenons pas assez soin de notre corps, mais plus que de le savoir, encore faut-il s'en convaincre pour trouver la motivation de s'y mettre. Alors je vous ai préparé une petite liste non exhaustive des bienfaits de l'échauffement, de l'étirement et de la pratique d'un sport complémentaire.

  • Protéger son corps : s'échauffer permet d'éviter de se faire mal en demandant un effort trop intense et trop vite aux muscles (claquage). S'étirer permet une meilleure récupération et d'éviter les courbatures. Et se muscler grâce à un sport complémentaire (musculation, fitness, natation...) prévient l'apparition de douleurs diverses. Par exemple, pour les gens qui ont mal au dos après une heure de dressage, faire du gainage (renforcement de la sangle abdominale) et muscler ses dorsaux permettra de "gainer" la colonne : quand le dos est fatigué, ce sont les abdominaux qui prennent le relais et permettent de se tenir droit. Avec des muscles plus forts et endurants, se tenir bien droit est plus facile et évite de se blesser avec une mauvaise position. Plus généralement, des muscles développés soutiennent et enveloppent mieux le squelette, les articulation, les tendons et les protègent donc en cas de chute ! 
  • Améliorer son endurance : enchaîner plusieurs fois un parcours d'obstacle, répéter encore et encore une reprise de dressage, tenir tout un tour de cross ; ça demande du souffle, surtout sur des chevaux avec beaucoup d'énergie ou au contraire très froids ! Alors quoi de mieux qu'un peu de course à pied, de vélo ou de natation pour améliorer son cardio, ses capacités respiratoires, en bref son endurance, pour tenir le rythme ? 
  • Gagner en tonicité et en équilibre : il n'y a que les non-équitants pour imaginer qu'on se tient en selle comme on se tient dans son fauteuil devant la télé. À cheval, il faut avoir un corps alerte, tendu sans contraction, tonique pour se faire léger en selle et capable de suivre et réagir sans heurt aux mouvements de son cheval. Et pour ça, il faut endurcir ses muscles tout en travaillant sa souplesse et sa réactivité, un peu à l'image des footballeurs qui doivent courir à petits pas très très rapides pour placer leurs pieds dans de petits cerceaux. 
  • Améliorer la connexion entre son corps et son esprit : la pratique d'un sport exigeant plus d'implication et de mouvements du corps que l'équitation permet de faire bouger des muscles qu'on a parfois oublié ou d'en découvrir de nouveaux (tmtc quand une courbature à un endroit improbable se fait connaitre), de faire le point sur ses forces et ses faiblesses et d'améliorer sa proprioception (perception de la position des différentes parties de son corps et repérage de ses membres dans l'espace). 
  • Mieux connaitre son corps, c'est savoir mieux l'utiliser. Et quand on sait la finesse qu'exige l'équitation (peser plus sur une fesse, fermer ses doigts, redresser légèrement les épaules), améliorer sa sensibilité, la qualité de ses ressentis, la maîtrise de son corps ne peut être qu'un atout. 
  • Garder la ligne : pas simplement pour pourvoir parader en maillot de bain l'été sur la plage, mais bien pour soulager d'un poids son cheval. Je ne vais pas revenir sur la question du poids des cavaliers, mais il n'y a pas à tortiller : moins le cheval a à porter, mieux il se porte justement. 100 kg toniques, ça reste 100 kg quand même et les efforts physiques pour le cheval sont plus éprouvants que s'il ne portait que 60 kg. D'autant qu'on sait que le cheval est un animal plus tracteur que porteur et que son dos est comme un pont entre deux piliers: rien pour le soutenir à part sa musculature, donc très fragile ! Plus on le soulage, plus il pourra être performant. Alors le but n'est pas que tous les cavaliers pèsent 50 kg, mais bien que tous nous fassions l'effort par respect pour nos chevaux de rester au plus près de notre poids de forme (qui dépend de la taille, la morphologie naturelle, la santé etc de chacun). Et nos genoux nous en remercierons: ce sont les premiers à souffrir du surpoids qui est d'autant plus dangereux en équitation où nous sollicitons énormément les articulations et ligaments des genoux !

L'équitation est un sport mais les cavaliers ne sont pas des sportifs.
Sport, échauffement, étirements: des basiques à intégrer à notre quotidien équestre !




Le dernier mot Jean-Pierre...


