La Crinière Blonde, blog de réflexions équestres.
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La fin d'année, c'est toujours le moment idéal pour faire le bilan. Et mon bilan personnel le voici : depuis que j'ai changé ma façon de voir l'équitation et le cheval et que je dis haut et fort que je veux que ma future monture vive au pré et qu'elle soit pieds nus, on me regarde comme une illuminée. Comme si c'était une simple lubie, une nouvelle mode un peu étrange. J'ai donc fait également un bilan des cavaliers qui m'entourent et j'ai l'impression que beaucoup ont oublié ce qu'est un cheval et quels sont ses besoins fondamentaux...



Le cheval est un herbivore


Dans la nature, le cheval se nourrit d'herbe et de d'autres végétaux qui lui apportent des vitamines et minéraux. Son estomac est donc conçu pour digérer des fibres et ce, tout au long de la journée. En effet, contrairement aux vaches (herbivores également) qui possèdent plusieurs estomacs, le cheval n'en possède qu'un. Et celui-ci est particulièrement petit pour sa taille : il ne peut donc faire que des petits repas qu'il doit multiplier pour couvrir tous ses besoins. En vérité, le cheval passe entre 13 et 15 heures par jour (plus l'hiver ou pour les juments gestantes) à brouter. Ce temps consacré à l'alimentation s'explique également par le fait que le cheval ne possède pas de vésicule biliaire : il sécrète de la bile acide (qui sert à désintégrer les aliments pour les digérer) en permanence ! Si son estomac est vide, il ressent donc des brûlures qui peuvent à la longue endommager son système digestif.

Le cheval est un herbivore et ne doit pas rester l'estomac vide.
Et puis le nez dans l'herbe, ça travaille l'extension d'encolure non ?

Cela étant posé, on voit que le mode d'alimentation en box, s'il n'est pas bien pensé, peut vite poser problème. Les écuries ne proposant pas de foin à volonté sont à éviter : le foin, qui remplace l'herbe, doit être la base de l'alimentation du cheval ! De plus, nous avons vu que le cheval doit manger en permanence pour occuper son estomac et satisfaire ses besoins énergétiques : la paille n'est pas suffisamment nourrissante pour remplir ce rôle et peut être à l'origine de bouchons dans l'appareil digestif lorsqu'elle est consommée en trop grande quantité. Notons également qu'il n'est pas naturel non plus pour les chevaux de consommer des aliments aussi riche que ceux que nous leurs proposons avec nos granulés. Néanmoins, le cheval domestique produit plus d'efforts physiques que le cheval sauvage. Il semble donc normal que sa nourriture soit modifiée dans une certaine mesure et réponde à ces nouveaux besoins. Il convient donc de rester vigilant quant à la composition des aliments que nous leur donnons pour qu'ils répondent strictement à leurs besoins et ne pas leur en distribuer en trop grande quantité. Enfin, il faut noter que les dents des équidés ont une croissance continue et doivent être usées grâce aux mouvements latéraux de la mandibule lorsque le cheval mastique. Les granulés ou les céréales aplaties sont des aliments plus faciles et plus rapides à mâcher que les fourrages. Le risque de surdent et de mauvaise usure des dents est donc plus élevé avec l'alimentation industrielle.



Le cheval est un animal grégaire


Plus les études éthologiques avancent, plus on s'aperçoit que le système social du cheval est complexe et élaboré. Les troupeaux de chevaux sont comme des "groupes familiaux" : un étalon vit avec 3 ou 4 juments et leurs progénitures, ou bien de jeunes célibataires et de vieux étalons ayant perdus leur troupeau se regroupent entre eux. Un cheval ne vit JAMAIS seul. Conformément à l'image populaire, l'étalon dominant est bien en charge de la sécurité du troupeau et de sa cohésion (il éloigne les autres mâles menaçants, garde groupées ses juments, se reproduit...). Il y a bien également une hiérarchie dans le troupeau où les plus âgés sont souvent les plus respectés. MAIS chaque membre du troupeau peut être la fois le dominant et le soumis d'un autre et chaque membre peut prendre à un moment donné le leadership : c'est-à-dire que même si ce n'est pas un dominant, il peut être à l'origine d'une action comme décider d'emmener tout le troupeau à un point d'eau, prendre l'initiative de jouer, de se toiletter... Les interactions entre chevaux sont donc très riches, souvent pacifiques (il est rare d'assister à de vrais combats) et surtout essentielles à l'équilibre du cheval ! Les chevaux apprennent et s'éduquent au contact les uns des autres, ils ont besoin d'être plusieurs pour se rassurer (un cheval monte toujours la garde pendant que les autres broutent ou dorment paisiblement) et les séances de toilettages mutuels permettent de se détendre, celles de jeux de s'amuser... Les chevaux sont véritablement des êtres sociaux et développent d'ailleurs de vraies amitiés ! Ils sont capable de faire la différence entre un cheval inconnu, un qu'ils connaissent de vue et un qui leur est proche.

Le cheval est un être sociable, a besoin de vivre avec ses congénères. Un cheval a un instinct grégaire très fort.
Peut importe l'espace disponible, un cheval seul pourrait être malheureux !
Crédit : Facebook La Sellerie Ethologique

Quand on comprend l'importance de la relation aux autres pour les chevaux, la complexité de leurs rapports qui ne sont ni tout blancs ni tout noirs, on comprend alors qu'il est faux de vouloir s'imposer à tout prix comme le maître du cheval et de le faire vivre au box. Le cheval est toujours dans l'échange et peut également nous proposer des choses si on lui en laisse la chance. Il faut pour cela devenir un bon leader, juste et rassurant, qui lui apporte de la sécurité et de l'amitié et lui laisse l'opportunité parfois de prendre "la parole". Mais la vie au box risque de casser toute volonté du cheval : isolé, sans contacts physiques directs avec ses congénères, sans possibilité d'avoir des rapports sociaux normaux (les fameuses séances de toilettage ou de jeu), le cheval est amputé d'une partie de lui-même et peut développer des pathologies tels que le stress, l'anxiété, la dépression, un comportement agressif ou inapproprié envers l'humain (trop collant par report d'affection) etc etc. Le cheval est une proie et compte donc sur le groupe pour assurer sa survie : cet instinct n'est jamais mort, tout comme son réflexe premier de fuir devant tout ce qui l'effraie et qui lui fait préférer les grands espaces dégagés... aux quatre murs du box de 5 mètres sur 4. Des sorties quotidiennes en groupe ne sont donc pas optionnelles mais obligatoires !



Le cheval est un grand marcheur


Lorsqu'il vit en pleine nature, le cheval marche entre 5 et 20 km par jour de manière fractionnée (autrement dit : bien deux bonnes heures minimum), au pas, simplement pour aller jusqu'à un point d'eau, trouver une nouvelle zone où brouter, faire sa vie quoi. Il produit donc un effort très lent, modéré, mais continu. Ses pieds sont naturellement entretenus par ces aller-retour sur différents terrains et le sang circule bien dans ses membres si fragiles (avez-vous déjà comparé la petitesse des pieds et la finesse des jambes d'un cheval à sa stature globale ?) grâce à cette marche constante. Le cheval dort entre 5 et 7 heures réparties tout au long de la journée et la nuit : il reste donc très peu de temps immobilisé et jamais de longues heures d'affilées. Enfin, rappelons que comme pour nous, marcher aide à la digestion. Et quel protocole est à appliquer pour un cheval en colique, cette pathologie si dévastatrice ? Le faire marcher... Ce qu'il pourrait faire au pré.

Temps passé à manger chez le cheval. Temps passé à marcher chez le cheval. Comment le cheval occupe ses journées.
Le budget-temps du cheval selon ses conditions de vie, révélateur de gros dysfonctionnements...
Crédit : dossier documentaire n°8.1 de l'IFCE

Ce rythme de vie naturel est tout simplement l'opposé de celui proposé en box. Le cheval est immobilisé entre 19 (pour les plus "chanceux" qui sortent au marcheur ou [mieux] au paddock) et 23 heures par jour et lorsqu'il se met enfin en mouvement, c'est pour produire un effort bref mais intense. Tout comme pour l'alimentation, le cheval de nos jours a été sélectionné pour le sport et est plus adapté qu'avant à fournir ces efforts soutenus. Néanmoins, marcher devient alors nécessaire pour sa récupération physique ! Se déplacer, s'étirer pour éviter les courbatures ou engorgements et entretenir son souffle et sa musculature. Ses membres et ses pieds sensibles en ont également besoin, d'autant plus que nous ferrons nos chevaux, ce qui perturbe la circulation du sang dans les membres (voir l'article sur la ferrure pour mieux comprendre la santé des pieds). On a souvent peur que nos chevaux se blessent au pré mais plus personne ne s'étonne que tel athlète équin vivant au box ait souvent les membres gonflés, un peu mal au dos, quelque chose de bloqué... On le fait marcher plus longuement, on appelle l'osthéo mais on ne traite pas le problème à la racine en revoyant les conditions de vie. Quel sportif resterait allongé à longueur de journées dans son lit et ne se lèverait que pour s’entraîner ? Et ce, sans se blesser ?



Le cheval est fait pour vivre au grand air


Système biologique hyper performant pour affronter le froid et les intempéries (poil qui s'épaissit, qui forme des gouttières pour évacuer l'eau), sabots aux pieds pour affronter tous les terrains, rapidité pour échapper à ses prédateurs, capacité d'apprentissage rapide pour assurer sa survie... Malgré nos nombreuses inquiétude et son allure parfois fragile (les frêles pur sang arabes... Pourtant élevés sur de hauts plateaux enneigés pour travailler leur souffle), le cheval a été conçu pour vivre au grand air et est bien plus solide que nous le pensons. Nous oublions que cet animal très ancien a longtemps survécu sans nous et que son principal prédateur est... l'homme. Tout son être est adapté pour l'extérieur comme le prouvent encore les points cités précédemment (l'herbe à la base de son alimentation se trouve dehors et c'est en extérieur qu'il a la place pour marcher et évoluer avec ses congénères).

Le cheval est fait pour vivre en extérieur, il s'adapte aux conditions climatiques.
Si ça c'est pas du poil pour résister à -40° ! - Crédit : TheHorse.com

Encore une fois, l'anthropomorphisme n'a pas sa place dans notre relation aux chevaux. J'en avais déjà parlé au début de ce blog (là), mais sortir Pompom avec ses bandes, ses cloches, sa bavette ect contribue à le fragiliser plutôt qu'à le protéger. La plupart des chevaux en cas de pluie choisissent simplement de tourner le dos à l'averse plutôt que de rentrer. Nous avons tendance à mettre nos chevaux dans du coton et à s'étonner ensuite qu'ils ne soient pas plus solides. Pas besoin d'armure pour sortir notre cheval dehors, pas besoin de le rentrer à la moindre goutte de pluie, laissons les vivre leur vie et respirer l'air pur à pleins poumons (poumons qui sont d'ailleurs fragiles et supportent mal la poussière de l'écurie).



Le cheval est intelligent


Cela semble évident dit comme ça (quoique, pour certains...), mais au quotidien nous avons tendance à oublier ce que ça implique. Dans la nature, le cheval est toujours en quête de nourriture et d'eau, il doit apprendre à reconnaître les plantes toxiques des comestibles, il doit la jouer fine pour trouver sa place dans le troupeau, surveiller son environnement pour éviter les prédateurs, sans cesse s'adapter pour survivre... Au naturel donc, le cheval est bien occupé et a souvent l'occasion de faire fonctionner ses méninges ! Son intelligence est particulièrement liée à sa forte capacité d'apprentissage : il réagit à des stimulis et apprend la façon correcte d'y répondre et ce, durant toute sa vie. C'est sur cette capacité que ce sont basés les chercheurs ayant fait l'étude sur le port de la couverture : les chevaux ont appris qu'en faisant telle action, on leur mettait une couverture, et telle autre, on ne leur mettait pas. Une fois cela intégré, ils ont été capable chaque jour de choisir ce qui leur convenait le mieux et par là, de s'exprimer librement !

Le cheval est intelligent, est capable d'apprendre et de réfléchir.
Apprendre le moon walk, ça demande bien quelques neurones ! - Crédit: Giphy.com

Nos chevaux modernes ont beaucoup de choses à apprendre et à découvrir lors du débourrage et de leurs premières années de travail puisque tout est nouveau pour eux. Mais passé cette période, que leur proposons-nous pour faire fonctionner leur intellect, cultiver leur curiosité, et quelle occasion leur laissons-nous de nous proposer des choses ? La vie au box est particulièrement ennuyeuse : peu de choses à regarder, peu de choses à faire pour s'occuper. Mais la vie au pré ne vaut pas forcément mieux : certes elle remplie d'autres besoins du cheval mais nos carrés d'herbe plats sont très peu stimulants cognitivement. C'est dans le travail et dans nos activités quotidiennes que tout va se jouer. Avoir une discipline de prédilection, c'est bien, varier les séances et activités, c'est mieux ! Bien sûr, la répétition est un mécanisme indispensable dans l'apprentissage mais une fois une chose acquise, il faut en proposer une nouvelle et accepter qu'atteindre la perfection prend du temps car il faut régulièrement changer d'activité et d'environnement ! On sait tous qu'il n'y a rien de pire qu'un cheval blasé, et pourquoi devient-il comme ça ? Car ce qu'on lui propose ne l'intéresse plus, car on a perdu son attention en ne le stimulant pas assez, on répétant les mêmes choses et mêmes schémas. 



Le dernier mot Jean-Pierre...


En laissant de côté tous nos préjugés, nos croyances, nos habitudes et en se recentrant uniquement sur les besoins des chevaux, force est de constater que plusieurs choses ne sont pas acceptables. Le box seul ou accompagné de quelques heures de paddock en solitaire n'est pas un mode de vie adapté aux chevaux pour cause de manque de contacts sociaux et manque d'espace. Notre mode d'alimentation basé sur les concentrés et les céréales alors que le cheval est un herbivore est également à revoir pour des raisons évidentes de santé digestive et dentaire, qui ont un impact sur la forme générale et le comportement du cheval. La répétition inlassable des mêmes exercices afin d'atteindre la perfection ou des objectifs concours peut très vite nuire à la santé émotionnelle et cognitive de nos chevaux et casser leur bonne volonté.
Et malheureusement, combien de chevaux vivent encore H24 au box, nourris à coup de 8 litres de granulés par repas mais seulement une botte de foin par jour et ne sortent que pour répéter la reprise de dressage à dérouler dimanche ?

Alors biensûr, beaucoup vont se rassurer ou réprouver ces arguments en disant que le cheval domestique a évolué et n'a plus les mêmes besoins qu'un cheval sauvage. C'est à la fois vrai et faux. Comme le dit l'IFCE dans son dossier sur l'éthologie "l’animal domestique a acquis un degré de liberté et d’indépendance par rapport à l’expression des comportements de son espèce ; ce qui lui donne plus de souplesse pour s’adapter à des « conditions inhabituelles »". C'est pourquoi la méthode d'alimentation moderne ou les efforts intenses demandés aux chevaux ne sont pas totalement à condamner : le cheval a été sélectionné pour et a su s'y adapter. Mais on parle simplement de "souplesse" : accepter mieux ne veut pas dire le vivre bien. "Grâce à sa nouvelle indépendance, le cheval domestique (programmé pour vivre en petit groupe dans un large espace) peut ainsi supporter d’être confiné dans une écurie fermée mais cela parfois au prix d’un certain mal-être et de troubles du comportement." On parle bien de "supporter" qui est très péjoratif et induit un effort, et aussi d'un "prix à payer" pour ces modes de vie qui, en réalité, nous arrangent nous dans notre quotidien (gain de temps et d'espace) et font la joie des industriels (la vente de box et de granulés rapporte gros, c'est pour ça qu'on l'encourage !). N'oublions pas que de nos jours, les premières causes de mortalité chez le cheval sont sans surprises les troubles digestifs et locomoteurs...