Bon, en résumé : l'équitation est bien un sport mais s'il n'a pas cette image, c'est certainement parce que nous, cavaliers, ne nous comportons pas en sportifs. Notre copie est à revoir, non seulement pour notre bien (comme développé en 3ème partie de cet article) mais aussi pour celui de notre cheval ! Prendre soin de notre corps, c'est prendre soin de celui de notre monture car nous lui transmettons toutes nos défaillances. Si vous avez mal quelque part, vous allez changer votre position pour soulager la zone douloureuse, donc changer l'équilibre de votre cheval qui va devoir compenser également de son côté. Si par exemple vous êtes bloqués à droite, vous bloquerez également le mouvement de votre cheval de ce côté. Si vous n'avez pas de souffle, vous devrez écourter votre séance (ou alors continuer avec une monte qui se dégrade car le corps ne suit plus) donc ralentir la progression de votre monture. Bref, l'équitation est bien un sport d'équipe où il vaut mieux que chaque membre soit au même niveau. Et c'est bien dommage que cela ne soit pas plus souvent enseigné.

Personnellement, je cours une fois par semaine (parfois deux, entre 5 et 10 km chaque sortie) et je fais régulièrement des séances de renforcement musculaire. Comparé à la période lointaine où je ne faisais aucun sport en dehors de l'équitation, j'ai remarqué que : je n'ai plus de courbatures en fin de grosses séances, j'ai plus d'endurance en selle et les jambes plus toniques, j'ai le dos qui se redresse de plus en plus en dressage et mes douleurs aux épaules (restant de tendinites chroniques qui réapparaissaient parfois en selle) ont totalement disparues ! Il me reste à inclure des échauffements à pied avant de monter en selle et une visite annuelle chez l'ostéo et je serai pas mal. Je reviendrai d'ailleurs prochainement avec un article spécial échauffement et en attendant, n'hésitez pas à partager vos expériences en commentaire et à indiquer le sport que vous pratiquez en parallèle de l'équitation !










Pour aller plus loin

  • La liste des muscles sollicités lors de la pratique de l'équitation
  • Le coup de gueule très complet d'Eugénie Cottereau, saddle fitteur, suite à l'interview de Kévin Staut qui "découvre la préparation physique"
  • Article du magazine Horse&Hound sur l'importance de la santé physique du cavalier (en anglais)
  • Les conseils d'entretien et de préparation physique à l'équitation de Gilles Orgeret, masseur-kinésithérapeute (qui donnent aussi un peu envie d'arrêter tout de suite maintenant le cheval, je vous préviens) 

À lire aussi sur le blog

  • Le poids des cavaliers doit-il peser dans la balance ?


Brigitte Bardot en avait parlé. Des politiques l'avaient proposé. A l'approche de la Présidentielle, cela a été remis sur le tapis (par Nicolas Dupont-Aignan notamment). De quoi je parle ? De la proposition de changement de statut du cheval pour le faire entrer dans la catégorie "animal de compagnie". A chaque fois cela a été refusé et pour moi c'est tant mieux car non, je ne souhaite pas que mon cheval devienne mon animal de compagnie.




Le cheval de compagnie, un danger pour la filière équestre ?


Le cheval est actuellement considéré par la loi comme un animal de rente, c'est-à-dire un animal élevé ou gardé pour sa rentabilité, à la base via "la production de denrées alimentaires, de laine, de peaux ou d'autres fins agricoles". Nous sommes bien d'accords que cette définition ne convient plus à la situation actuelle du cheval. Bien que la majorité des chevaux soient toujours utilisés dans l'optique d'être rentables (vendre cher un poulain avec de bons papiers, gagner de l'argent en faisant des résultats en concours, trouver une cavalerie gentille et résistante pour faire tourner un club), c'est désormais au travers d'une utilisation sportive et de loisir qui fait entrer une dimension affective et émotionnelle dans l'équation. Le cheval ne joue plus dans le même cour que les autres animaux "agricoles".

Mais pour autant, peut-on dire que le cheval est un animal de compagnie ? Un "animal détenu par l'homme pour son agrément et en tant que compagnon" comme un chien ou un chat ? La réponse est oui... dans une certaine mesure. S'il est improbable d'imaginer son cheval lové sur son tapis de salon, il est tout à fait possible d'en posséder un pour le simple plaisir de profiter de sa présence (comme le font les "équi-piétons"). Alors la question est réglée ? Pas vraiment. Catégoriser le cheval comme animal de compagnie permettrait de reconnaître que la valeur affective est plus importante que la valeur marchande dans la relation qu'entretiennent les cavaliers avec leurs chevaux. Ce qui serait appréciable, mais qui n'est pas la motivation première des personnes qui demandent ce changement de statut. Non, leur but est simplement d'exclure définitivement les chevaux de la consommation humaine et animale, car on ne peut pas manger un animal de compagnie. Un projet beau mais utopique : la France n'est pas prête à se passer de viande chevaline du jour au lendemain et si on ne peut plus la produire sur place, que fera-t-on ? On augmentera les importations de chevaux venus d'on ne sait d'où dans des conditions plus qu’effroyables. Et si on ne peut plus consommer de viande de cheval du tout, on peut dire bye bye à la majorité des races de trait (quid de la diversité génétique ? Les traits ont leur place ailleurs que dans nos assiettes, mais l'évolution est (trop) lente...). Bref, je ne suis pas sûre que ce soit la solution idéale.