Pour aller plus loin

  • L'organisation sociale du cheval
  • L'organisation de la vie sociale des chevaux en images, d'après l'étude d'un troupeau Przewalski
  • Pourquoi les scientifiques condamnent la vie en box
  • La capacité d'apprentissage des chevaux influencée par leur tempérament
  • La maintenance dentaire chez le cheval domestique
  • La digestion chez le cheval
  • Fait intéressant : la création d'un label en Suisse afin d'encourager les écuries à faire vivre leurs chevaux au pré

A lire aussi sur le blog

  • Les bases de l'alimentation équine
  • Vie au pré ou vie au box ? Quel mode de vie pour son cheval ?

Maintenant que vous savez tout tout tout (sur le froid), vous saurez tout sur le zi... sur la tonte ! L'hiver arrive, votre cheval ressemble à un ours et vous savez désormais pourquoi, alors que fait-on ? Est-ce qu'on bousille tout son attirail anti-gel pour tondre ? Est-on obligé de tondre ? Comment et pourquoi le faire ? Et s'il a froid ? Qui dit tonte, dit inévitablement couverture... non ? Pas de panique, on débriefe tout ça ensemble dans ce dernier article sur la préparation de l'hiver.



La tonte est-elle inévitable ? Pourquoi tondre ?


La réponse à la première question est NON ! C'est devenu une véritable habitude, un passage obligé car tout le monde le fait, mais en réalité la tonte pourrait et devrait plus souvent être évitée :

  • Car le poil d'hiver du cheval reste sa meilleure protection hivernale. Nous l'avons vu dans l'article précédent, le poil du cheval se gonfle pour emprisonner l'air chaud, forme des gouttières pour évacuer la pluie, bref c'est un système très perfectionné, bien plus efficace que les couvertures qu'il faut changer ou qui restent mouillées sur le dos du cheval. 
  • Car ne pas tondre permet de ne pas se prendre la tête avec le grammage des couvertures. Pas de bras, pas de chocolat et pas de tonte, pas de couverture ! Pas besoin de se précipiter 4 fois par jour à l'écurie pour changer les couvrantes les jours où soleil et pluie se succèdent. 
  • Car cela permet de ne pas perturber les défenses internes du cheval. Dès que vous commencez à tondre, même partiellement, vous perturbez son "système de chauffage". Quand nous avons froid aux pieds, nous n'avons pas la possibilité de réchauffer uniquement nos pieds, c'est tout notre corps qui chauffe. Inversement, si nos pieds sont froids, nous avons tendance à nous refroidir totalement. Il en va de même pour le cheval : si un carré de sa peau est nu, il a le choix de se réchauffer entièrement ou de ne pas chauffer du tout, mais pas de faire les choses à moitié. Voilà pourquoi certains cavaliers choisissent de tondre entièrement leurs chevaux de pré et les couvrent en conséquence : l'équilibre est maintenu car tout le corps est à la même température. 
  • Car cela n'empêche pas de travailler. Un cheval ayant une activité physique moyenne peut tout à fait travailler avec son poil d'hiver... SI son cavalier remplit trois conditions : 
  1. Avoir le temps de bien le sécher : contrairement aux humains chez qui la peau sèche par évaporation, c'est-à-dire que la sueur a pour rôle de refroidir le corps puis s'évapore (voilà pourquoi il ne faut pas se dévêtir après un effort physique, car le corps est froid), la peau du cheval sèche grâce au poil qui évacue l'humidité et asperge la transpiration à l'extérieur en s'exposant aux courants d'airs ; il y a donc moins de risque de refroidissement. Malgré cela, je ne recommanderais pas en hiver de mettre dehors son cheval trempé de sueur. Cela veut donc dire qu'il faut prévoir un temps de marche plus ou moins long après la séance et/ou compter bien 30 min à frotter Pompom, lui mettre sa séchante etc avant de le rentrer. S'il n'est pas tondu et au box, ne croyez pas échapper à cet exercice supplémentaire : il faut impérativement sécher votre cheval car il n'y a pas de courants d'air dans une écurie pour le sécher rapidement et il n'a pas la possibilité de marcher s'il a froid. 
  2. Ne pas monter trop tard le soir : plus il est tard, plus le séchage est long car la température est basse et là, vous ne pouvez pas compter sur le soleil pour faire le boulot à votre place. 
  3. Ne pas avoir un rythme de travail trop intensif : si votre cheval doit courir prochainement 90 km ou sortir tous les week-end en 130 cm avec les entraînements qui vont bien, je ne suis pas sûre que lui laisser son poil soit bon pour sa santé. Un peu comme si nous faisions nos séances de sport en doudoune : on transpire trop, le corps fatigue plus vite, on est bord du malaise car notre température monte trop haut, on se déshydrate...

Dois-je tondre mon cheval ? Une infographie pour vous aider dans votre choix.
Une petite infographie pour vous aider
dans votre choix de tondre ou non.
Cliquez pour la voir en grand !

En définitif, la tonte n'a rien d'obligatoire et une bonne moitié des chevaux pourraient s'en passer à condition que nous, cavaliers, y mettions du nôtre. Car cette pratique a été "inventée" pour les besoins et le confort du cavalier : elle sert simplement à mieux gérer la sudation des chevaux et à pouvoir continuer nos activités habituelles sans contraintes durant la saison hivernale (pas besoin d'alléger le rythme de travail, de sécher pendant 3 heures...). Elle fait également gagner du temps au pansage car la quasi-totalité des chevaux tondus sont couverts : même au pré, ils restent propres sur une grande partie du corps et dans tous les cas, les saletés s'accrochent moins sur le poil court.

Mais entre tonte et pas tonte, il existe une alternative pour ne pas trancher : limiter la pousse du poil ! Je ne suis pas sûre de son efficacité sur le long terme, mais cette méthode permet de ne pas avoir à tondre trop tôt dans l'année si vous avez choisi de le faire ou permet de retarder la repousse du poil :

Il faut savoir qu'en réalité, la production (et la chute) du poil dépend de la luminosité et de la durée d'ensoleillement des journées. Moins il y a de lumière en journée et plus la nuit tombe vite, plus les chevaux font du poil. La température extérieure ne sert qu'à indiquer au cheval s'il faut qu'il se chauffe ou s'il faut qu'il évacue la chaleur par transpiration. Voilà pourquoi un cheval qui vit au box fait du poil plus lentement même s'il fait froid dans l'écurie : pour lui, la luminosité change moins au cours de l'année puisque l'écurie est éclairée ! Normalement au cours de l'hiver, les chevaux produisent des poils de jarre (appelées aussi "de couverture") qui sont très nombreux et longs et servent à évacuer l'humidité, et des poils de bourre, courts et qui ressemblent presque à de la laine, qui forment un duvet isolant qui garde la chaleur.

Ainsi, pour retarder la pousse du poil, il suffit de couvrir son cheval tôt dans l'année, afin qu'il n'envoie pas le signal de chauffer à son corps, et de le rentrer dans l'écurie éclairée avant que la nuit tombe, afin de rallonger artificiellement la longueur de ses journées.



Quand tondre son cheval ? 


Si après cette explication votre tondeuse vous démange malgré tout, la question suivante est "quand tondre" ? Il n'y a pas vraiment de règle, c'est au cas par cas suivant la vitesse à laquelle la toison de votre cheval pousse et son taux de sudation. Mais sachez que plus vous le ferez tôt, plus vous aurez de chance (ou de risque, suivant le caractère de votre cheval haha) de devoir le refaire au cours de l'hiver. C'est pourquoi on recommande d'attendre la fin de l'automne pour la première tonte : le temps est farceur à cette période de l'année et journées chaudes et froides se succèdent. Il est plus prudent de ne rien toucher pour ne pas risquer un coup de froid et laisser le temps à son cheval de sortir tout son poil.



Quel type de tonte adopter ?


C'est là que le problème se corse. D'un côté vous avez la Team "je tonds que ce dont j'ai besoin" et de l'autre la Team "tous à poil". Chaque position se défend : ne tondre que les parties qui transpirent permet de ne pas laisser son cheval totalement sans protection et nous rassure quant à la possibilité qu'il ait froid. D'un autre côté, comme nous l'avons expliqué plus haut, il est plus simple de tout enlever et de couvrir comme il se doit pour que le corps soit partout à la même température, plutôt que d'exposer certains endroits et créer un déséquilibre. Choisissez votre camps !



  • Les tontes classiques

Ce sont les tontes que l'on rencontre le plus souvent, choisies selon le rythme de travail du cheval.
Les tontes classiques - Crédit : Google


Le "non tondu" convient très bien aux chevaux au repos ou travaillés à un rythme irrégulier à moyen, tant que vous respectez les principes énoncés plus haut.
Les trois premières tontes (light, tablier et de trait) sont bien adaptées pour un cheval qui travaille régulièrement à un rythme moyen (3 à 5 fois par semaine).
La tonte en manteau est celle que l'on retrouve souvent en club (avec la tonte de trait) et convient bien à un cheval de loisir travaillant quotidiennement ou sortant un peu en concours.
Enfin, la tonte de chasse ou totale (où il faut néanmoins laisser du poil sur le garrot !) est celle indiquée pour les chevaux de sport. Attention toutefois, ces deux dernières tontes laissent les reins à l'air ; l'usage d'un couvre-rein à la détente sera donc fortement recommandé ! 


  • Les tontes de "beauté"

Si nous avons dit au début que la tonte sert majoritairement à ne pas embêter les cavaliers dont les chevaux travaillent, elles peuvent aussi servir à embellir (enfin, tout est relatif) un équidé. C'est le cas des poulains pur-sang arabes qui participent à des show de beauté : leur chanfrein est tondu afin de bien voir la structure de leur tête, la finesse de leur trait, de la peau...

La tonte est une méthode souvent utilisée pour exposer les points forts d'un cheval.
Quand je vous disais "embellissement relatif"... - Crédit : cheval-annonces

D'autres encore utilisent les tontes classiques, parfois un peu modifiées, pour améliorer le modèle de leur cheval : un cheval a la tête lourde et aux membres fins peut être tondu totalement sauf sur les membres pour donner l'impression qu'ils sont plus épais et rééquilibrer son modèle.


  • Les tontes "sur-mesure"

Quand on connait bien son cheval ou qu'on a un peu d'expérience (d'inventivité) en matière de tonte, on peut se lancer dans la tonte sur-mesure, plus ou moins esthétique, mais qui se veut plus efficace.

Certaines restent jolies ou du moins présentables...

Tonte personnalisée.
De la tonte sur-mesure réussie - Crédit : 1cheval.com et equiplanete.forumactif.org


D'autres sont... Disons qu'on espère qu'elles sont efficaces.

Tonte moche, tonte ratée.
De la tonte sur-mesure... Vraiment sur-mesure - Crédit : chevalannonce.com


  • Les tontes artistiques

Là, il n'y a plus aucun intérêt autre que de s'amuser et d'essayer d'épater la galerie. Certains doivent exprimer là leur frustration d'avoir loupé une carrière dans les arts... Et parfois c'est tant mieux !

De l'inoffensif sigle sur la croupe...

Dessin sur la croupe, tonte de la croupe.
Dessins de croupes - Crédit : cavaliers-bourgogne.lebonforum.com

... au craquage de slip total...

Tonte originale, tonte artistique.
De la tonte WTF - Crédit : chevalannonce.com/cavaliers-bourgogne.lebonforum.com




Qui dit tonte dit couverture ? Quand faut-il couvrir ?


On a vu précédemment comment choisir sa couverture mais aussi qu'un cheval peut tout à fait vivre sans, tant qu'il a ses poils. Donc logiquement, le seul cas dans lequel on couvre c'est quand son cheval est tondu. Oui oui, même s'il tremble en début de saison (et seulement au début !) quand il commence son poil de nounours, il ne faut pas couvrir ! Il tremble car il est en pleine période d'adaptation et c'est comme ça, en ayant un peu froid, que la pousse de son poil sera stimulée et qu'il se "couvrira" naturellement comme il faut (l'été, il faudra ce même temps d'adaptation pour que votre cheval arrête de transpirer au moindre effort, le temps qu'il tombe la chemise). De même, ne vous inquiétez pas si Pompom ne fait pas beaucoup de poil : comme nous, certains chevaux sont frileux, d'autres non, et sauf problème de santé particulier, un cheval produira toujours assez de poil (tant qu'on lui en laisse le temps, bien sûr).

Donc nous disions qu'un cheval non tondu, bien nourri et laissé en extérieur à l'année peut et même DOIT passer l'hiver sans couverture. Mais certains chevaux tondus de façon légère (tonte light ou en tablier) sont également laissés sans protection et s'en portent bien mieux ! A chacun de tenter ou non l'expérience suivant les capacités de son cheval et ses conditions de vie (est-il en bonne santé ? Habitué depuis de longues années à vivre dehors ? A-t-il du foin à volonté pour avoir assez d'énergie pour se réchauffer ? Un abri dans son pré ?...).

Couverture ne rime donc pas toujours avec tonte mais il devient plus prudent, à partir du moment où le corps est dénudé au-delà du passage de sangle, de remplacer le poil enlevé par une couverture. Sachant que celle-ci va écraser le poil et l'empêcher de jouer son rôle d'isolant thermique, comme si le cheval était à nu, il va falloir choisir avec soin ses couvrantes et ne pas hésiter à jouer avec les grammages selon la météo pour réellement remplacer le rôle du poil. Il faudra être particulièrement vigilant à ce qu'elles ne se détériorent pas, restent imperméables et surtout ne gèlent pas sur le dos de votre cheval! 



Le dernier mot Jean-Pierre...


En bref, si vous avez du temps, que vous pratiquez une équitation occasionnelle ou de loisir sportif et que votre cheval est bien nourri, a un abri et idéalement vit en extérieur, ne tondez pas ! Contrairement à ce que l'on peut croire, le poil est bien plus efficace que n'importe quelle couverture et la tonte n'a rien d'obligatoire ! Laissons les chevaux se gérer eux-mêmes, ils le font bien souvent mieux que nous.

Mais si la tonte est inévitable pour vous pour des raisons logistiques ou sportives, gardez à l'esprit qu'il est plus prudent de couvrir mais que la-dite couverture empêche le poil de fonctionner : elle doit donc le remplacer sans faille ! C'est pourquoi il devient même plus logique, quelque soit la situation de votre cheval, de le tondre entièrement (sauf éventuellement les membres) afin de ne pas créer de déséquilibre dans la gestion de sa température (avec des zones chaudes poilues ET couvertes et des zones froides de peau nue). Puisque la couverture est censée remplacer le poil, touffu ou tout nu, s'il est bien couvert cela revient au même ! Sortez votre porte-monnaie...














Pour aller plus loin
  • Explications sur l'adaptation du cheval aux changements de saison
  • Une étude norvégienne où les chevaux pouvaient choisir ou non de porter leur couverture: la moitié ont répondu non (principalement les chevaux à sang froid) !
  • Le très connu "No more blankets", un plaidoyer contre le port de couvertures en hiver qui s'appuie sur des arguments scientifiques (quelques éléments expliqués en français ici)

À lire aussi sur le blog

  • Le cheval et le froid : comment l'affronte-t-il et comment l'y aider ?
  • Comment couvrir et quelle couverture choisir pour son cheval


Novembre est de retour, ce qui signifie le passage en douceur (ou pas) du doux automne au froid hivernal. Nos chevaux s'y préparent depuis quelques semaines en sortant la pilosité lourde et déjà se posent plusieurs questions: faut-il couvrir dès maintenant ? Faut-il tondre ? Si l'an dernier nous avions vu comment choisir sa couverture, nous ne nous étions pas posé la question essentielle venant avant toutes ces interrogations: mon cheval a-t-il froid ? Pour répondre à cela, il faut déjà comprendre comment le cheval fonctionne face à la chute des températures avant de pouvoir identifier les signaux d'alerte qu'il nous envoie et ainsi l'aider à lutter.