Cheval de trait sur un carré de dressage.
Des champs de labour aux manèges, la place du cheval a et continue d'évoluer..
Crédit: cyberhorse.net.au

Sans compter que ce changement de statut pourrait provoquer d'autres "dommages collatéraux" non négligeables : la Convention Européenne pour la Protection des Animaux de Compagnie stipule dans son article 7 "aucun animal de compagnie ne doit être dressé d'une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien-être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelles ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d'inutiles douleurs, souffrances ou angoisses". En soi, cet article vise à protéger les animaux de tout abus, ce qui est très bien, mais il est trop ouvert à l'interprétation dans le milieu équestre. Est-ce qu'une cravache, des éperons ou même un mors un peu sévère ne seraient pas considérés comme des "moyens artificiels" à proscrire, quand bien même ils sont en réalité des outils de précision quand bien utilisés ? De même, le dressage, le CSO, le CCE à partir d'un certain niveau ne seraient-ils pas considérés comme pouvant porter préjudice à la santé et au bien-être des chevaux ? Ou tout simplement le fait de monter sur le dos de nos équidés, ne serait-ce pas déjà dépasser les capacités ou forces naturelles du cheval (quand on sait que, d'après des études, la majorité des chevaux ont mal au dos) ? Que dire des courses hippiques, qui cumulent à la fois effort physique intense et jeu d'argent ?... Cette place laissée au jugement de chacun pourrait signer la fin de bien des disciplines.




"De compagnie", une classification trop réductrice


En dehors de ces considérations d'ordre légal, la classification du cheval en "animal de compagnie" ne me convient pas car je trouve que le terme "de compagnie" et sa définition (qui précise parfois de faire vivre l'animal sous son toit) ne correspondent pas à la réalité et surtout, sont trop réducteurs.

Je vois la classification "de compagnie" comme minimisant la potentielle dangerosité de détenir un tel animal sans connaissances. "De compagnie", cela revient pour moi à le mettre sur le même plan que n'importe quel autre animal domestique alors que ses besoins et les connaissances nécessaires à son bien-être sont bien différents et plus complexes ! Je ne voudrais pas que l'on en vienne à se dire qu'on peut acheter un cheval aussi facilement qu'une souris : on voit déjà les dégâts que peuvent causer un néophyte en achetant un NAC (maltraitance, négligence, mauvaise éducation)... imaginez avec un animal encore plus coûteux, imposant et puissant ! Cette banalisation du cheval est d'autant plus dangereuse que l'on a déjà affaire, selon moi, à un phénomène "d'amateurisation" parmi les cavaliers. Nous (je m'inclue donc également) ne sommes plus capables de nous débrouiller seuls pour la gestion d'un cheval : nous sommes entourés d'une armée de plus en plus imposante de spécialistes (pareur, maréchal, vétérinaire, ostéopathe, dentiste, masseur, algo-thérapeute, pratiquant de shiatsu, kinésithérapeute, saddle fitter...) pour faire de la bobologie et ce sont les gérants et palefreniers qui gèrent le quotidien et les bases (nourrir le cheval avec quoi et comment, faire son box correctement, entretenir sa pâture, faire un planning d'entrainement cohérent...). Je ne remets pas en cause tous ces professionnels du milieu, qui ont bien une raison d'être, mais je déplore le fait que nous, cavaliers, devenions des assistés (à des degrés plus ou moins élevés, bien entendu) qui ont perdu l’œil, le savoir-faire, la réflexion, les connaissances des anciens "hommes et femmes de cheval". Aujourd'hui, on se laisse guider par d'autres et par la norme : débourrage à 3 ans car "c'est comme ça", ferrage systématique, nourrit avec le grain de l'écurie sans se poser d'autre question, on s'en remet aveuglement à des "pros" car ils ont la bonne étiquette...
Le statut du cheval
Plus nous en sommes proches, plus nous nous en éloignons ? - Crédit : agriculture.gouv.fr