Comment le cheval se protège-t-il du froid ?


Qu'on se le dise tout de suite : le cheval est un animal tout a fait armé pour affronter le froid ! Pas d'anthropomorphisme (comme toujours), il dispose de tout un arsenal de solutions pour affronter les changements de saison, qu'il déploie dès que la température descend en-dessous de 5°C ou monte au-dessus de 25°C. Entre ces deux températures, on est dans ce qu'on appelle la "zone de neutralité thermique" du cheval : il est capable de s'adapter à ces températures sans dépenser d'énergie supplémentaire. Lorsque son entretien, en particulier son nourrissage, est adapté à la saison froide et qu'on laisse au cheval le temps de s'adapter, cette zone de neutralité peut descendre à une fourchette comprise entre -15°C et 10°C ! Et s'il résiste à des températures aussi spectaculaires, c'est grâce à plusieurs éléments:

  • Grâce à son poil : le poil du cheval est particulièrement intéressant : en plus d'être imperméable, il est plus touffu en hiver (la couche de poil supplémentaire produite sert d'isolant) et possède une fonction érectile ! Lorsqu'un cheval a froid, il dresse ses poils afin que l'air s'engouffre entre sa peau et sa toison hivernale. Cet air emprisonné dans le poil du cheval se réchauffe et le garde au chaud durablement, comme un petit radiateur intégré. Si nos équidés ressemblent parfois à des nounours au poil ébouriffé, c'est donc à cause de ces poils dressés qui les maintiennent à une bonne température.
Robe d'hiver, poil d'hiver du cheval. Poil de jarre, poil de couverture, duvet.
Sisi, on vous dit que c'est pour leur bien et que c'est temporaire !

  • Grâce à sa posture : si vous retrouvez votre cheval immobile, tête basse et dos au vent/à la pluie/à la neige, pas d'inquiétude, il se protège simplement du mauvais temps. Croupe tournée vers les éléments, il attend que cela passe, un peu à la façon que nous avons de tourner la tête pour ne pas se prendre la pluie en pleine face. Tant qu'il ne semble pas prostré, contracté, il n'y a pas de quoi s'alarmer, certains chevaux préfèrent même rester ainsi dehors plutôt que de se mettre à l'abri. 
  • En faisant fonctionner ses muscles : grâce à de légers tremblements pour faire bouger les muscles. Attention toutefois, ils doivent rester discrets et se voient plutôt aux changements de saison. En plein hiver, ils sont le signe que c'est trop tard, le cheval a froid. 
  • En mangeant : la nourriture est une des clés pour garder un cheval au chaud. D'une part, parce que lutter contre le froid consomme beaucoup d'énergie et que celle-ci se renouvelle grâce aux vitamines et minéraux que l'on trouve dans la nourriture. D'autre part, car la fermentation des aliments dans le gros intestin dégage de la chaleur et réchauffe tout le corps du cheval. Voilà pourquoi le foin à volonté est indispensable en hiver !



Comment savoir quand il a froid ? 


Maintenant que l'on sait tout ça, on pourrait croire que les chevaux sont invincibles. Mais non, il arrive que nos équidés, malgré toutes nos protections et les leurs, aient quand même froid. Bien souvent, c'est la faute à une pluie ou un vent trop forts : la pluie torrentielle traverse le poil et mouille la peau et le vent violent ébouriffe et soulève sans cesse le poil, l'empêchant de garder l'air chaud capturé. La neige parait moins problématique puisqu'elle se pose sur l'extérieur du poil où elle peut créer une couche supplémentaire isolante ou se mettre à fondre si le cheval se chauffe bien. Regarder le ciel peut donc vous indiquer si, potentiellement, vos chevaux risquent d'avoir plus froid aujourd'hui.

Si c'est le cas, alors c'est tout leur comportement qui se modifie à travers des signaux très précis et identifiables avec un peu d'observation :

  • Prostration. 
  • Cheval qui se tient sous lui, sabots sous le ventre plutôt que bien d'aplomb avec les antérieurs sous les épaules et les postérieurs sous la croupe. 
  • Queue plaquée à la croupe, entre les jambes et rigide. 
  • Dos tendu, reins contractés et remontés. 
  • Ventre contracté. 
  • Forts tremblements. 
  • Perte de poids et d'énergie.
Reconnaître un cheval qui a froid.
Excellente illustration d'un cheval ayant froid par poneyclubdeclary.fr



Si vous avez des doutes, vous pouvez procéder à quelques vérifications, qui ne sont toutefois pas aussi fiables (en tout cas moins que la prise de température) :

  • Toucher le poil sous la couverture de votre cheval : si le poil est trop froid, c'est que la couverture ne le protège probablement pas assez. 
  • Toucher la base des oreilles ou l'entre-cuisse : ces zones doivent normalement rester plutôt tiède. 
  • Soulever le poil pour toucher la peau : si elle est mouillée, c'est que le poil n'est plus imperméable et qu'il faut sécher votre cheval soit manuellement, soit en le mettant à l'abri mais dans un endroit aéré pour qu'il puisse recréer ses couches d'air et se sécher seul (et oui, contrairement à nos croyances, il n'est pas forcément dangereux de laisser un cheval mouillé dehors à l'air libre [dans la limite du raisonnable]). C'est là toute la différence entre un cheval qui a pris la pluie et un cheval qui a transpiré : si la pluie n'a pas traversé le poil, elle ne pose aucun problème car le poil imperméable forme comme des gouttières qui évacuent l'humidité. Par contre, la transpiration suinte de la peau et traverse le poil. La peau est donc mouillée et risque de refroidir tout le cheval.
Le poil du cheval, un isolant naturel.
Les gouttières formées par le poil du cheval pour évacuer l'eau.
Crédit : Cheval-facile.com




Comment ne pas perturber les défenses contre le froid du cheval


C'est bien beau tout ça, mais la dernière question restante est : comment prévenir pour ne pas guérir ? Eh bien en respectant le fonctionnement de son cheval, en le laissant mettre en place ses propres défenses et en les entretenant. Ce qui consiste à : le faire vivre dehors à l'année sur un terrain comportant au moins un abri, ne pas le tondre et augmenter ses rations. Mais à défaut de cette vie idéale qui n'est pas toujours possible logistiquement, il faut compenser les manques que nous créons (rentrer au chaud un cheval qui n'est pas habitué à vivre dehors, couvrir un cheval tondu...) et limiter nos insertions dans les défenses du cheval.

  • Laissez-lui le temps de s'habituer aux températures : il faut compter bien 3 semaines pour qu'un cheval s'adapte à de nouvelles températures. C'est pour cela que, comme nous le disions plus tôt, les chevaux peuvent trembler à la mi-saison : c'est le temps que leur organisme réagisse à l'agression du froid. Ne perturbez pas ce processus en couvrant trop tôt ! Et de la même façon, ne modifiez pas brusquement les conditions de vie d'un cheval lorsque la saison change (passage d'une écurie fermée à une écurie ouverte en plein hiver, passage du box au pré alors que la saison est trop avancée...).
  • Ne pas brosser le poil mouillé par la pluie : le poil est imperméable, frotter c'est faire entrer l'eau au contact de la peau. A moins que vous ne comptiez sécher entièrement votre cheval ou le rentrer au box ensuite, ne touchez à rien !
  • Ne pas brosser trop activement le poil en hiver : à la mauvaise saison, le poil des chevaux se couvre d'une petite couche grasse qui sert d'isolant. Si vous brossez, vous enlevez donc une défense de votre cheval. Le mieux est de nettoyer uniquement les endroits où vous mettez votre matériel : tant pis pour le style, pas grave s'il reste de la boue, mieux vaut ne pas perturber les efforts fournis par votre cheval pour rester au chaud !
La boue, protection naturelle des chevaux !
À ce stade, le mieux est encore de laisser son
cheval se débrouiller ! - Crédit : horsenetwork.com

  • Si votre cheval est non-couvert et vit en extérieur, brosser à contre-sens le poil en fin de séance : si vous avez bien lu tout l'article, vous aurez compris que le mieux pour sécher un cheval est de laisser son poil gonflé et aéré. 
  • Si votre cheval est couvert ou vit en intérieur, toujours bien le sécher avant de le rentrer : au naturel, le cheval cherche le vent pour le faire entrer sous le poil et sécher plus vite. Ce n'est pas possible dans une écurie et la couverture empêche le poil de se dresser et d'évacuer l'humidité. Il est donc nécessaire de faire le séchage vous même, d'autant qu'un cheval qui a froid au box n'a pas la possibilité de se réchauffer en marchant. 
  • Conseils pour sécher efficacement un cheval : le laisser se rouler dans du sable bien sec qui va absorber une partie de l'humidité, passer le couteau de chaleur puis frotter avec une serviette (diablement efficace !), bouchonner avec la paille (attention, la paille ne sèche pas vraiment mais masse le cheval, active ses muscles et stimule l'augmentation de sa température : il faut donc attendre un certain temps pour le remettre dehors sous peine d'un petit choc thermique !) et enfin lui mettre une séchante et attendre sagement à l'écurie. 
  • Conseils pour tenir chaud à un cheval vivant dehors : augmenter ses rations, lui mettre à disposition un endroit sec où se coucher (se chauffer ça fatigue !), le rentrer la nuit pour qu'il se repose, avoir des copains contre qui se coller pour se réchauffer, bien choisir sa couverture s'il en a une et ajouter un couvre-cou si besoin, laisser de la paille bien sèche sur son dos sous la couverture pour créer une couche isolante. 
  • Conseils pour tenir chaud à un cheval au box : laisser un peu de fumier sous son lit de paille pour créer de la chaleur, bien ventiler l'écurie pour laisser l'humidité s'évaporer et que le froid reste bien sec (les chevaux craignent plus l'humidité que le froid !). 



Le dernier mot Jean-Pierre...


En définitif, le cheval se débrouille très bien avec le froid et le mauvais temps tant que celui-ci n'est pas trop violent (pluie ou vent fort, températures exceptionnellement basses). L'intervention humaine lui est enfaite bien plus nocive : nos chevaux vivant au box ne savent plus s'adapter aux températures, en tondant on détruit une partie de leurs défenses, en couvrant on dérègle leur production de poils... Nous espérons les protéger mais dans la majorité des cas, nous avons plutôt tendance à les sensibiliser, non pas dans le sens où ils tombent malades, mais dans le sens où nous les dénaturalisons. 

Cependant, la pratique de l'équitation est déjà une forme de dénaturalisation plus ou moins poussée. Nous savons que nous avons tendance à créer des défaillance à cause des contraintes qu'elle nous impose (carrière sportive des chevaux qui implique une forte sudation difficile à gérer sur un poil d'hiver, par exemple). Il nous revient de pallier cela autrement et fort heureusement, cela se fait plutôt bien. Mais cette question fera l'objet d'un prochain article...










Pour aller plus loin

  • Pour tout savoir sur la zone de neutralité thermique chez les chevaux (p. 309)
  • Comment savoir à tous les coups lorsqu'un cheval a froid grâce à des explications détaillées, des photos et des comparatifs
  • Le système thermorégulateur du cheval détaillé de façon claire

À lire aussi sur le blog

  • Comment couvrir et quelle couverture choisir pour son cheval
  • La surprotection des chevaux, nouvelle mode des cavaliers

Quand tu as commencé l'équitation, tu t’imaginais déjà comme la prochaine Véronica Angelo du Club du Grand Galop (en moins peste) : tellement classe dans ta veste impeccable, la queue de cheval bien lissée sous ta bombe, admirée par tes pairs, incarnation de l'élégance, respectée en soirée dès que tu dirais que tu es cavalière. Mais dans la vraie vie, tu es régulièrement couverte de crottin et/ou de bave et les gens ne semblent pas avoir lu leurs classiques : notre noble sport est l'occasion de blagues bien lourdes, de commentaires à te faire hausser le sourcil, de fausses bonnes intentions et de tout un tas d'autres impairs commis par notre entourage qui a oublié que "cavalier" rime avec "subtilité". C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui d'éclairer la lanterne de ces néophytes et de leur lister enfin tout ce qu'il ne faut PAS faire en présence d'un cavalier, sous peine de passer pour le boulet de service.




Au quotidien

(Souvent avec ta famille)


- Se plaindre bien fort de l'odeur de cheval. On vous rassure tout de suite : si l'amour ne rend pas vraiment aveugle, la passion ne prive pas d'odorat ! Oui, nous sommes conscientes que nous sentons parfois fort. Oui, nous savons que ça peut incommoder les autres même si, personnellement, nous aimons ce petit fumet chevalin. Le curly, cheval hypoallergénique, existe déjà et on vous promet que dès que le cheval senteur vanille option cacas papillons sort, on fera un effort et on l'achètera ! En attendant, on n'y peut rien et tant qu'il n'y a pas de douche à portée de main, crier que ça pue n'a jamais fait disparaître l'odeur ! Alors économisez votre salive, épargnez nos oreilles et un moment de gêne en public et ouvrez les fenêtres !

- Gueuler notre nom dès qu'on passe en voiture le long d'un pré où broutent trois tréteaux déplumés. Imaginons que vous êtes fan de tuning. Est-ce que vous aimeriez qu'on hurle votre prénom chaque fois qu'on croise une Twingo ? Non ? Bah nous c'est pareil. Et ce ton enjoué et émerveillé comme si c'était la première fois de notre vie que nous voyions un équidé ne change rien. Ce n'est pas parce qu'on est passionnées d'équitation que l'on bave devant la première carne venue. 

- Penser que chaque vêtement ou chaque objet orné d'un cheval est forcément fait pour nous. Non Mamie, ce pyjama constellé de licornes est très mignon mais à 25 ans quand tu vis en couple, ça le fait moyen. Et ces boucles d'oreilles représentant d'énormes têtes de chevaux ultra kitsch sont très sympas... mais sur une autre. De même que cette sublime statuette de cheval qui va bouffer toute la place sur notre table de nuit et faire revenir notre asthme au galop grâce à la surface de poussière qu'il est possible d'accumuler dessus. Non vraiment, le matériel d'équitation et les livres, c'est bien. Et le mieux et l'ennemi du bien, donc n'allez pas plus loin. Gardez à l'esprit qu'en dehors des moments où nous appelons notre cheval "mon bébé d'amour à sa mômaaaaan", nous sommes des personnes tout à fait normales.

La montre tête de cheval façon cadeau Cheval Star ? - Crédit: Giphy.com




En soirée

(Là où tu rencontres des inconnus... qui vont d'ailleurs le rester tout bien réfléchi)


- Balancer le traditionnel "l'équitation ? Ce n'est pas un vrai sport, c'est le cheval qui fait tout". Dit la moitié du temps par des gens qui d'ailleurs ne pratiquent aucun sport (la paille dans l’œil du voisin, tout ça). Et quand on propose de venir monter à cheval pour vérifier cette théorie selon laquelle c'est facile et ça ne demande aucun effort, bizarrement il n'y a plus personne. Si ce n'est pas un vrai sport, c'est en tout cas une activité trop impressionnante pour les grandes gueules. Alors épargnez-vous l'humiliation de vous dégonfler et sachez que de tels lieux communs n'ont plus d'effet sur les cavalières depuis longtemps !