Mais plus encore, je vois le terme "de compagnie" comme une méconnaissance du lien si particulier qui unit un cavalier à son cheval. J'ai tendance à penser qu'un chat, un chien nous tiennent bel et bien compagnie car ils sont présents au quotidien comme des amis, des membres de la famille. La relation avec le cheval est différente, plus consciente et plus impliquante puisqu'on choisit quand et combien de temps on lui consacre. Le cheval n'est pas en permanence à nos côtés, dans notre paysage : il a le droit à des moments qui lui sont pleinement consacrés, à lui et lui seul. Un peu comme un début de relation amoureuse, et c'est bien pour ça que l'on parle si souvent de "passion" pour les chevaux. Et le lien qui en résulte n'est semblable à aucun autre tissé avec d'autres espèces. On fait corps avec son cheval, dans tous les sens du terme : on partage des ressentis, des émotions, des sensations. On propose, on discute, on échange. On se détend, on travail, on se dépasse. Il voit en nous et on se voit en lui. Son corps devient un prolongement du nôtre. Aucune relation homme-animal n'est aussi ancienne et intime que celle-ci. Le cheval n'est plus une part de notre entourage, il est une part de nous. Un cheval sans cavalier reste un cheval, mais un cavalier sans cheval n'est plus rien. C'est difficile de mettre des mots sur quelque chose qui se ressent mais je pense que vous m'avez compris: le cheval est tellement plus qu'une simple "compagnie".




Le dernier mot Jean-Pierre...


Il est difficile en un seul article (pourtant long) de décrire précisément le fond de ma pensée avec toutes ses nuances. Le portrait que je dresse des cavaliers d'aujourd'hui n'est pas flatteur (mais le trait volontairement grossi) et ma façon de voir les choses risque de ne pas plaire à tout le monde : ce n'est pas une vérité absolue mais bien une réflexion tout à fait personnelle... et qui peut encore évoluer. D'autant que ma vision, je le reconnais, est biaisée par mon désir égoïste de continuer librement à monter à cheval et à pratiquer toutes sortes d'activités en selle. Car je pense que cela reste compatible avec le respect de l'intégrité des équidés, que cela n'empêche pas de les aimer profondément et de les rendre heureux. Bref, d'autres lois et notamment la reconnaissance par l'Assemblée Nationale le 28 janvier 2015 des animaux comme "êtres vivants doués de sensibilité"(nouvel article 515-14 du Code civil) œuvrent déjà à protéger le cheval et à le faire reconnaître comme étant plus qu'un objet de rente. Mais je ne souhaite pas pour autant qu'il devienne un simple objet d'admiration et être amputée d'une partie de tout ce qu'il peut m'apporter, en selle comme à pied. La solution serait-elle dans la création d'un nouveau statut ?...














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Le mythe de l'étalon noir n'est pas mort ! Il n'y a qu'à faire un tour dans les clubs pour s'apercevoir que les chevaux difficiles flattent l'ego de ceux qui arrivent à les monter. Et cette tendance est visible aussi chez les propriétaires : on veut acheter un cheval délicat, nerveux qui nous permettra de nous glorifier en l'ayant "vaincu" ou "dompté". Et le gentil cheval dans tout ça ? Considéré comme un "tonton" trop facile pour être intéressant, il est facilement laissé de côté ou dévalorisé. Mais qu'est-ce qui se cache derrière cette appellation "facile" ou "gentil" ? Et l'est-il vraiment ?



La gentillesse, nouvelle tare chez les chevaux ?


Il y a encore pas si longtemps, j'avais en demi-pension un cheval qu'on peut aisément qualifier de "gentil". Et maintenant, je monte une jument qu'on pourrait parfois dire "facile" (encore que...). On en a tous connu des comme ça. Parfois, c'est vrai, on a pu se dire c'était un peu trop simple et que les monter manquait un peu de piquant même si c'est un vrai plaisir. Mais certains osent carrément dire qu'on a moins, voire aucun, mérite à monter de tels chevaux ou du moins, c'est ce qui est sous-entendu quand on entend des phrases du genre "oui mais pour elle c'est facile, elle monte Untel", "oui mais lui il a de la chance, Unetelle est gentille, pas comme le mien qui pardonne moins". Des commentaires qui dévaluent totalement le travail présent et passé effectué sur ces chevaux. Il n'y a qu'à voir le fleurissement d'annonces de cavaliers cherchant un cheval "pas trop gentil, avec un peu de caractère" ou bien "avec du sang ou délicat, j'aime travailler ce genre de chevaux". Comme si gentillesse et facilité rimaient forcément avec effacé et inintéressant... Les chevaux délicats permettent de sortir de sa zone de confort et offrent un challenge excitant certes, mais un cheval gentil et facile permet de progresser plus vite et surtout de la bonne manière (avec eux, bien demandé = bien exécuté = les bonnes sensations) ! 