- Utiliser les techniques de drague à base de fantasmes sur les cravaches, de comparaisons avec un étalon, d'allusions sur les mouvements de bassin des cavalières. Ok les gars. Vous avez essayé cette technique plusieurs fois, sous toutes ses variantes possibles, et vous n'avez toujours pas conclu. Donc on peut se mettre d'accord pour dire que ça ne fonctionne pas et laisser tomber. Genre définitivement.

J'avais Dita von Teese avec une cravache sinon - Crédit : Giphy.com

- Vouloir nous mettre en relation avec tous les cavaliers/cavalières de votre connaissance. Sur le papier, ça peut être une bonne idée. Mais dans la réalité, nous n'avons pas tous la même conception du cheval et de l'équitation. Un conducteur de moto de course et un biker ne s'entendront pas forcément, même s'ils partagent la même passion de la moto, vous voyez ? Et puis si nous sortons en soirée avec des amis en dehors de notre cercle équestre, c'est aussi pour parler d'autre chose que du cheval ! Enfin ça fini par faire un peu secte tout ça alors mince, laissez-nous tranquilles, on n'a pas forcément envie d'aller parler avec tata Odette même si elle a un cheval depuis 15 ans ! Et ne nous présentez pas non plus les gens qui "adoooreraient monter à cheval", on ne fait pas location de balade.

- Penser que les cavalières sont toutes riches et faire des allusions genre "nan mais t'as les moyens toi, tu fais du cheval". Ahah. Non. Certains se mettent dans le rouge pour faire du shopping, nous tout passe dans le cheval. TOUT. Donc notre cheval a une garde-robe plus importante que la nôtre, mange des granulés 3 étoiles, a un box grand luxe mais nous on vit dans un studio en mangeant des pâtes et si on a accepté de venir à cette soirée, c'est parce que ça nous faisait un repas gratuit.




À l'écurie ou en concours

(De la part majoritairement de ta famille... Dis-donc ils en tiennent une couche !)


- Demander en rencontrant Ponychou pour la première fois "quand est-ce que tu passes à cheval ? Les poneys c'est pour les enfants !". On va mettre un premier point au clair : le poney n'est pas le petit du cheval (je vous assure, beaucoup de gens le croient sans oser l'avouer). Second point : le poney n'est pas réservé aux enfants, il est réservé aux personnes de petite taille, NUANCE ! Et enfin, un poney c'est comme un cheval en plus petit, donc lui aussi peut sauter, dresser, faire du cross et nous emmener en concours. Ah, dernier conseil pour les septiques qui voudraient lui donner des petites claques condescendantes sur l'encolure ou qui pensent pouvoir le mener à la baguette car il est petit : comme les personnes de moins de 1m50, il a développé un caractère très affirmé et farceur pour faire face aux gens un peu trop sûres d'eux. Vous comprendrez vite pourquoi il n'est pas réservé aux enfants !

Le caractère des poneys. En gros. - Crédit : Giphy.com

- Dire "ce n'est pas grave, il y en aura d'autres" quand ton cheval préféré t'as quitté. Quoi ?! Je... Mais ? NON ! Un cheval, c'est comme une relation amoureuse : t'en as de passage, des coups d'un soir (ou plutôt d'une après-midi car après le centre équestre ferme), des potes que t'aimes retrouver et un jour, tu trouves celui qui fais battre ton cœur pour de bon. Et si cette explication vous fais rire, méfiez-vous : cette remarque dénuée de compassion et de compréhension pourrait bien être un motif de rupture !

Le moment où on se retient de te balancer un truc à la tronche pour avoir osé dire ça.
Crédit: Giphy.com

- Dire "ce n'est pas grave, l'important c'est de participer" après un échec en concours. Donc ça fait des mois qu'on se prépare, qu'on répète et re-répète, qu'on s’entraîne par tous les temps, on s'est levé à 4h ce matin, on s'est tué les mains à pionter, on a bataillé avec Pompom qui ne voulait pas monter dans le van, on a marché en crabe toute la matinée pour éviter toutes les flaques de boues mortelles pour le pantalon blanc, on a tenu bon et serré les fesses malgré l'envie pressante deux minutes avant de rentrer dans la carrière ; tous ces efforts ont été gâchés en 2 minutes et CE N'EST PAS GRAVE ?!

- Hurler au bord de la carrière pour nous encourager. Oui je sais, au foot ça se fait. Mais pas à l'équitation. 1) Tu te tapes la honte 2) je me tape la honte 3) tu me déconcentres 4) j'ai mangé le sable car Pompom a faillit faire une crise cardiaque et a préféré fuir devant tes hurlements stridents. Donc, le mieux est de se contenter de croiser les doigts.

Mais merci de vouloir aider - Crédit: Giphy.com




Sur les réseaux sociaux

(Famille et amis qui se liguent contre toi)


- Commenter sous nos photos d'équitation "J'adore le cheval... dans mon assiette" ou "Hum un bon steack". Alerte, beauf repéré ! Catalogué direct comme lourd et pas drôle, désolé mais il n'y a plus de retour en arrière possible après ça...

- Nous taguer sur toutes les photos ultra kitsch de chevaux galopant dans la nature ou sur toutes les annonces de chevaux à sauver de la boucherie. Les photos kitsch, ça nous fait sourire les premières fois et les plus gentilles d'entre nous prennent même le temps de commenter ! Mais à la longue, je peux vous l'avouer : on ne va même plus regarder, on clique juste sur la notification pour la marquer comme lue. Car les photos hyper photoshopées et mises en scène, c'est comme les mannequins ultra refaits : ça va bien deux minutes. Quant aux annonces de chevaux à sauver, nous marquer sur toutes celles que vous voyez comme si on était la Wonderwoman du cheval... Si déjà on avait les moyens d'entretenir une oreille de poney... On veut bien les sauver tous, mais à condition de les mettre dans votre jardin. Comment ça c'est pas possible ? Vous n'avez pas de cœur ?!

Pourquoi faites-vous cela ? Qui êtes-vous ? - Crédit: Giphy.com

- Nous inviter à aimer toutes les pages type "Le cheval c'est trop génial". C'est exactement comme les invitations aux jeux Facebook : LE PROCHAIN QUI ME SPAM ENCORE D'INVITATIONS JE LUI FAIT BOUFFER SON CLAVIER !! Oui, ça rend très agressif.




Note à notre entourage : on vous aime quand même hein, mais maintenant, vous êtes prévenus ! À partager sans modération et n'hésitez pas à ajouter en commentaires vos propres conseils !

Je sais, merci  - Crédit: Giphy.com





Dans la continuité du précédent article, je voudrais poursuivre le questionnement sur la passion qui nous guide et le rapport au cheval que nous entretenons. Si dernièrement je vous parlais d'une différence de passion qui peut faire préférer le sport à l'animal, ce qui est (à mes yeux) acceptable tant que l'intégrité du cheval et ses besoins naturels sont respectés, je voudrais cette fois me pencher sur l'autre extrême : les gens qui aiment l'animal avant tout et ne le montent pas, voire ne lui demandent rien. Ce cas de figure fait poser une question essentielle sur le cheval : est-il encore et toujours un animal envisagé comme "de travail" uniquement ?

En tant que cavaliers, nous exploitons les compétences de nos chevaux : nous leur demandons un travail sur eux-mêmes pour accepter un cavalier sur leur dos, pour s'adapter à un environnement qui est en principe stressant pour eux, nous leur demandons un travail physique en leur faisant exécuter des mouvements qu'ils ne feraient que rarement de leur propre chef... Nous sommes donc toujours entrain de les faire travailler et il semble communément admis qu'il doit en être ainsi ; un cheval doit travailler pour être ensuite vendu, pour le bon plaisir de son cavalier, pour rapporter de l'argent ou du prestige, ou pour gagner sa place dans la société (un cheval de trait qui ne travaille est souvent destiné au couteau par exemple). Combien de fois entend-t-on dire qu'il serait dommage de gâcher tel cheval en ne l'exploitant pas, à cause de ses origines ou de ses compétences extraordinaires ? Combien de cavaliers se sentent coupables de ne pas travailler leurs chevaux (cause vacances, santé, manque de temps) quand bien même ceux-ci sont au pré en troupeau ? 