Bref, cette situation, Luc Pirick (feu enseignant reconnu) la décrit beaucoup mieux que moi en seulement quelques lignes :

<< Il n'est pas rare de voir des jeunes cavaliers, et surtout des adolescents, se valoriser de la difficulté de leur cheval. Certains en iraient même jusqu'à provoquer des défenses pour paraître plus méritants de les avoir maîtrisées. Un diction dit pourtant: "Il vaut mieux monter un tigre qui a l'air d'un agneau, qu'un agneau qui a l'air d'un tigre !". Le plus beau compliment qu'on puisse faire à un cavalier, qui a dressé son cheval, est de lui dire qu'il est facile, lui, parce que son cheval "va tout seul".

Le moniteur doit convaincre ses élèves que la marque du bon cavalier n'est pas de corriger les faute mais de les éviter, que le véritable mérite n'est pas de dominer le cheval mais de lui donner envie de collaborer. Faire les choses bien et dans l'ordre, sans stress et sans défense; en équitation, le temps perdu se rattrape toujours ! >>

Un gentil cheval... mais pas facile.
Loustic, un cheval qui par sa gentillesse m'aura permis de vivre
certains de mes plus beaux moments équestres...



Que veut dire vraiment gentil ou facile chez un cheval ?


Au final, qu'est-ce qu'un cheval facile ou gentil ? C'est avant tout un cheval bien dressé. Surprise ! On regarde avec admiration le cavalier qui parvient à contenir un cheval irrespectueux ou à rester en selle sur un cheval qui se défend, mais on oublie que toutes ces défenses sont la preuve d'un travail mal fait (ou pas fini). Tandis que le gentil cheval facile en est arrivé là grâce à des années de travail dans le bon sens, à lui apprendre à se poser, à le désensibiliser à tout un tas de choses, à lui apprendre à faire confiance pour qu'en retour il donne tout son cœur, supporte avec patience et bonne humeur les erreurs et aide son cavalier à évoluer correctement. Alors, qui mérite le plus d'admiration ?

Et puis il faut prendre également en compte les apparences et la réalité. Des cas où le cheval parait gentil et facile mais ne l'est pas, c'est simplement que son cavalier le monte à la perfection et lui permet d'évoluer de manière calme et juste. De l'extérieur on se dit que le cheval est simple, mais en réalité c'est que le cavalier est bon et lui correspond. Changez le pilote et vous découvrirez un cheval qui se défend à la moindre faute de main, qui se perd et se fâche à la moindre imprécision et qui ne supporte pas la moindre contrariété. Le fameux "tigre qui a l'air d'un agneau". Et quand le cheval est réellement gentil, cela ne veut pas systématiquement dire qu'il est facile. Ce cheval qui supporte patiemment les erreurs de son cavalier, ne lève jamais les fesses, ne bouge pas au montoir comme lors des soins, ne profite jamais des faiblesses de son pilote... mais s'économise continuellement pour fuir le travail, est froid à la jambe, en équilibre sur les épaules ; il est gentil oui, mais facile à monter ? Pas tant que ça... Il est simple de juger tant qu'on a pas les fesses dessus.



Le dernier mot Jean-Pierre...


Bref, je voulais rappeler avec cette courte réflexion que les mots "gentil" ou "facile" ne signifient rien ou en tout cas ne donnent pas une bonne idée de la réalité. Qu'il faut juger ces chevaux en se rappelant tout le chemin qu'ils ont parcouru et la valeur du travail qui a ou est effectué sur eux. Qu'il faut arrêter de minimiser le travail des cavaliers sur leur dos car, soit ce sont eux qui ont permis au cheval de devenir ainsi, soit ils travaillent de façon suffisamment juste pour que le cheval reste comme tel et sont dans les deux cas méritants. Et la prochaine fois qu'on vous dit que votre cheval à l'air gentil ou facile, souriez ! Soit vous le montez à la perfection ce qui donne cette impression, soit vous avez réussi à en faire un cheval bien dans tête et généreux. Vous avez tout gagné quoi.


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