Nous nous éloignons parfois de l'animal lui-même pour ne plus l'envisager que sous l'angle donné par la société. Le cheval était historiquement un animal de travail, devenu désormais un loisir, mais un loisir actif à tout prix ! Seuls les chevaux retraités ou handicapés semblent avoir ce passe-droit de ne pas ou plus travailler. Si un jeune cheval en parfaite santé est utilisé pour de la simple compagnie, la question "pourquoi tu ne le montes pas ?" sera toujours posée, l'incrédulité sera de mise et quelqu'un sera toujours là pour dire que c'est "dommage". Dommage pour qui ?

Cavalier sans équitation. Equipiéton. Ne pas monter à cheval.
Partager, à pied, sans rien demander en retour: une utopie ?


Bien des personnes trouvent leur compte en ne montant pas et ne sont pas moins des hommes et des femmes de chevaux que les cavaliers classiques, leurs connaissances de l'animal ne sont pas moins étendues et ils ne sont en aucun cas moins légitimes. J'ai souvent entendu des gens autour de moi dire "j'aime les chevaux mais monter dessus ne m'intéresse pas". Pour autant, ces mêmes personnes ne côtoient aucun équidé. Pourquoi ? Parce qu'aucun lieu existant n'est adapté à cette relation avec le cheval. Dans un club, il faut monter. Personne ne propose de venir s'occuper à pied de chevaux, que ce soit simplement pour les caresser, pour se balader, les nourrir, les soigner ou pousser plus loin et "travailler" (on y revient), mais toujours à pied. Pourtant, je suis sûre que le niveau de bien-être des chevaux de club augmenterait si on accueillait une telle clientèle (souvent appelée "équi-piétons"), qui trouve sa satisfaction dans le simple contact avec l'animal, sans rien exiger de lui en retour.

Après tout, combien sommes-nous à posséder des chats, animaux auxquels on demande simplement de nous tenir compagnie et qui nous remplissent de plaisir juste en les regardant vivre et en partageant quelques instants de complicité ? Pourquoi envisager le cheval sous le même angle est-il tabou ? Pourquoi ces "cavaliers à pied" sont-ils encore dévalorisés ou si peu mis en lumière ? Les bienfaits des contacts avec les chevaux sont prouvés, alors pourquoi se satisfaire de cela ne serait "pas assez" ? Et nous, cavaliers, ne perdons-nous pas parfois de vue que l'animal existe en dehors du travail ? Prenons-nous encore le temps de les voir évoluer et de créer cette connexion particulière qui existe entre deux êtres qui n'attendent rien l'un de l'autre mais sont prêts à partager ?










A lire aussi sur le blog

  • Amour du cheval ou amour du sport ?
  • Changer le statut du cheval en "animal de compagnie" ? Merci mais non merci

Je me souviens combien je m'insurgeais avant en voyant les cavaliers de club changer de monture préférée comme de chemise lorsqu'ils découvraient les qualités supérieures du voisin de box. Ou lorsque je voyais ces mêmes cavaliers changer de demi-pension dès que l'actuelle montrait des signes de faiblesse (vieillesse, blessure, rétivité), sans même un regard en arrière. Et le summum : ces cavaliers qui achètent un cheval pour le vendre deux ans après car celui-ci n'est pas assez performant et ne ramène pas assez de flots à la maison. Je pensais que ces cavaliers étaient tout simplement sans cœur et prenaient les équidés pour des jouets que l'on remplace dès qu'ils ne nous divertissent plus ou cassent, et je vois encore des gens autour de moi penser comme cela. Mais depuis j'ai compris : le monde du cheval est divisé entre les amoureux du sport et les amoureux de l'animal. 

L'un n'empêche pas l'autre biensûr mais c'est cette différence qui va guider nos choix. Parfois je me pose la question de savoir si je préfère le sport ou l'animal : que faire lorsqu'on stagne avec sa demi-pension ? Rester car on y est attaché, qu'on privilégie le lien avec l'animal, la relation que l'on a créée et sa douce routine ? Ou changer pour pouvoir progresser, être un meilleur cavalier, acquérir de nouvelles connaissances et peut-être par là devenir un homme (ou femme) de cheval accompli ? Comment accorder ces deux envies ? Maintenant que je me suis retrouvée face à ces problématiques, je regarde avec plus d'indulgence les cavaliers cités plus haut. Il faut simplement admettre que tous les cavaliers n'ont pas la même passion et que c'est ok tant que le respect de l'animal est là. Remplacer son cheval par un meilleur n'empêche pas de lui trouver une bonne famille et de s'assurer que son avenir sera paisible. Changer régulièrement de monture ne veut pas dire que les sentiments éprouvés pour la précédente étaient faux. On peut aimer fort les chevaux mais plus fort encore la sensation éprouvée quand la taille des obstacles monte ou le sentiment lorsqu'on fini sur le podium. Tout est question d'être clair avec soi-même et de savoir où se situe sa passion. Plus qu'une question de passion, cela peut aussi être une question d'objectif: si le but d'un équitant est de devenir cavalier professionnel, il faudra savoir laisser de côté son cheval de cœur maître d'école pour lui préféré les jeunes talents qui permettront de faire ses preuves.

Choisir le coeur ou la raison ? Aimer le cheval ou la compétition ?
Une passion qui débute bien souvent durant l'enfance: mais comment évolue-t-elle ?
Crédit: couleur-lauragais.fr


Parfois aussi on passe de l'une à l'autre de ces passions, parfois il faut plusieurs montures pour trouver le cheval qui changera tout, parfois le cavalier qui a vendu son cheval sera celui qui le rachète pour lui offrir la retraite qu'il mérite, parfois nous ne sommes même plus passionnés par le cheval mais par UN cheval après lequel tout pourrait s'arrêter... Cavaliers, nous ne sommes pas tous liés par la même passion mais par le même sujet. Et celui-ci ne pâtit pas forcément de cette distinction, c'est plutôt le cavalier qui peut se retrouver torturé entre raison et cœur. Alors ne jugeons pas trop hâtivement ces cavaliers qui préfèrent trouver le cheval de tête de leur piquet de concours plutôt que le cheval d'une vie. Il n'y a pas lieu de penser qu'un équi-piéton vaut mieux qu'un cavalier lambda parce que s'il n'embête pas son cheval en montant dessus, c'est qu'il l'aime plus. Alors il n'y a pas lieu non plus de juger ces cavaliers compétiteurs. On ne peut pas hiérarchiser la passion ou les bons ou mauvais cavaliers tout simplement car nous n'avons pas tous la même pratique de l'équitation.

Mais que penser du fait qu'il y ait d'excellents cavaliers en selle et à pied qui se révèlent totalement décevant concernant la connaissance du cheval en tant qu'être vivant ? Tout cavalier quel qu'il soit ne devrait-il pas avoir une connaissance parfaite de l'animal, le comprendre pour évoluer au mieux selon ses objectifs ? Connaissance du cheval et pratique équestre ne devraient-ils pas être indissociables ou la différence de passion peut-elle justifier cette absence d'intérêt envers l'animal plus largement (sa sensibilité, son fonctionnement naturel, son corps...) ? Les amoureux du sport peuvent-ils se passer des avancées dans la connaissance du cheval ?

Et vous, êtes-vous plus passionnés par l'animal ou par le sport ? Comment conciliez-vous les deux ?










A lire aussi sur le blog

  • Le cheval : un animal de travail ?

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